Les histoires de la tante barrée
Par Kozlika le dimanche 22 août 2004, 20:10 - Lien permanent
En attendant de trouver une issue à «La file d'attente», je vous livre ici l'amorce de ce qui pourrait être un ensemble de textes autour de celle que nous surnommions "la tante barrée" - vous comprendrez vite pourquoi.
Si vous trouvez que j'ai trop d'imagination, détrompez-vous, cette histoire (et les autres qui suivront) est absolument véridique.
Tante Célestine s'était mariée dans une belle robe blanche qu'elle avait cousue avec sa mère six ans auparavant, juste avant que celle-ci ne disparaisse et que Célestine héritât de ses deux petits frères à élever et de la maison de son père à tenir.
Elle avait apporté un soin tout particulier aux manches, qu'elle souhaitait en dentelle depuis le coude et s'évasant sur le poignet. Elle avait passé des heures à en soigner le tomber grâcieux tandis que sa mère bâtissait à grands points l'ajustement de la jupe au corsage. Célestine avait dix-neuf ans à l'époque et pas de fiancé, mais comme disait sa mère «quand le jour viendra, tout sera prêt». Les petits frères avaient grandi, quitté le foyer, et elle avait enfin rencontré le gentil Gabriel, le fils d'amis de son père ; il n'avait pas tenu compte de son âge avancé et lui avait proposé le mariage juste à temps pour lui éviter de coiffer la Sainte-Catherine.
Du mariage lui-même, elle ne gardait que peu de souvenirs : elle avait reçu beaucoup de compliments sur sa robe, sa jolie robe aux belles manches ; son fiancé était doux et gentil, il portait bien l'habit. Un peu gauche, peut-être. Ses collègues des Chemins de Fer étaient venus ; ils riaient un peu fort, chantaient plus fort encore, mais dans l'ensemble ils s'étaient mieux conduits que Célestine ne l'avait craint. Quelques plaisanteries un peu osées avaient salué leur départ aussitôt après que la pièce montée - un cadeau du cousin pâtissier - avait été découpée.
Ce dont elle se souvenait parfaitement en revanche, c'est que c'est ce soir-là qu'elle avait su qu'elle n'était pas comme les autres femmes, qu'elle avait un os supplémentaire. Oui hélas, c'est ce qu'ils avaient découvert son nouveau mari et elle pendant la nuit de noces : Célestine avait un os en travers de "ça". Gabriel s'était présenté à l'entrée de son entrejambe et puis là... impossible d'aller plus loin. Il y avait cet os. Un sacré malheur.
Il avait été gentil Gabriel, il avait enfilé un caleçon sous sa chemise de nuit et s'était recouché sans manifester le moindre reproche à son égard. Il s'était recouché auprès d'elle, de son propre côté du lit, et ne l'avait plus jamais touchée que pour lui tapoter avec affection la main de temps en temps ou lui presser tendrement l'épaule.
De ce jour, Gabriel et Célestine vécurent en parfaite harmonie. Ils étaient parfois un peu tristes en pensant qu'ils ne pourraient jamais avoir d'enfants mais on ne peut pas s'opposer au destin. Ils n'allèrent jamais non plus consulter un médecin : qu'aurait-il pu faire de plus ? Aucun médicament ne dissout les os, pas vrai ?
(A suivre dans le deuxième épisode)
Commentaires
C'est très èmouvant.
Avons- nous totalement perdu notre naïveté?
Ma première robe de mariée c'est ma mère qui me l'a fait, .....la seconde aussi.....je vois bien ce que vous pensez oui, oui, et bien non il n'y en aura pas de troisième, ma maman ne voit plus aussi bien.
Dans le fond j'ai beaucoup de chance.
Dits tu vas les continuer tes histoires de la tante, à moâ elle me plaise.
Oui, même si je n'ai qu'une seule lectrice : je ne veux pas te faire rater l'épisode «Tante Célestine à la pharmacie» ;-)
GENIALEEEEEE
Je trépigne la suite, la suite..................... Pôvre tante Barrée laissée là en plan, au profit d'une banale histoire de mègots, le mérite-t-elle?? Je le dis haut et fort NON.
J'ai un peu la tête ailleurs en ce moment, je l'avoue, mais le brouillon est en cours...
Bon je vais essayer de patienter ...................
Et puis retrouve la vite.........ta tête....... sinon elle va te manquer
Koz, tu histoire est très chouette. J'ai bien aimé. J'ai remarqué que tu avais beaucoup de ''travail'' avec tes multiples blog. La suite avec une certaine impatience. Ben moi tout doucement j'arrive à continuer mes petites histoires de printemps. En plus maintenant que j'ai mon propre blog!!! Il faut que j'assure.