Souvent ça commence bien : elles aggripent un malapris qui fait des blagues douteuses (en l’occurrence, lors d’une discussion sur la pudeur, «Les femmes moches devraient être plus pudiques») ou un bon bougre plein de préjugés qui pense que la personne qui vient de l’aider techniquement est forcément de sexe masculin. Alors elles bougonnent, s’insurgent, tout très bien avec de bons arguments comme quand j’étais jeune... Et puis patatras ! il y a la dernière phrase : «Je dis ça, mais attention hein, j’suis pas féministe» (ou une variante). Récemment encore, une collègue qui protestait avec énergie contre la discrimination dans les nominations de cadres concluait de la même manière.

Pourquoi ? Pourquoi ces femmes se défendent-elles d’être féministes ? Comment ce terme est-il devenu péjoratif aux yeux même de celles qui en d’autres temps l’auraient revendiqué ? La réponse immédiate pourrait être : parce qu’une partie des féministes avaient un discours anti-hommes violent, ostracique, et que cela a fait repoussoir pour les générations suivantes.

Mouais... Je ne suis pas convaincue. Vous en connaissez beaucoup des gens qui depuis le 11 septembre 2002 réagissent contre des propos racistes en terminant leur phrase par «mais attention, hein, je ne suis pas antiraciste» ?

Essayons de sonder quelques pistes :

  • globalement, être militant-e, ça ne se fait plus ; discutons calmement au coin du feu sans nous emporter ; on n’est plus féministe comme on ne fait plus de politique : on ne laisse pas dire n’importe quoi sur les femmes et on s’intéresse aux problèmes de société, voilà tout ;
  • féministes = hystériques = mal baisées = gouines ; je ne suis pas féministe parce que j’aime les hommes ;
  • le féminisme a déstabilisé les rapports hommes/femmes ; autant revenir au statu pro ante, au moins on y avait des repères ; alors allons-y, mais allons-y mollo.

C’était ma réflexion embrouillée du jour... Enfin moi, je dis ça je dis rien, hein, j’suis pas féministe.