Paris Carnet : l'inconnu de la première table
Par Kozlika le samedi 8 janvier 2005, 16:31 - Lien permanent
Pendant notre dîner et avant que je parte en excursion vers les tables voisines, deux autres personnes se sont installées un peu plus loin à notre table, Laurent Gloaguen, le gentil qui joue au méchant qui joue au gentil (à mon avis, même lui s'y perd parfois !) et un autre blogueur. Je ne me souviens pas de son nom (l'a-t-il dit ?). Et je le regrette.
Il écoute la conversation mais n'y participe pas. « Tu as un blog ? » J'ai posé la question car figurez-vous qu'il n'y a pas que des blogueurs qui viennent. Bon, ok, la plupart le sont, mais il y a aussi les accompagnateurs, ou ceux qui disent non parce qu'ils ne veulent pas qu'on aille les lire, ou ceux qui ont un site personnel (mais dans ce cas ils disent : non, un site perso - et à mon avis c'est du pareil au même, m'enfin...)
« Oui. »
Euh oui... bon d'accord. La question suivante, bien évidemment c'est :
« Il s'appelle comment ? »
Avec l'air de dire : ça ne te dira rien, tu peux pas connaître, il marmonne quelque chose dans sa barbe. Je lui redemande, il parle bas et j'entends mal ; Fûûlion aussi lui fait répéter :
« Affleurements. » Le nom me plaît, je stocke dans un coin de ma mémoire. Et puis j'oublie, happée par d'autres conversations, François Granger que je retrouve avec plaisir, Lunar avec lequel nous causons boutique quelques minutes, puis changement de table, re-changement de table. Je tourne, je vire, je n'y pense plus. Mais en rentrant, je fais quelques recherches sur Google ou sur le wiki du Paris-Carnet et je mets de côté les marque-page. Dont Affleurements.
Et ce matin j'y suis allée. Et cet après-midi. Et j'y reviens, je lis les billets. Tous. Les uns après les autres. Et les petites notes. Belle, sobre, l'écriture crée l'émotion sans l'artifice des ficelles à pathos.
A Paris Carnet on fait aussi de très belles rencontres à retardement, comme celle de l'inconnu de la première table.
Commentaires
"Affleurements", ça sent le papier ocre, épais, quelque peu ondulé. On imagine les mots comme gavés, à l'encre violette.
"Affleurements", ça sent le bois et le ciel.
"Affleurements", ça réchauffe un écran, ça anime le virtuel.
Chère kozlika, ton flair légendaire a encore frappé.
Merci pour nous avoir fait découvrir l'inconnu de la première table...
C'est vrai que c'est un beau blog. Affleurement est le titre qui lui convient.
Merci bien Kozlika de nous faire découvrir cet espace de sensibilité délicate.
Ce qui me frappe, c'est son billet dans lequel il fait part de sa situation très précaire de chômeur en fin de droits. Je ne sais pas vous, mais moi, cette réalité-là, elle fait que je n'arrive pas à m'arrêter à son style ou aux connotations du mot "affleurements", cette réalité, elle me pousse à me demander où il est, ce gars, ce soir. Peut-être sans connexion internet et sans appart, comme il l'imaginait il y a un mois, sans revenus...
Et j'ai beau savoir qu'il est difficile d'agir, je ne peux pas m'empêcher de penser que quand même, peut-être, l'inconnu de la première table, je, on pourrait essayer de prendre de ses nouvelles...
Samantdi : le passage bordé de rose sur le côté est une citation de Prenez garde à l'armée des précaires paru dans Libération et non la parole de l'auteur d'Affleurements. Au demeurant l'article en question mérite d'être lu et d'y porter la plus grande attention.
Tristan Nitot y avait également fait écho.
Ah ben, ça alors... Moi qui me faisais un sang d'encre pour ce malheureux gars depuis que tu nous avais mis ce lien... !