Rigoletto (6)
Par Kozlika le mardi 31 janvier 2006, 15:44 - Lien permanent
Attention, voici venu le temps de la deuxième série d'écoutes comparées. Vous avez su déceler les versions recommandables de l'œuvre parmi un petit panel où il faut bien l'avouer la concurrence n'était pas si rude. Mais je voulais vous faire la preuve qu'on n'a pas besoin d'écouter vingt opéras par mois pour « savoir » écouter.
Maintenant, je vous propose d'entendre des versions qui ont toutes leurs afficionados et leurs détracteurs. J'ai pu réunir cette collection grâce à quelques-uns d'entre vous et mes copains de chouquetterie qui samedi m'en donneront d'autres. Je les ajouterai samedi ou dimanche avec également Scotto, Moffo et Callas, que nous avons déjà entendues dans « Tutte le feste ».
Pas de « bon » ou « pas bon » a priori ici, seulement du « j'aime » / « j'aime pas », mais attention, va falloir comme pour le précédent développer vos impressions avec les raisons qui vous font préférer celle-ci plutôt que celle-là !
On écoute quoi alors ?
On écoute la première partie du premier duo père/fille de l'opéra.[1] Pour Gilda c'est son entrée en scène. Nous sommes à l'acte I, scène 9. Rigoletto vient de quitter la fête du duc de Mantoue[2], au cours de laquelle le conte Monterone était venu crier vengeance pour l'honneur perdu de sa fille. Rigoletto avait tourné l'homme en dérision avec cruauté, tandis que la galerie se gaussait à qui mieux-mieux, et l'homme était reparti en jetant une malédiction. Rigoletto simule l'indifférence mais une angoisse sourde commence à le saisir - il se rappelle probablement qu'il a une fille lui aussi. Juste avant de retrouver Gilda, un spadassin, Sparafucile, lui propose ses services et bien que Rigoletto l'envoie paître il prend quand même sa carte de visite (c'est une imaaaaage).
Hop ! le duo donc. Papa poule interdit à sa fille de sortir, Gilda lui assure qu'elle ne sort que pour aller à l'église. Elle ne ment pas vraiment d'ailleurs, elle « oublie » juste de lui dire qu'à l'église elle croise un certain jeune homme, un étudiant pense-t-elle, dont elle ne connaît pas encore le nom... Elle essaie aussi de savoir qui était sa mère, mais comme d'habitude Rigoletto ne lui répond pas, déclarant que l'évoquer est une douleur trop vive. (Cliquez ici pour afficher l'extrait du livret.)
Au fait ! Au fait !
Voilà, voilà, j'y viens.
Ecoute 1
Ecoute 2
Ecoute 3
Ecoute 4
Ecoute 5
Z'en pensez quoi ?
N'hésitez pas à dire laquelle vous avez préférée et pourquoi (timbre, interprétation, orchestre, tout ce qui vous passe par la tête). Ou pourquoi vous n'aimez pas telle autre.
Si je n'ai pas mis le nom des interprètes, ce n'est pas pour jouer aux devinettes, c'est pour ne pas être influencés par la réputation de tel ou tel. Si vous les reconnaissez merci de n'en rien dire pour l'instant. J'ajouterai ces infos d'ici quelques jours.
Notes
[1] Les pistes n'ont pas toujours le même découpage. A la fin de cette partie, dont je donne l'extrait du livret, Rigoletto très inquiet appelle la gouvernante pour lui intimer de veiller avec la plus grande vigilance sur sa fille, duo gouvernante/Rigoletto (bouh la menteuse !), puis deuxième partie du duo Rigoletto/Gilda.
[2] L'une des mises en scène assez trash de cet opéra en fait carrément une partouze, j'ai le DVD pour ceux que ça intéresse ;-)
Commentaires
Un premier commentaire qui n'a rien à voir, juste pour faire un coucou parce que je passais par là. Des bisous!
Kozlika, soit mes oreilles me jouent des tours, soit les extraits 4 et 5 sont identiques.
Sinon, ma version préférée est sans aucun doute la première, pour le parfait équilibre entre la beauté du chant et l'émotion dégagée. En revanche, je n'aime pas du tout du tout la version deux : je trouve que le chef brutalise la scène, très hachée, et que les deux chanteurs ne s'écoutent pas du tout ; je ne ressens aucun dialogue. Gilda ne fait que "chanter de l'opéra". Pire, le baryton me parait monoexpressif. Au début de la scène, il témoigne ses angoisses, il a peur pour sa fille, donc il doit être un peu "brutal" vocalement. Mais sa voix doit - à mon avis - se métamorphoser à l'évocation de sa défunte femme : il parle d'un ange ! Je crois que c'est le baryton dans la version 3 qui réalise le mieux cette transformation vocale (à la limite, on pourrait presque lui repprocher d'avoir d'un coup une trop belle voix, même si c'est un peu stupide à dire). En revanche, les sopranos 3 et 4 sont parfaites techniquement, mais elles ne correspondent pas vocalement à mon idée de la jeune et innocente Gilda, parlant à son papounet. Pour la 3 : c'est parfait, toutes les notes sont évidentes, précises, mais le timbre un peu voilé, et la diction chewing-gom font qu'à l'écouter j'entends toujours une chanteuse, pas une innocente jeune fille. Pour la 4, c'est surtout une question de voix vieillie : la chanteuse, même excellente, n'est plus du tout une innocente jeune fille, et cela s'entend.
Ooooops, j'ai corrigé les pistes, Frédéric, merci :)
Bon alors je ne sais pas si c'est d'avoir le moral dans les chaussettes qui me met les oreilles dans du coton mais ce matin, 5 extraits j'ai du mal, arrivé au 4 je confonds déjà le 1 et le 2, surtout que les petites barrettes n'en faisant qu'à leur tête, il n'est pas aisé de réécouter. Je crois cependant que je retiens la 3 même si papa en fait un brin trop des caisses quand il passe au "Moria ..." mais bon au moins c'est l'esprit du passage. J'adore le lot 5, mais je suis pas dupe : c'est pour le côté souvenir d'enfance (je suis peut-être pas si vieille mais à la maison à part le tourne-disque suisse mono (ben oui quoi la stéréo a été inventée après moi et puis de toutes façons on n'avait pas les sous) que mon papa était le seul à avoir le droit de toucher et qu'il fallait ouvrir puis poser le haut parleur plus loin et puis avec le bras de lecture (?) viser juste pour placer le diamant à la verticale exacte du disque noir et fragile et le faire descendre tout doucement à l'aide d'un cadran comme ceux qu'avaient les téléphones, on n'avait pas grand chose pour écouter la musique). Je tiens à préciser que je n'ai quand même pas connu le machin à grand pavillon et à manivelle comme sur les disques "La voix de son maître" :-) ... mais qu'à l'époque chez mes parents rayer un disque était de l'ordre du crime contre l'humanité.
Koz, tu devrais modérer tes propositions, si jamais ça se sait qu'un des principaux soutien à Garfieldd propose des DVD pornographiques sur son propre blog, ça va confirmer les soupçonneurs dans leurs soupçons soupçonneux et les délateurs dans leur pervers sentiment de faire une "bonne" oeuvre contre le stupre et la chienlit ;-) :-) :-) !
Gilda :mais non, c'est le stupre et la fornication --la chienlit, c'est encore autchose !
Je sais pas si je vais avoir le temps de tout écouter avant de partir. Pour le moment, c'est impossible, mon mari, pour se venger sans doute de sa décision de ne pas venir avec nous, écoute du Zouk et du compas à donf. Je me demande si je ne vais pas demander le divorce pour mauvais traitement (je rigole eh to !) Mais bon si pas le temps, j'écouterai le mois prochain :-) Biz Koz PS : Ha oui, si il y avait du nouveau pour Garfieldd, est-ce que quelqu'un aurait la gentillesse de m'envoyer un mail à akynouatnousautres.net ? Je vais probablement poster des billets, mais je ne crois pas que ma connection me permettra d'aller visiter qui que ce soit
Yves, je maintiens chienlit, parce que les écrits qu'on condamne étaient hautement subversifs ;-) hors de toute fornication :-) .
j'aime assez les versions 1 et 2, au début de la 1 j'ai un peu de mal à trouver l'équlibre et l'esprit duo, puis à peu leurs voix se répondent merveille. Et c'est un peu l'inverse dans le deux, beau mais à la longue ça fait très technique.
Pour la 3 : j'ai la sensation d''écouter une version "grosse dame et gros monsieur". Et je suis beaucoup moins touchée par les versions 4 et 5.
j'aime assez les versions 1 et 2, au début de la 1 j'ai un peu de mal à trouver l'équlibre et l'esprit duo, puis peu à peu leurs voix se répondent merveille. Et c'est un peu l'inverse dans le deux, beau mais à la longue ça fait très technique.
Pour la 3 : j'ai la sensation d''écouter une version "grosse dame et gros monsieur". Et je suis beaucoup moins touchée par les versions 4 et 5.
Je n'aime pas beaucoup les voix des Gilda des version nº3 et nº4. Je trouve les versions 1 et 2 excellentes. Il y a beaucoup d'émotion dans la voix des Gilda et Rigoletto de la version nº1, mais j'ai une très légère préférence pour la voix du Rigoletto nº2. Cette deuxième version n'est d'ailleurs pas très loin de m'arracher quelques larmes...
maintenant donne nous les soluces ! ;-)
je découvre par hasard ! et je suis pas mécontente d'être passée par là ! En musique je fonctionne beaucoup au feeling et à l'émotion, même si je sais aussi apprécier une technique bien rodée ! Et là, question émotion, je suis beaucoup plus touchée par la version n°3. Je trouve qu'il y a plus de complicité entre les deux voix, j'aime la profondeur de la voix masculine (et je suis plutôt mauvais public quand il s'agit d'écouter des voix d'hommes, je me laisse plus facilement emportée par les sopranes) Je trouve aussi la voix de Gilda plus fluide, plus légère, dans cette 3ème version. Voilà donc mon humble contribution :-)
1: Pas pu écouté. Ca fait un bruit bizarre après quelques secondes.
2: ouh là, ça va vite ! On emballe vite fait, c'est brillant, même juste, mais... je trouve l'interprétation très faible, pas convaincante. Le chant est souple, varié, mais sans profondeur, sans humanité. D'ailleurs lorsqu'il chante ensemble, aucun accord n'apparaît vraiment, ils se marchent presque sur les pieds. Deux chanteurs de concert en quelque sorte, chacun tirant la couverture à soi, avec en prime un orchestre qui a parfois du mal à s'effacer.
3: C'est un vraie danse entre l'orchestre, Gilda et son père, un beau dialogue, plaisant, chantant, sonnant, souple et vivant. Le travail d'interprétation est remarquable (d'ailleurs le cours passage presque parlé « Se non volete... Or ben tu fai. » s'insère parfaitement dans l'ensemble). Rigoletto est un père et aussi un homme, qui raconte son histoire avec beaucoup de sensibilité... Gilda reprend la parole avec une merveilleuse délicatesse. Bref, miam !
4: Je n'aime pas trop Rigoletto, peut-être trop excessif dans sa tristesse, dans ses roulements de r. Il est bouffon quand il devrait être père. Gilda à je ne sais quoi de trop présent, elle passe un peu en force et ce manque de justesse nuit à la partie où ils chantent en même temps, à l'accord des deux interprètes. Sinon, bel orchestre.
5: c'est pour la blague ? L'enregistrement est trop mauvais pour se faire une opinion... le son divague, les voix canardent... mais ça m'a plutôt plu ! :-)
Une grosse préference pour la 3 !
La version numéro 2 est tout simplement magnifique, je l'écoute en boucle. La voix de Rigoletto est tout simplement magnifique, c'est toutà pleurer. Gilda a également une voix sublime. Le tempo plutôt rapide au début correspond parfaitement à l'extrait.Quand Rigoletto commence sa sorte de tirade on sent toute la détresse d'un père. On sent que les deux ne peuvent pas se comprendre. C'est ce qui fait de Rigoletto un opéra résolument moderne. C'est vraiment une bonne idée d'avoir mis à disposition des internautes amateurs de musique différentes écoutes de mêmes morceaux.
Rien à rajouter à l'appréciation de Paul, je la partage totalement !!