J'ai promis. Je l'ai promis à mes enfants, je l'ai promis à ma famille, je l'ai surtout promis à mon psy, enfin à moi-même. C'était cet après-midi, à 17h42 précises.

Je vous dis au revoir, je ne sais pas pour combien de temps, un long moment sans doute, peut-être pour toujours. Ça a été une belle aventure mais j'en ai marre d'entendre toujours la même rengaine : « Tu es totalement accro ! », sur un ton parfois plaisant, parfois accusateur, souvent agacé. Je n'ai pas réussi à arrêter de fumer, ça viendra. Mais arrêter de bloguer je le peux, ça j'en suis sûre, quand je veux.

Pour être certaine de m'y tenir, j'arrêterai de lire vos blogs aussi. Ces derniers jours avec ma connexion brinquebalante m'ont aidée à prendre cette décision : je me suis fort bien passée de tout ça. Je n'ai eu ni attaque de panique, ni sueurs froides qui réveillent au milieu de la nuit. A peine un petit pincement au démarrage du Mac en constatant que la connexion était toujours rompue, un coup de fil péremptoire à mon fournisseur d'accès, une récupération autoritaire de mon portable auprès de ma fille, une certaine fébrilité en recherchant cette foutue clé USB, rien de sérieux. Je n'ai pas perdu de poids par exemple ni frappé personne.

Bien sûr je regretterai un petit peu ces liens qui se tissent, les Paris-Carnet, les sorties en bande, les rendez-vous au bistrot, les jeux sur nos blogs, les dîners chez les uns et chez les autres, les fraternités aussi magiques qu'improbables, mais finalement, une solitude assumée n'est-elle pas préférable à ces relations virtuelles avec de parfaits inconnus, surtout quand on connaît les dangers d'Internet ? Le silence n'est-il pas plus digne que cet étalage d'ego que nous faisons tous sur nos carnets, d'une façon ou d'une autre, plus ou moins ostensible ?

Voilà, ça fait quatre heures, et je tiens le coup à part une légère crispation dans les jambes et le dos. Mais une question reste en suspens : que vais-je faire quand j'aurai décroisé les doigts pour les empêcher de courir sur le clavier ?

photo Alain Bachellier

Photo Alain Bachellier

GNIARK !


Ce texte constitue ma participation à la saison 2 du jeu des Diptyques d'Akynou.

Merci à Oli pour ses précieux conseils :)