Dégrippage
Par Kozlika le samedi 13 janvier 2007, 22:04 - Lien permanent
Rien écrit depuis le 1er janvier, depuis ma ressuscitation. Enfin rien de personnel. Au début c'était délibéré, je voulais prendre de la distance, me détacher de cette série 2006-1960 qui avait un peu échappé à mon contrôle, sortir du vortex.
Je veux dire : je fus doublement surprise, par moi-même qui ne comptais que raconter des anecdotes et ai parfois quelque peu dérogé à cette règle de mon petto, par vous que je n'attendais pas à me lire si régulièrement, si complètement.
C'est marrant, je me suis sentie entourée. Il y avait quelque chose de spécial à vous savoir guetter le billet du jour, tout en n'ayant jamais le sentiment qu'il serait « jugé » (plus besoin de vous dire comme ces impressions-là me viennent pourtant facilement...), me sentant totalement libre de l'écrire ou non, et si l'écrire : comme je le voulais. Je vous assure que c'était très spécial, mais je ne sais pas trop bien comment l'expliquer.
Je vis parmi des gens, y compris certains au sein de l'équipe de Dotclear, pour lesquels l'écriture d'un blog « personnel » est une démarche asociale, monstreusement égocentrique voire mégalomane. J'ai commencé cette série avec cette idée en tête, la conviction que j'allais donner du grain à moudre à cette théorie et la décision de m'en foutre, bien décidée à ramasser les cailloux du petit poucet pour voir jusqu'où le chemin du retour me mènerait.
Ceux-là ne m'ont pas lue, soit qu'ils ne l'aient jamais fait ni même jamais lu aucun blog, soit qu'ils ne me lisent plus depuis longtemps, bien avant 2006-1960. Pour les uns ça m'arrange (ma famille par exemple), pour d'autres je m'en fiche. Mais pour certains ça me blesse, et ça n'a pas de sens ça, c'est le truc qui me turlupine, ne pas arriver à dépasser ça, ne pas comprendre pourquoi ce truc-là a soudain de l'importance puisque ça n'est pas nouveau et que jusque-là je n'y prêtais pas garde.
Ou alors je suis en effet monstreusement égocentrique, voire mégalomane. Ça craint.
Commentaires
Dans ce cas, tu es le monstre égocentrique et mégalomane le plus sympathique que je connaisse. J'ai tout lu, j'ai pas commenté, on a parfois pas l'envie de faire irruption à la suite de morceaux de vie laissés en partage.
Peut-être aussi (peut-être, parce que je ne sais pas la réponse), qu'en écrivant ainsi, au fond, il y a le désir d'avoir réussi à dire quelque chose à quelqu'un qui autrement ne l'aurait pas su.
De savoir que ce quelqu'un n'a pas lu, ça peut affecter. Ce n'est pas mégalomaniaque du tout.
Cette série était aussi spéciale pour beaucoup de lecteurs ! Intime/extime, échos prévus ou imprévus, comment des souvenirs absolument personnels réveillent des parts de notre commune humanité, elle représente de manière exemplaire ce que peut vouloir dire bloguer. Egocentrique et mégalomane ? Pourquoi pas, mais couplés avec altruisme et générosité, puisque ces bouts de toi étaient choisis et rédigés pour le partage, pas pour la macération contemplative. Ce en quoi ils échappaient au seul coté "blog personnel / déversoir à névroses".
C'est la deuxième fois que tu utilises l'image des cailloux à propos de ces billets. Il me semble qu'ils étaient lancés dans la mare aux souvenirs communs, à charge de faire des ronds dans l'eau, et des vagues à certains endroits.
Pour certains, le choc a été "l'hôtel" ; pour moi, ce fut plus ce "compte à rebours". Si un jour, je me mettais à bloguer, ce serait avec ce modèle en tête (et du coup, y a peu de chacnces que je m'y mette :-))
Non, rien d'égocentrique, dans cette serie qui nous a touchée. Juste un fragment de réalité, que toi seule possédait, et que tu as accepté de partager, un bout du puzzle, cette petite tache blanche qui chez toi est la queue du chat, dans mon puzzle, un bout du nuage, chez le voisin, encore autre chose. Si cela était narcissique, cela nous aurait donné envie d'en savoir plus sur toi. cela nous a doné envie d'en savoir plus sur nous...
égocentrique et narcissique : tout à fait toi :-)
Le blog ne peut pas être dans une démarche associale ni égocentrique (peut-être mégalomaniaque, mais pas le tien), comme un journal par exemple, par qu'il est ouvert à la lecture des autres (alors qu'un journal…) Ce ne sont pas seulement tes souvenirs, ce sont aussi les notres, et c'est une manière de dire, de raconter qui interpelle. Voilà, on y était… et c'était bien…
Que ça te blesse que certain n'aient pas lu montre peut-être que ce sont des gens auquel tu tiens et que c'est surtout avec eux que tu aurais voulu partager un peu de ces "histoires"
Je ne suis pas d'accord avec Akynou : la plupart des blogs sont monstrueusement égocentriques et/ou complètement mégalos. Nous avons tous des exemples en tête, n'est-ce pas, suivez mon regard...
Le tien, Kozlika, est tout sauf ça, tu le sais bien. Et cette série encore plus, puisqu'elle nous donnait généreusement de tes fragments de vécu (ou d'invention, allez savoir) sans attendre nos commentaires en retour. Bref, c'était un chouette cadeau pour tes lecteurs.
On a tendance à trouver les blogs des gens que l'on n'aime pas complètement égocentriques et/ou mégalos alors qu'on n'aurait pas l'idée d'appliquer ces mêmes qualificatifs à ceux que l'on aime.
Il n'y a pourtant qu'une différence d'appréciation, de réception. Pour le reste, la démarche est la même : nous parlons tous de nous, pour nous raconter de façon plus ou moins intime. Et dans l'espace que nous ouvrons, d'autres peuvent entrer, des inconnus comme des gens qui nous sont proches.
Parfois ceux-là ne le font pas : peut-être parce qu'eux-mêmes ne souhaitent pas s'aventurer sur les territoires de leur propre histoire et tiennent donc à distance celle des autres, peut-être parce que la relation nouée ne passe pas par des mots écrits. C'est autre chose qu'il s'agit de partager.
Quant à ce que tu dis de se sentir accompagnée, je le ressens aussi et je trouve ça très agréable !
Ouf, je commençais à m'inquiéter du silence complet.
Je comprends très bien ce que tu ressens d'autant que j'ai découvert le "accompagnée" comme une très heureuse surprise de la pratique d'un blog. Quand j'avais commencé, en plus que c'était au départ pour militer (pas Traces ... , le précédent) je ne m'y attendais pas.
Je sais que je ne suis ni mégalo ni égocentrique, tellement pas assez même que j'aurais pu en mourir, je ne parviens pas à exister pour moi, n'empêche :
Il y a bien deux ou trois personnes dont j'aimerais qu'elles lisent ce que j'écris (et donc en ce moment essentiellement Traces ...) parce que leur avis m'importerait de façon profonde et que je pressens parce qu'elles sont de celles qui me connaissent vraiment et depuis longtemps, et en sont pas étrangères à ce que je me sois enfin mise au travail, qu'il serait précieux pour moi pour tenter d'avancer, de progresser, de ne pas faire fausse-route alors que le temps presse.
Peut-être que pour toi aussi c'est un peu ça. De certains tu aimerais l'avis, même négatif, mais savoir.
Et aussi parce que parfois on peut ressentir confusément un refus de nous lire comme un rejet de nous (alors qu'en fait ce n'est pas ça).
PS : le drôle du truc c'est que je cite souvent les Kozeries comme un exemple de blog qui vise à tout autre chose qu'à se raconter, et que cette série ne le dément pas, d'emblée elle s'inscrivait dans quelque chose de l'universel et du partage, rappelle-toi de nos commentaires à chacun elle évoquait un écho de sa propre histoire voire même de celle du pays.
Ton histoire personnelle n'était qu'un point de départ ou parfois de simple passage vers du plus général et des sujets qui évoquaient parfaitement chaque époque concernée.
Bladsurb, tu as raison, j'ai d'ailleurs trouvé enfin le nom du tag grâce à toi ;)
Aux questions directes ou indirectes, non je n'avais aucun message à l'attention d'Untel ou Unetelle à faire passer. Je crois plutôt qu'en effet comme Akynou l'a suggéré que j'aurais aimé partager avec eux/elles cette histoire, mais Samantdi a bien raison, avec eux ça passera par une autre voie (ou pas), tout simplement.
En tout cas d'avoir écrit ce billet m'a délivrée du tourne-en-rond et vos commentaires m'y aident également.
Bon ben ya plus qu'à. Je publie dans l'instant un pur truc de geek que je suis drôlement contente (et que vous n'en avez rien à péter mais que c'est mon blog) et après je vous ouvre un lancer de défi comme cet été. Je me sens d'humeur et d'attaque :)
C'est amusant, dieu sait que je suis allergique au nombrilisme bloguien, et dieu (c'est volontaire de ne pas mettre de majuscule) sait que je me suis régalée à la lecture de la remontée du temps en pièces de puzzle.
En y réfléchissant après coup, j'ai réalisé que si j'avais sauté une classe ou si tu avais redoublé, on aurait pu partager les mêmes souvenirs de classe. C'est sans doute pour ça que j'ai retrouvé dans tes textes des thèmes, des époques, des nostalgies, des questionnements que je connais bien.
Et au fond, savoir aller du particulier au général, c'est trop la classe. En plus de beaucoup aimer, j'ai admiré.
Et encore, vous avez échappé au pire, l'une des raisons pour lesquelles j'ai décroché c'est que j'avais fort envie de repartir dans l'autre sens et de « relire » les billets de l'aller (ou du retour tout dépend où on situe le point de départ...) et vos commentaires.
Puis je me suis dit que là nan : trocétro. Ou peut-être pour moi, à part, ailleurs, sur un petit cahier Conqueror à grands carreaux.
@Kozlika : Beaucoup t'ont lue très régulièrement, même sans commenter, même par fil RSS discret interposé.
Bien plus, sans doute, que tu ne le penses...
Cette remontée dans le temps jusqu'en 1960 grâce à des petits billets ciselés chargés d'émotions m'a ramenée quotidiennement chez vous.
Avec autant de plaisir qu'un livre culte qui vous accompagne quotidiennement.
Merci
Écrire, quoi qu'on écrive, c'est parler de soi. Même sur un post-it collé contre la porte du frigo.
Écrire sur soi de manière volontaire serait le summum de l'égocentrisme. Soit.
Mais quand, à la lecture d'une expérience personnelle, le lecteur ressent un quelque chose qui le renvoie à sa propre histoire, l'écrivailleur quitte (qu'il le veuille ou non) le champ de l'observation de son nombril pour entrer de plain-pied dans un processus par lequel le particulier devient universel, et on appelle ça l'écriture.
Me semble-t-il.
Mais j'peux m'tromper.
Cela dit, à l'appui de ma thèse je ne peux que conseiller d'aller voir "Éphémères", le dernier spectacle du Théâtre du Soleil d'Ariane Mnouchkine à la Cartoucherie de Vincennes. Ce spectacle existe en deux versions, une courte et une longue. Il est impératif d'assister à la version longue. Ça dure sept heures (oui ! mais on fait des pauses, on mange, on boit ) et on sort en redemandant encore et encore de ces instants particuliers touchant à l'universel.
Instants rares au théâtre que l'on peut aussi, à une autre échelle, croiser parfois sur certains blogues.
J'avoue que je ne suis pas au fait de toute l'histoire, cette "série 2006-1960" à laquelle je vais de ce pas m'intéresser, mais, forcément, le sujet de ce billet et les commentaires ci-dessus me touchent...
Un peu comme si une thérapie était mégalo, en quelque sorte...