Tristes trappismes
Par Kozlika le samedi 17 février 2007, 15:30 - Lien permanent
Il y a un peu plus d'un an, Garfieldd fermait son blog et recevait plus tard une sanction qui faillit bien être une révocation définitive et fut commuée en mutation d'office. On croyait peut-être assister là à un épiphénomène provoqué par une hiérarchie localement plus acerbe, plus psychorigide qu'ailleurs. Quelque temps plus tard, Bereno, un inspecteur du travail faisait le choix d'interrompre son carnet pour ne pas compromettre son avenir professionnel. Il y a quelques mois c'était au tour de Thomas, un policier, d'annoncer son dernier billet et de placer hors ligne ceux qui l'avaient précédé.
Aujourd'hui, un prof de maths en ZEP ferme ses portes blogueuses : le principal du collège où il exerce entame une procédure disciplinaire à son encontre. Le « devoir de réserve » est une fois de plus invoqué, devoir de réserve aux contours toujours aussi flous mais qui semblent s'épandre sans fin, et rejoindre ce qu'il serait désormais plus approprié de nommer vœu de silence, à la façon des trappistes : on ne te le demande pas expressément mais tu as intérêt à fermer ta gueule.
A quand une bulle un décret interdisant à tout fonctionnaire la tenue d'un site sur Internet ?
''Lire aussi : Le Monolecte, Radical Chic, Embruns, Franck Paul, Fanette, Phersu, Irène Delse, Jo, Samantdi, Blogonautes, Philippe Watrelot, Mario Asselin, Big bang blog, Proff, Eikichi, Koztoujours, Anatole Ibsen, Topinambours et billevésées, La vie d'un prof de lycée ...''
Commentaires
Il existe une position officielle sur la question depuis peu de temps:
Bonsoir,
J'ai été fonctionnaire 4 ans et je comprends pas comment on peut craindre cette hiérarchie.
Dans la mesure où l'on peut déranger beaucoup plus qu'en tenant son blog. Faut aussi savoir ce qu'on veut.
Désolé.
Comment la hiérarchie est-elle au courant de l'existence du blog ?
A propos des mêmes dérives mais hors blog, le billet d'Oxygène
excellent ton titre (hélas d'avoir eu matière à le faire).
En fait on a le droit de tenir un blog si l'on y parle de rien du tout, c'est ça ?
Je ne suis pas fonctionnaire mais je me souviens que dans la convention collective de l'usine il y a bien quelque chose d'un peu flou comme ça qui permettrait d'attaquer qui l'on veut sous les motifs les plus vaseux.
Je pense que si on fait son travail et que l'on réfléchit un peu, on peut tout se permettre. Un blâme à l ' EN , je pouffe de rire.
Il y a vraiment matière à réflexion sur le sort fait à la liberté d'expression dans notre pays ! En publiant un billet sur ce sujet il y a 24H, j'ignorais qu'il faudrait en reparler aujourd'hui; Akynou a déjà mis le lien, merci et tant mieux parce que je ne sais pas le faire !
Elisabeth, ton lien n'est pas passé. Je pense que tu faisais allusion à cette réponse du ministre de la Fonction publique à une question de Robert Lecou à l'Assemblée nationale.
Mouaip. L’impression qu’on n’a jamais autant eu de moyens d’expression, et autant de tentations de les mettre en coupe réglée.
Je ne peux pas m’empêcher de faire le lien avec le procès Charlie Hebdo, mobilisant le monde politique (à juste titre), au moment où le même
candidatministre de l’Intérieur qui envoie un fax de soutien obtient, en parallèle, la condamnation en appel du dessinateur Placid pour… une caricature (info trouvée sur le Big Bang Blog).Ah oui, mais là il ne s’agit d’embêter les fonctionnaires dans leur légitime aspiration à la libre expression mais de les défendre, me souffle-t-on dans l’oreillette.
Ce qui rend les contours du "devoir de réserve" encore plus flous, c'est que, sauf erreur de ma part, aucune sanction disciplinaire n'a été prise par l'Education Nationale contre Robert Redeker... si lui n'a pas manqué au devoir de réserve, alors, "devoir de réserve", ça veut dire quoi?
Eh oui,causer on peut ;cependant creuser et réfléchir cela inquiète
la hierarchie,n'est-ce pas Kozlika ?
Y a peut-être pas besoin d'une bulle mais d'une nouvelle loi?c'est très tendance.