L'abus de Juan Diego Flórez donne des crampes au mollet droit
Par Kozlika le mardi 26 octobre 2004, 16:03 - Lien permanent
Et en plus il est beau !
Je sais qu'il y a eu des tièdes au sortir du récital de Juan Diego Flórez au Théâtre des Champs-Elysées, certains chouquetteurs, parmi lesquels notre Ambassadeur JdeB lui-même, pourtant toujours prompt à sautiller d'enthousiasme, en sont sortis déçus. Comme plusieurs critiques que j'ai lues depuis ils ont dit n'avoir ressenti que peu ou pas d'émotion. Eh bien moi si !
Et je dois avouer qu'au moins deux facteurs non musicaux ont tenu une bonne part dans la réussite de ma soirée : le plaisir sans chichis du Péruvien de nous régaler de son chant ainsi qu'en témoignait son sourire rayonnant, et le bonheur au moins égal qu'avait à l'entendre mon compère de la soirée, Monsieur X. en personne.
L'atout majeur de Flórez c'est d'allier de magnifiques aigus à un très beau timbre. Généralement c'est l'un ou l'autre, très rarement les deux. C'est considérable.[1]
Ensuite, il nous a offert un programme généreux au regard de ce type de concert. Des airs connus et d'autres moins connus (dont l'éclatant « Allegro io son » qui enrichira le juke-box dès demain ou après-demain), des quadruples boucles piquées-triple salto arrière sans les mains comme le rare « Cessa di piu resistere » de Rossini et le déca-lancer de javelot que constitue « Pour mon âme », extrait de La Fille du régiment de Donizetti.
Il nous a donné tout ça et aussi le tendre extrait des Capulets de Bellini et un « Una furtiva lagrima » certes moins craquant à mon goût que ceux de notre Roberto Alagna national, tout trognon, ou de Marcelo Álvarez, archi-fondant, mais tout de même bien agréable à entendre.
Le seul truc qui aurait pu gâcher mon plaisir c'est l'orchestre. Je vais prendre des tas de précautions oratoires et répéter une fois encore que je n'ai aucune compétence musicale, ajouter que j'étais peut-être mal placée dans la salle (puisque Monsieur X et Placido Carrerotti[2] partageaient mon avis), admettre que je n'y connais rien de rien. Ah et puis j'ajoute aussi - et je le pense vraiment - que je connais trop mal cet orchestre pour me prononcer sur ce qu'il vaut en général. Mais là, en ce soir du 20 octobre 2004 au Théâtre des Champs-Elysées, ça ne m'a pas plu, voilà. Les vents notamment, hormis la flûte et la clarinette, ont produit un nombre de couacs, y compris dans les solos, absolument ahurissant. Mais j'ai peut-être mal entendu.
Ils ne m'ont pas gâché mon plaisir car la voix du jeune ténor et cette façon qu'il a de chanter-donner sont enthousiasmants. Et ne comptez pas sur moi pour développer ce concept, j'en suis incapable. Il ne chante pas pour nous épater mais pour qu'on se régale avec lui. Et il se réjouit bien plus qu'il ne s'ennorgueuillit de nous cloquer un contre-machin, vous voyez le truc ?
De toute façon, si j'avais été tentée pour une raison ou pour une autre de n'écouter que d'une oreille distraite et - partant - risqué de perdre les mesures les plus marquantes de la partition, si j'avais été tentée de fermer un œil et puis l'autre en dodelinant de la tête puis m'assoupissant dans la béatitude que confère une voix de velours dans une salle surchauffée (au sens propre, ça doit être pour que les dames puissent porter le décolleté), bref si mon attention avait eu quelque propension à se relâcher, la présence de Monsieur X. à mon côté m'en aurait dissuadée derechef.
Car Monsieur X. n'assiste pas à un récital : il le vit.
Monsieur X. connaît les airs qu'il entend sur le bout des oreilles, il anticipe, il suspend sa respiration et comme il n'est pas égoïste il vérifie que vous avez bien les sens en alerte, que vous n'allez pas rater LE saut périlleux arrière qui s'annonce. Et Monsieur X. il est à la noce parce que Juan Diego les chante exactement comme il rêve qu'on les chante. Et il fait toutes les reprises et les cabalettes, si si.
Avant chaque passage pour lequel Monsieur X. pressent qu'il va défaillir, il empoigne la rambarde qui se trouve devant lui et tout son corps se tend, se tend. Et puis quand c'est fait, que l'artiste a rattrappé son trapèze, il pousse un soupir, mais un soupir que je ne pourrais vraiment pas vous décrire sans tomber dans la pornographie. Monsieur X. prend son pied.
Alors vous voyez, quand Monsieur X. m'annonce à la fin de « Pour mon âme » et de ses neuf contre-uts que c'était tellement super extraordinaire, que c'était un tel bonheur qu'il s'est donné une crampe au mollet... Quand Monsieur X. me dit ça, je me dis qu'il me prend vraiment pour une oie blanche !
Notes
[1] S'il n'arrivait pas parfois à certains chouquetteurs de s'égarer par ici je vous dirais que les aigus de Rockwell Blake me laissent de marbre tant son timbre est laid. Mais mes enfants ont encore besoin de moi quelques années, je compte donc sur votre discrétion.
[2] Pas mal comme pseudo n'est-ce pas ?
Commentaires
Es-tu bien sûre que c'était le mollet? Ouf, mort de rire !
C'était bien une crampe au mollet ! Prosaïquement, l'exiguïté du Théâtre des Champs-Elysées n'y est pas pour rien...
Pour plus que la crampe, voir Dolora Zajick qui n'est pas une héroïne de Bilal mais une espèce de Miss Piggy de l'Arkansas qui quand elle chante fait trembler les lustres.
Quand Kozlika l'aura entendue, elle vous en reparlera.
A propos de l'orchestre, leur chasse au canard nous aura quand même bien fait rire !
X
PS : qu'est-ce que c'est que cette façon de tout raconter sur le ouaibe ! ;-)
Je confirme : Juan Diego a une voix EXCEPTIONNELLE..... C'est un pur plaisir, la clarté, le brillant... on manque de mots pour décrire le plaisir qu'il communique et la sensualité de son timbre...
Et je ne suis pas du tout d'accord avec ces soi-disant "critiques musicaux", qui vont jusqu'à écrire qu'il aurait "un vibrato agaçant" (!!!...). Pour écrire de telles sottises, il faut avoir du sable dans les oreilles !
c'est la première fois que j'entends ce ténor, véritable régal pour les oreilles et les yeux,quand on voit roberto allagna qui a la grosse tete et chanter du luis mariano qui chantait de l'opérette il doit vraiment avoir besoin d'argent !!! il faudrait que juan passe beaucoups plus souvent à la télé, car si cela fait dans un autre domaine comme franck michael qui remplit des salles entières sans l'aide des médias , on commence à en avoir RAS LE BOL
je confirme,JD Florez est un ténor de grande classe. Je l'ai entendu à Paris en 2005 et à Vienne dans l'italienne à Alger il y était dans une forme physique et vocale éblouissante! musicalité exceptionnelle, précision des vocalises, élégance de la ligne vocale,engagement total en scène leste comme un chat, déluré ,amusant dans la belle mise en scène de Ponnelle,sans chichis ni grimaces,toujours raffiné et tellement aimable!! tant pis pour les grincheux qui ne veulent pas apprécier ce ténor trop rare en France,moi je pesiste et signe, il est magnifique!
Au moment où je vous lis, j'écoute JDF et je dois dire que moi aussi j'en ai des crampes (dans la main gauche) car je me crispe de plaisir sur ma souris lorsque certains aigus éclatants résonnent dans mes piteuses enceintes. Je ne suis qu'un petit ténorillon amateur et quand j'entends une telle voix, j'en frissonne de bonheur et j'en crève de jalousie!
Je viens de découvrir JD Florez, quel régal. Superbe diction, magnifique projection et facilité tenu des aigus, légato tout y est, depuis Luigi Alva je n'avais plus entendu de ténor léger d'aussi grande qualité reste à le découvrir sur scène, car un chanteur ou chanteuse d'Opéra se doit d'être également un excellent acteur à l'image d'une Callas. Ne boudons pas notre plaisir et tant pis pour les grincheux et pseudos critiques, car avec un Villazon, un Alagna, un Alvarez et maintenant un Florez la relève des Vickers, Kraus, Pavarotti et Domingo est superbement assurée, magnifique pour l'art lyrique et pour ses afficionados.
j'aimerais davantage dans du Mozart, et qu'il se lance dans Guillaume Tell, Falstaff, et les pecheurs de perles
Il est beau, "craquant" comme dirait ma petite fille, il possède un charisme hors du commun, un sens parfait de l'interprétation, mais tout celà ne servirait à rien s'il n'avait ce qu'il possède au plus haut point, et là je suis sérieux :
Je ne vois absolument pas ce que l'on peut lui reprocher! Le timbre parfait, l'aisance dans les aigus, la technique irréprochable... vraiment, il est le ténor le plus fantastique que le monde ait jamais connu!
Je suis entièrement d'accord avec l'article, hormis la petite note sur Rockwell Blake : évidemment, il n'a pas la beauté plastique vocale de Juan Diego Flórez, mais il a un grand, grand, grand talent!
svp donnez moi les dates des prochains concert de JUAN DIEGO FLOREZ
si l'on veut établir une critique musicale en France, il faut commencer par fusiller les critiques en place. Dixit. Il reste des balles!
Uh ?
Monsieur juan diego florez vous avez une voix sublime qui donne la chaire de poule. je reconnai les belle voix car je chante du lyrique depuis 2003 .je suis baryton et en ce moment japprend du DON CARLO mais moi je suis amateur. CHAPEAU MONSIEUR FLOREZ .Nécoutez pas les imbeciles qui ne connaissent rien a la musique
Monsieur juan diego florez vous avez une voix sublime qui donne la chaire de poule. je reconnai les belle voix car je chante du lyrique depuis 2003 .je suis baryton et en ce moment japprend du DON CARLO mais moi je suis amateur. CHAPEAU MONSIEUR FLOREZ .Nécoutez pas les imbeciles qui ne connaissent rien a la musique