Elle n'a pas de nom
Par Kozlika le mardi 18 janvier 2005, 10:21 - Lien permanent
C'est César Franck sous les doigts de Stephen Hough ; ça s'appelle simplement Prelude, Aria et Final, cette pièce pour piano n'a pas d'autre nom. Hier soir, blottie dans un fauteuil, idéalement placée par mon hôte à équidistance des baffles. ("Tourne un peu le fauteuil, attends, voilà, mets-toi juste là, voilà, écoute un peu ça...")
Et c'est l'instant parfait. Si vous aimez la musique comme je l'aime, n'importe quel style de musique, vous savez de quoi je parle. J'appelle ça : l'émotion émouvante. Ni joie ni peine, ni douceur ni douleur, rien que de l'émotion à l'état brut sans qu'on puisse lui accoler d'adjectif ou de complément du nom. Ce n'est pas l'oubli de l'alcool, les hallucinations de l'acide ou le joint planant. Hier existe et vous le savez. Demain existe et vous ne l'oubliez pas.
Le point d'équilibre. Je ne pourrais pas vivre sans musique car elle seule m'offre ces moments-là, pendant 19 minutes et 43 secondes, j'ai lâché prise.
César Franck. Piano Music. Stephen Hough, piano. Ed Hypérion.
Commentaires
Mon Dieu... Le teasing parfait... Parce que franchement Kozlika, si c'est pour que je crève d'envie de faire pareil quand on se verra, et bien c'est réussi. Moi aussi je peux jouer? Dis?
Ce titre, lui, il évoque une tout autre musique, d'une autre Anne : non, non tu n'as pas de nom... Et une autre émotion...
Il faut absolument que j'écoute.
Il faut absolument que je l'achète !!! (Autchoz faut avoir une confiance "aveugle" en Kozlika.)
Lolo² : surtout pas ! C'est la musique qu'il faut écouter les yeux fermés, confortablement installé et peut-être que ça ne vous plairait pas du tout à vous, ou pas trop ; enfin bref, c'est comme une rencontre quoi, heureusement qu'on tombe pas tous amoureux des mêmes personnes et des mêmes musiques, tu imagines un peu ce meilleur des mondes ? Pouah !
Si tu as aimé ce morceau, cours donc écouter du même César "Prélude, Choral et Fugue" dont il existe 2 versions: une pour orgue, l'autre pour piano. Perso, je préfère le versin piano ;)
Zabelle, je ne sais pas pourquoi mais je n'en suis guère étonnée ;) Tu le joues ?
et bien voilà une reférence musicale que je m'employerai à chercher prochainement. Actuellement chez moi c'est Vivaldi avec Juditha Triumphans. Merci pour les références que vous communiquez.
Je réagis avec un temps de retard...
J'aime beaucoup César Franck. La sonate en la majeur, pour violon et piano, et le quintette sont aussi très beaux. Debussy, si mes souvenirs ne me trahissent pas, avait un peu perfidement — à son habitude — déclaré que le quintette était du paroxysme tout le temps (j'adore la musique de Debussy mais, comme homme, je trouve que c'était un vrai con, pur jus).
Pour ceux qui aiment l'orgue, toute sa production vaut le détour, à mon avis.
Je conseille aussi à ceux qui aiment César Franck d'essayer d'écouter les oeuvres d'Ernest Chausson, de Paul Dukas (qui n'a pas écrit que l'Apprenti sorcier, au demeurant excellent), d'Emmanuel Chabrier (mon idole) et d'Albéric Magnard.
J'ai tout noté, OB et je viendrai me plaindre ici si tu m'as donné de mauvais conseils ! Mais pour ce que je connais d'eux, je crois que le risque est mince ;-)
Non,chere Koz, les conseils d'OB sont tout ce qu'il y a de plus excellent ! D'ailleurs, Chabrier, tu commences à connaitre, n'est-ce pas ?
Magnard, je t'avais fait écouter l'Hymne à la Justice, juste apres le fameux Franck.
Le WE prochain, tu es bonne pour un peu de Chausson et un peu de Dukas... ;-) On pourrait ajouter à la liste les mélodies de Duparc, et les oeuvres du trop méconnu Lekeu... Je sens qu'une petite compil s'averera bien utile...
Si je peux me permettre un second conseil : écouter les CD de ces auteurs avant de les acheter, parce que certains enregistrements sont vraiment très mauvais.
Le coffret des symphonies de Magnard par Michel Plasson est tout juste correct. Il a le mérite de donner une idée de ce que pourraient donner ces oeuvres avec un grand chef d'orchestre.
Chausson a plus de chance : on peut trouver des enregistrements de Charles Munch (le "Poème" avec David Oistrak), par exemple.
Pour le Chabrier symphonique, il y a un CD de Paul Paray (parce que "Espana" par Riccardo Muti... bof bof... et par Plasson... pas tellement mieux).
Le problème des oeuvres peu jouées, c'est que lorsque on est déçu, on ne sait pas toujours si c'est parce qu'elles sont massacrées par l'interprète ou si c'est parce qu'on ne les aime vraiment pas...
En plus, les amateurs d'opéra seront comblés : ces auteurs en ont tous écrits : "Ariane et Barbe-bleue" de Dukas, "Le roi Arthus" de Chausson...
(Pour le "Roi Arthus" il faut supporter la première scène qui assez pénible dans l'enregistrement d'Armin Jordan, voire la sauter et y revenir ensuite...)
Et nous avons également oublié de mentionner le grand d'Indy, lui aussi par trop délaissé des concerts et du disque !
Oui, sans doute Plasson ne rend pas totalement justice à Magnard, mais enfin, s'il n'avait pas été là pour les sortir de leur purgatoire, nous n'aurions pas Guercoeur (lui aussi, heureusement sauvé par la seule présence d'un Van Dam parfait), ni les autres versions des symphonies chez BIS et Hyperion. Il faut dire que de tous les enregistrements d'opéras français de cette époque, il y en a aucun de parfait, notamment à cause des distributions trop hétéroclites, quand elles ne sont pas totalement à coté de la plaque ! Et pourtant je n'arrive pas à comprendre pourquoi Le Roi Malgré Lui, Ariane et Barbe-Bleue, Le Roi Arthus, Gwendoline, entre autres, n'interessent guere de grands chefs, d'autant que le chant français s'est enrichi de pointures vocales qui n'étaient pas là il y a 20 ans ! Gardiner vient de faire Ariane et Barbe-Bleue à Zurich, espérons qu'un CD ou DVD sortira... Le Roi Malgré Lui de Lyon sera capté pour la radio et le CD. C'est toujours ça...
Bonjour,
Oui, la musique des compositeurs (notamment) français de cette période est passionnante ! A propos de Magnard, il existe tout de même une superbe version de la 3ème Symphonie par Ernest Ansermet et l'OSR.
Cet esprit de passion et de pudeur mêlées souffle aussi chez Paul Le Flem (Sonate piano et violon), Gustave Samazeuilh ("Le chant de la mer", le Quatuor à cordes, et surtout le génial Poème symphonique "Nuit" par Charles Munch, hélas difficile à trouver), Guy Ropartz, Florent Schmitt (Quintette avec piano, Psaume…) Roger-Ducasse, Louis Vierne (en particulier la Sonate pour violon et piano), Georges Enesco (qui a vécu autant en France qu'en Roumanie, parmi ses œuvres dans l'héritage post-franckiste et post-fauréen : Octuor à cordes, 2nd Quatuor avec piano hélas aussi difficile à trouver), etc !
Bien musicalement à vous
Alain
les sentiments musicaux c'est tellement magnifique ! :) et tu le raconte très bien en effet !