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Par Kozlika le lundi 11 avril 2005, 22:12 - Lien permanent
Alarc'h est un teigneux. Il le dit lui-même. Et il aime bien prendre à contre-pied.
Mais pas que. A l'occasion d'un billet dont je n'ai pas tout compris (mais peu importe), il a écrit un très beau commentaire. Je n'ai jamais eu envie de me suicider, j'ai bien trop peur de la mort, mais l'envie de baisser les bras, de quitter le champ de bataille, de renoncer, souvent. Je l'ai mis dans mes marque-pages, signalé à un ami. Ce même ami n'a pas manqué de me le rappeler ce soir, fort à propos.
« La douleur est déstabilisante et a tendance à réveiller toutes les autres douleurs endormies ». Pour mon petit gars de Bamako que j'aime tout fort, pour toi aussi Laurent le fragile, et pour tous ceux qui passent par là, je dédie ce texte qui ne m'appartient pas.
Commentaires
Merci de me faire découvrir ce bonhomme, dont la compréhension des coeurs est fascinante et le sens pacifique bien affuté.
Ah ben ! C'est pas vrai du tout tout ça. Je ne suis pas gentil, j'ai fait un blog pour faire mon affreux... faut pas me casser mon coup comme ça ;-) Mais c'est vrai que je n'aime pas l'idée de baisser les bras.
Par contre ça me fait tout bizarre de voir que vous dédiez votre note à laurent. Je l'ai extrêmement choqué dans un commentaire sur son site. Ce n'est pas que je regrette ce que j'ai dit, j'assume toutes mes paroles (donc forcemment beaucoup de conneries), mais je ne me suis pas rendu compte qu'en effet il avait cette sensibilité et qu'il allait être aussi blessé. Donc puisqu'il est votre ami il comprendra peut-être.
En tout cas votre billet me donne envie de continue à ronchonner aux quatre vents, puisque c'est ma manière, et je vous en remercie.
Un teigneux bien content de savoir que vous existez....
Merci Kozlika pour le lien, merci infiniment Alarc'h d'écrire des choses comme ça. Je garde une petite note dans un coin avec l'adresse de ce texte, j'ai envie de pouvoir y revenir les soirs de blues, ou quand un ami a le cafard.
Alarc'h, je n'avais pas connaissance du commentaire chez Embruns dont tu parles, il doit faire partie de ceux qu'il a supprimés dans le week-end ; si cela avait été le cas j'aurais évité de le dédier à Laurent, la coïncidence n'était pas intentionnelle.
Teigneux et rugueux, l'exercice de la liberté de parole et du franc-parler, comme celle de ne pas tourner les mots cent fois dans sa bouche avant de les laisser s'échapper en flot incoercible, a ses limites, celles du risque de blesser. Je ne te donnerai pas de leçons anti-blessures, moi qui suis la reine des maladroites (et je viens de le prouver une fois encore !)... Mais peut-être ne faut-il pas octroyer à la « franchise » ou à la « spontanéité » autant de mérite qu'on lui accorde, non ? (C'est une vraie question, pas une affirmation déguisée.)
Et le vecteur clavier / écran ne permet pas de guetter dans le regard de l'autre le moment qui passe du Je-te-choque-et-je-m'en-fous au merde-je-lui-ai-fait-mal.
oui, "guetter dans le regard de l'autre" : c'est, très joliement écrit, la grosse différence entre parler et écrire...
Or j'ai remarqué un autre truc, c'est l'asymétrie : on blogue comme on parle, alors qu'on est lû comme... on écrit --évidemment !
Mais on oublie, en écrivant-comme-on-parle, que l'on n'emet plus ces mille petits signes : du visage, de la main, du ton de voix qui font passer l'ironie, le second degré, l'emportement, et toutes autre choses chaleureuse face à face, mais vivement refroidies par l'écrit : donc prises au pied de la lettre.
D'ou 90% des castagnes globeuses, qiu auraient mérité de s'arrèter avant de globasser.
(ça a l'air de rien, mais c'est des années de reflexion, ça, madame !)
kilzila> Oui c'est une vraie question et je ne saurais pas y apporter une vraie réponse. En tout cas, me connaissant, c'est ce qui m'a retenu depuis plus d'un an d'enfin ouvrir un blog.
Je sais depuis longtemps que je ne suis pas fait pour la diplomatie. Dans les 11000 verges Apollinaire place dans la bouche des soldats qui défilent ces paroles d'une chanson imaginaire :
On ne peut soupçonner Apollinaire de manquer de sensibilité, mais ces petites gaudriolles sont autant lui que le pont Mirabeau. Rabelais n'est pas non plus un balourd. Le franc parler, la provocation ainsi que l'invective font partie d'une tradition française.
Mon écriture ne s'approche hélas pas de celle de ces hommes, et sans doute le manque de talent est il rédibitoire pour ces genres périlleux.
Donc tant que je ne penserai pas que mon talent puisse approcher ceux de Rabelais, Sade, Apollinaire ou Céline - donc en gros il s'agit d'un engagement à vie ;-) - je tournerai un peu plus mes doigts sur mon clavier, surtout avant de commenter.
Quant à Laurent, il est aussi un brin provocateur, tout sauf stupide, donc il saura certainement faire la part des choses.
Enfin il est des maladresses plus sympathiques que la lisse perfection, j'ai toujours eu une tendresse particulière pour les gaffeurs et gaffeuses.