1. Se lever à l'aube pour préparer un pique-nique digne de ce nom. Je gage que Lolosquared y a passé une nuit blanche : salade composée, gâteau maison, fruits à volonté, vins divers, il nous a gâtés, sans parler de sa ravissante tenue estivale et de son sourire constant !

Thomas s'était préparé une salade composée à base de riz.

2. Résister au désir de faire demi-tour illico à la vue de la looooongue file d'attente aux caisses de l'entrée du parc. Désir endigué par les trépignements d'excitation de deux Fûûmants roses et la rencontre dans ladite file de Neuro, son épouse et leur petit. On bavasse tranquillement et la file s'écoule somme toute assez vite.

Thomas se rendit compte à cet instant qu'il avait mal fermé sa boîte et que tout le contenu de son sac s'en trouvait agrémenté de vinaigrette.

3. Penser à prendre un téléphone portable, ou repérer la cabine téléphonique, en tout cas, ne pas être venu sans avoir sur soi les numéros de téléphone donnés sur le blog du Paris-Carnet (n'est-ce pas Mitternacht ?) car le soleil de plomb régnant sur le point de rendez-vous porta nos éclaireurs à se déplacer sous les arbres.

Le téléphone miraculeusement sauvé de la vinaigrette permit à Thomas de nous rejoindre avec sa salade.

4. Battre les préjugés en brèche : une foule peut parfois se révéler plus intelligente que les individus qui la composent et nous n'étions pas trop de Neuro et sa famille, M. et Mme Dieu[1], Bladsurb, Cossaw et son compagnon, les Fûûmants roses, Meusa et moi pour interpréter correctement des instructions telles que « près de la drôle de maison avec un toit avec des pointes mais arrondies »...

La preuve, Thomas, venu seul avec sa salade, a mis plus de temps à trouver notre lieu d'agapes.

Passées avec succès ces quatre épreuves on s'installe sur la pelouse avec nos paniers, on se déchausse pour plonger les pieds dans la pelouse et s'installer sur le plaid en bogolan judicieusement apporté par Meusa.

C'est alors qu'un cyclone, présentant pas moins de trois yeux pataloustiquiens, vous déboule dessus, ou plutôt tente de le faire, car Thomas pose la salade qu'il avait commencé à manger pour faire un rempart de son corps entre la tornade et nous.

C'est heureux, pour un peu j'aurais renversé la coupe de champagne offerte par Maître Eolas, c'eût été grand dommage.

Les Fûûmants et Meusa arrivèrent en renfort pour soutenir Thomas, qui put enfin reprendre la dégustation de sa salade, mais pas longtemps car manifestement on ne vit jamais monture plus confortable que les épaules de Thomas, le dos de Thomas, l'estomac de Thomas (encore partiellement vide à cette étape du récit).

Notre assemblée comportant de grands stratèges, on notera la tactique imparable du marin louvoyant parmi les plaids pour se tenir à l'écart des remous, la non moins efficace méthode de Mel'O'Dye adossée à un arbre avec sa fille pour écarter les attaques par l'arrière, tandis que Pascal, pas fou et prévoyant, s'était fait accompagner par deux gardes du corps avec lesquels il se tenait loin de l'épicentre.

Miraculeusement épargnés, Tatou, Shaggoo, Gratyn et TarValanion (tout spécialement venu de sa lointaine province pour partager son sandwich !) n'ont à ma connaissance jamais été menacés et ont pu tout à loisir lorgner sur la boîte contenant la salade de Thomas dont le niveau de remplissage restait constant.

Fûtés, Les Deux Amoureux s'étaient installés au cœur de notre groupe, rendant ainsi l'accès à leur dos, estomac, cou, quasi inaccessible.

Profitant de chaque minute de répit qui lui était donnée, Thomas enfournait une fourchettée de salade.

Mais les tarquinets sont craquants alors tout le monde plaignait Thomas et ses acolytes mais nous étions aussi très attendris et très admiratifs de Veuve Tarquine qui avait déclenché son radar tribande spécial « mère en extérieurs » et était capable de soutenir une conversation tout en pouvant instantanément rappeler celui-ci qui s'éloignait trop ou retrouver les chaussures de celle-là, le tout sans quitter sa bonne humeur. J'ai entendu quelqu'un (Thomas ?) dire : je l'admirais déjà beaucoup, maintenant elle a droit à mon total respect !

Attendrissantes aussi les arrivées tardives d'un Maudit et d'une Alexia pilotés par GSM pour arriver jusqu'à nous, l'un porteur d'un joli shortounet - très remarqué de notre capitaine - et l'autre d'un ballon orange - ah non ! une pastèque - qui se révéla immangeable mais c'est l'intention qui compte.

Thomas il s'en fichait bien de la pastèque il lui restait encore plein de salade.

En spécial guest star, Xave déboula parmi nous sans parvenir à se montrer vraiment désagréable. Il faudra que ce garçon se surveille, il file un mauvais coton. Je l'ai vu sourire à plusieurs reprises, et pas seulement lorsqu'il parlait de Julie...

C'est après le départ des Tarquignoles que notre amicale rencontre failli virer au drame. Alors que Thomas tentait désespérément de reprendre la dégustation de sa salade, une guerre de l'eau d'une rare intensité fut déclarée entre Fûûlion et Maître Eolas. Et je dois reconnaître malgré les traités d'entraide qui nous lient que ce fut la première qui entama les hostilités par jet de verre d'eau sur le second. La réplique fut immédiate : sans céder un pouce de sa superbe, notre digne juriste répondit par lancement de contenu de seau à champagne sur la jeune rebelle après quoi une bouteille entière fut vidée en retour manquant causer des dégâts collatéraux sur les papiers et téléphone du susdit.

Thomas aurait mieux fait de finir sa salade plutôt qu'aider l'embrumé en chef à tenir la coupable tandis qu'Eolas vidait un autre récipient sur les cheveux de la lionne indomptable.

L'emploi de l'arme ultime - propulsion dans étang - fut évité de justesse à trois centimètres de la mare glauque par la grâce de la grande magnanimité du chef d'Etat éolien.

Revenus à de plus paisibles activités, les deux combattants abordèrent les arcanes de la loi Perben2, tandis que Thomas Quinot finissait enfin sa salade !

Il était dix-huit heures et chacun rentra chez soi.

Notes

[1] Très photogénique quand elle tire la langue, Madame Dieu.