Indécence
Par Kozlika le mercredi 12 octobre 2005, 16:46 - Lien permanent
Dans mes visites quotidiennes figurait le blog d'un proviseur. Il parlait de son métier avec une grande sensibilité, des billets qui me faisaient souvent penser « quel dommage qu'il n'y ait pas plus d'enseignants comme lui ». L'année dernière il nous a régalés de ses démêlées avec son intendant. Cette année, à la rentrée, il nous a raconté le discours qu'il avait fait aux enseignants, c'était drôlement bien. Et puis parfois il nous parlait de sa vie aussi, de ses hésitations, ses doutes, ses émois, aussi délicatement que pour parler de son métier.
Il aime bien l'opéra et la chanson française alors souvent il appuyait ses billets avec telles ou telles paroles, ses plaisirs d'écoute. Parfois quelques photos pas plus déshabillées qu'un banal catalogue des Trois Suisses, plutôt moins.
Depuis ce matin, son blog ne répond plus. Le recteur de son académie lui a demandé de fermer son blog « pornographique et obscène ». Et pour ne pas lui nuire il nous demande de ne pas faire le tapage que mériterait un tel scandale. Je ne vous dirai donc ni son nom, ni son blog, ne ferai pas de lien, et si vous l'avez reconnu n'en faites rien non plus, on connaît les effets d'un lien sur Google n'est-ce pas ? Mais vous pouvez aller chez finis-africae qui en parle dans son billet du jour : « Censure ».
Ah merde, je me rends compte que j'ai oublié une information qui n'a bien sûr rien à voir avec l'intervention péremptoire de son supérieur. Je vous la livre toutefois : G. est homosexuel.
Commentaires
ObsCène, darling.
Certes.
j'aime beaucoup tes 2 dernières phrases ...
;-))
Il me vient des mots de colère aux levres, mais je ne m'abaisserai pas ... Obscène est le seul mot politiquement correct qui convienne ... Bonne chance G ...
J'ai fait un petit billet chez moi aussi, discretos.
Accablant de bêtise. Le Recteur.
J'ai moi aussi appris la triste nouvelle chez Finis Africae. Profondément touché par l'arret de ce blog touchant d'humanité et de gentillesse, j'ai pensé un instant faire un billet, puis par peur d'attirer de nouveaux ennuis à G, j'ai décidé de ne rien faire. En refléchissant, je me dis qu'effectivement, tant que google ne peut pas s'en méler, on peut toujours relayer l'information.
J'espère juste que G saura nous revenir une fois l'orage passé, et le recteur viré.
merci pour ces soutiens. Ca fait chaud au coeur. j'ai eu le tort de mêler vie professionnelle et vie privée. De ne pas respecter le devoir de réserve. Sur ce plan là je ne peux rien dire... d'parès les textes c'est vrai. le fait que je sois pédé ne facilite sans doute pas l'analyse de la situation. Mais sur le plan déontologique je sais qu'ils ont raison... Bises à tous et à bientôt, Promis !!
ca me rappelle hélas un article lu récemment dans Libé (je te fais suivre par messagerie, comme ça tu pourras éventuellement faire suivre au principal intéressé (sans intention de jeu de mots)). Le pire comme tu le soulignes, c'est qu'on ne peut rien faire pour aider qui ne risque pas d'envenimer la situation puisqu'ensuite le moindre malfaisant pourrait faire du google spying et s'en donner à coeur joie. bon courage, G.
C'est sur ca n'a rien à voir ... hem ... moyen quand même.
Grmbl. Grandeur et beauté de l'Administration de l'ÉN. Bizzz, G.
Je n'ai pas eu la chance de lire ce blog. Dommage, ça m'aurait peut être réconcilié avec un proviseur au moins.
L'éducation nationale est une organisation complètement opaque où l'on ne sait pas vraiment qui commande qui. Une chose est certaine, à la moindre merde, tout le monde ouvre grand le parapluie, les proviseurs en premier (pardon pour G., mais c'est la vérité) et il ne vaut mieux pas être tout en bas de l'échelle quand la sanction dégringole. Pas étonnant donc qu'un recteur ne s'embarasse pas de scrupules pour faire fermer un blog, surtout si on y dénonce certains "dysfonctionnements" du mamouth.
Ceci dit, je veux bien croire que la sanction soit tombée avec le fait qu'il soit homo. A l'EN, on aime pas les vagues. Dans les bahuts, il n'y a pas de droguen, pas de trafic et les seules fois on y parle ouvertement de sexualité, c'est pour parler de prévention contre les MST. Je ne dis pas qu'il ne faut pas en parler, mais la sexualité ne se résume tout de même pas aux MST, on pourrait lutter contre l'homophobie aussi.
Pour rassurer G. (mais il le sait sans doute mieux que moi), il y a beaucoup d'homo (H ou F) chez les proviseurs et proviseurs adjoints.
Tu sais G., la déontologie, j'en connais plus haut qui n'en font pas grand cas. Quand on gère des effectifs élèves (profs aussi) comme du bétail, sans aucun autre soucis que de tenir le budget, on voit bien que tout le monde ne fait pas le même métier dans ce milieu.
Allez ! Pas de vague ! Surtout pas de vague ! Je ne veux voir qu'une tête.
Au fait, vous-vous souvenez de cette prof de français qui écraivait des romans érotiques il a quelques années ?
Un proviseur Homo blogueur. C'est certain, ses billets devaient être pornographiques et obscènes. Le recteur a eu vraiment raison. De plus, ses élèves sont certainement en très grand danger. Mais que fait la police?
Il me semble que la réponse de G (commentaire 8) est équilibrée, prudente et bien vue. Ce qui ridiculise très légèrement, me semble-t-il, les excès victimaires de quelques autres commentateurs lus ici et là.
Pour reprendre une question posée par Samantha dans son blog, "Y-a-t-il une dignité spécifique à la fonction d'agent de service public, qui ne s'appliquerait pas au salarié du secteur privé, par exemple ?" , ma réponse est oui :il y a même une double dignité et une double responsabilité : d'agent public (de représentant du bien public) et d'éducateur. Et que le tout implique une multitudes de devoirs ; yc compris la prudence et la réserve.
MERDE ! je sais de qui tu parles. Ça le fait mal au cœur? En tant que parent d'élève, je trouvais ce blog passionnant. Est-ce que tous les enseignants qui bloguent et qui parlent de leur métier avec distance et passion vont être obligé de fermer leur colonne et être victime de la censure. Devoir de réserve, oui, je sais ce que c'est. JE comprends la déontologie. Il y en a aussi une dans mon métier. Mais cela n'empêche que la pillule est dure à avaler. Il faut bien reconnaître que certains citoyens sont plus égaux que d'autres… C'est là ou réside le scandale.
Yves > Je t'ai répondu chez Samantdi puisque tu as publié là-bas aussi le même commentaire ajouté à un autre plus long. Comme ça je réponds aux deux.
Akynou > je suis complètement d'accord. Plusieurs de ses billets relatifs à son métier auraient mérité d'ailleurs une bien plus large audience que le lectorat d'un blog tant ils sonnaient juste et laissaient transparaître une vraie vocation dont on aimerait que chaque enseignant soit doté.
Woula ! Ca discute ferme ici et chez Samantdi sur la mésaventure de G.
Dire qu'il y a certainement des blogs bien plus obscènes que ce que pouvait raconter G. en parlant tout simplement de sa vie. Et que ces blogs ne feront jamais parler d'eux comme ça.