Si les blogueurs ont le bon goût de ne pique-niquer qu'aux beaux jours, il n'en est hélas pas le même pour les éléphants, qui pique-niquent en toute saison. Si les blogueurs choisissent pour déjeuner sur l'herbe des espaces verts et spacieux où les mètres carrés disponibles se mesurent par dizaines, voire par centaines, les éléphants choisissent ma cage thoracique.

Et c'est grand rassemblement aujourd'hui. Quand ils sont tous là, j'avoue que j'ai du mal à croire qu'ils soient tous de la race Angouass. Et s'il y avait parmi eux des Krizkardiacs ou des Kanserdupoumonts ?

Car autant les Angouass sont somme toute assez couards (ils filent la plupart du temps en présence d'amis, presque tous de formidables dompteurs ; de même, si je les emmène à un spectacle, le bruit et des vives lumières les font fuir quasi systématiquement) autant je ne fais pas du tout confiance aux autres, dont on sait d'ailleurs qu'ils font quantité de victimes. Et je les sais friands de cigarettes.

Je les tiens à l'œil, hein, croyez pas : assise en tailleur sur mon lit, je regarde si celui-ci n'a pas ralenti mon pouls, si tel autre me fait mal quand je respire fort. Je les tiens à l'œil et ils en profitent pour me bouffer la tête, comme s'ils n'avaient pas apporté assez de provisions pour leurs agapes.

Aucune tenue. Le blogueur, même de poids, même lourdingue, est plus svelte que le plus petit des éléphanteaux. Je n'en connais pas un qui fasse montre de si peu de sollicitude à mon égard jusqu'à venir me placer au creux de la gorge une balle de tennis.

Voilà pourquoi je préfère les blogueurs aux éléphants et que je vous recommande ardemment la fréquentation de ceux-ci plutôt que ceux-là.