Tout quitter mais tout emporter (P. Chatel)

Par Garfieldd, mardi 21 juin 2005 à 21:57 :: ¤ Au travail

Tout quitter mais tout emporter
Avec ma maison sur le dos
Comme un escargot

Y a de jours et c'est pas commode
Où je m'envoie dans les antipodes
Pour oublier ce qui me gêne en moi
En rêvant de garder ce qui va
Mieux que ceux qui font jamais ce qui disent
J'emporterais dans ma valise
Mes échecs pour jouer et gagner...

Comment expliquer que je n'ai rien à raconter alors que je n'ai quasiment pas un moment à moi ?

Les journées sont longues, denses, pleines d'activités variées et dépareillées.

Trop de choses à faire, trop de décisions à prendre, d'arbitrages à rendre, de projets à dessiner, de dossiers à finaliser. Cette urgence me plait. Elle me stimule.

Parallèlement j'essaie de vivre le plus intensément possible des moments de dernière complicité avec les enseignants qui sont déjà presqu'en vacances et qui osent, alors qu'on prend le café en salle des profs, faire comprendre qu'ils craignent d'être gagnés par ce sentiment nostalgique qui accompagne le départ de leur proviseur.

Je leur suis reconnaissant de prendre le peine de me le dire et de me faire comprendre que ce sont des regrets qu'ils ne résolvent pas exprimer trop ouvertement.

Quand on est pétri de doutes, on a besoin d'être réconforté. Or, cette fameuse notion de solitude liée à l'exercice du pouvoir empêche trop souvent d'échanger sereinement, lucidement, avec franchise sur les bons aspects des relations professionnelles que l'on a cherché à nouer et à entretenir.

Alors j'ai envie de remercier ceux qui osent me dire, à mots couverts bien sûr, avec pudeur évidemment, qu'ils se sont sentis bien pendant trois ans.

J'ai besoin de ça. J'ai toujours eu besoin d'être conforté, rassuré. J'ai besoin de savoir qu'on m'aime et que j'ai été apprécié. Même si je le sais tardivement ou trop tard.

L'exercice du pouvoir ne m'a pas enlevé cette part (imbécile peut-être) d'humain, d'affectif que je conseille pourtant aux autres d'oublier dès lors qu'ils sont sur le terrain professionnel.

Ce n'est pas de la reconnaissance que je cherche, c'est simplement le témoignage que le temps, l'énergie, la passion que j'ai dépensés avec plaisir, bonheur et fougue pendant trois ans ont porté leurs fruits. J'ai besoin de savoir que les profs se sont senti respectés, aimés, appréciés. J'ai besoin de savoir que ce mot - confiance - que j'ai employé lors de mon premier discours devant les profs et les agents, il y a trois ans, a été compris et partagé. Qu'il a eu un sens.

J'ai un besoin quasi viscéral de savoir que je n'ai pas aimé ce lycée en vain...

Savoir, puisque la vie professionnelle me sert souvent à cacher le vide de la vie personnelle, que j'ai réussi à partager un bonheur. Au moins UN.


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