J'avais bien conscience que nous reproduisions là une image quelque peu stéréotypée du boss et de la secrétaire mais il se trouve qu'il est le papa de ce logiciel et qu'il en connaît la genèse et les arcanes bien mieux que moi, il eût été stupide de prendre le contre-pied par principe. Et puis Olivier, à chaque occasion que lui offrait sa présentation, faisait en sorte de montrer par ses paroles ou en se tournant fréquemment vers moi que je n'étais pas là pour faire tapisserie et participais activement au projet.

Une seule femme dans l'assistance.

Et dans le Salon tout entier, combien ? 2% ? 3% ? En tout cas très peu et pratiquement toutes derrière les stands, façon hôtesse, voyez. Un Salon de l'automobile version linux.

Il y en avait une qui n'était pas derrière le stand. Non, elle était dessus. Sur le coup ça m'a énervée, elle semblait vendre des t-shirts pour financer un projet et battait le rappel. Je me suis dit : « Tiens fatalement une fille ça vend de la sape. »

Sur le coup ça m'a énervée, mais aujourd'hui plus encore. J'apprends via Tristan Nitot que cette jeune femme « consentante », ce qui change tout n'est-ce pas, et libre, forcément libre, vendait le t-shirt qu'elle était en train de porter aux enchères pour financer une structure de lutte contre les brevets logiciels. La version moderne de la jaretelle de la mariée en quelque sorte. Mais en libre.

Tristan est tout content, il a réussi à démontrer que par mutualisation on gagnait plus que par enchères. Et il est reparti chez lui avec le t-shirt. Ben merde dis donc, moi qui jubilais en lisant son entrée en matière : « Je regarde la scène amusé, et je réalise que ça n'est pas comme ça que les choses vont progresser », me voilà bien déconfite.

Il est évident que si je parle là de cet exemple, c'est que c'est le dernier en date, mais ils abondent dans la franche camaraderie de la libre geekerie. Pas plus qu'ailleurs mais c'est plus décevant.

Et n'est-ce pas, parce que je suis terrrrrrrriblement prude, coincée du cul, sans humour et casseuse de couilles à mes heures – quand je ne milite pas pour les couper – ça me met dans une rogne sans nom qu'une mouvance qui prétend vouloir faire un monde meilleur, ou en tout cas y contribuer, avec d'autres valeurs que le très-vilain très-affreux détenteur du convoité prix Big Brother Awards, barbote dans le machisme le plus tranquille, sans complexe aucun, qui y allant de sa pub avec blondes, qui de son t-shirt mouillé ou non, ou autres plaisanteries dont seuls les vrais qui savent rire savent mesurer le degré, la distance, la parodie. D'ailleurs, n'en doutons pas, il y des femmes que ça ne dérange pas, pas comme nouzautres les hystériques rabat-joie.

Et ne venez pas me dire que la dirigeante de Mozilla est une femme ou l'un des autres 9 exemples sur 100 000 !

Hey, les mecs faudrait peut-être voir à faire un monde meilleur pour les deux sexes non ?