Bonjour à vous, habitants du Monde de Bra.

Quelle merveilleuse idée que cette tournée des blogueurs des temps d'avant parmi nos planètes et satellites habités, car le travail de mémoire et de la sub-mémoire évoqué par le titre de ce cycle de conférences aidera je l'espère à mieux connaître notre histoire et ainsi mieux préparer votre avenir.

Je suis une vieille femme aujourd'hui, même en comptant en années terrestres et sur les progrès de la médecine. J'ai connu le temps de la semaine de sept jours, bien avant que notre Haut Conseil ne prenne conscience de l'importance des blogs et ne crée bloguedi, jour hebdomadaire entièrement consacré à la maintenance de nos blogs et la lecture des mille et une vies de nos planètes sœurs via notre blogroll. Vous vous demandez sans doute comment nous faisions avant ce huitième jour. Nous aussi ! Dorénavant, chacun d'entre vous considère le blog comme un bien culturel au même titre que les superbes créations issues de la boîte à images de Maître Ka, mais il n'en a pas toujours été ainsi, loin de là.

J'avais commencé à préparer pour cette allocution un historique de la blogosphère, m'appuyant notamment sur les travaux de notre valeureux Capitaine Helgé, pionnier s'il en est. solument, je continuais à prendre des notes et de bonnes résolutions de sérieux jusque dans la Guillermito Zone avant de sortir de la station d'aéronefs Paul-Muad'dib. Mais finalement je préfère vous conter mes propres débuts, mes tranches de vie et tranches de rêves, et laisser mes bouquins refermés. Vous pardonnerez je l'espère mes digressions fréquentes, cahotique mélange des histoires et des détours ; un petit comprimé par jour pendant un an ne sont pas parvenus à enrayer mon incorrigible esprit de l'escalier. Laissons venir le flot des souvenirs aux affleurements de mon récit.

J'ai ouvert mon blog en mai 2004, j'étais donc loin de figurer parmi les premiers. (Excusez-moi, j'ai plus l'habitude de compter en années terrestres et votre 2250 me donne le tournis.) Minée par les soucis, mon imagination était depuis bien longtemps totalement à sec. Peu au fait du phénomène alors en plein début d'expansion, je n'avais à l'esprit que la création d'un petit coin à moi pour dire l'indicible, débrousailler le roncier que devenait ma vie sans moi, retrouver le goût d'admirer simplement le bleu du ciel, partager avec d'autres blogueurs une sorte de vie commune dans l'écriture, écouter ensemble Chostakovitch et ses Zvezdoliki. Fatalement à mon image, mon blog était un peu foutraque, tout comme mes lectures, du journal d'un avocat aux mémoires d'un infirmier je faisais mon marché de bric et de blog et mon agrégateur s'enrichissait quasiment d'un blog par jour, et fatalement mes lectures prenaient du retard.

Il y avait comme aujourd'hui toutes sortes de blogs, ceux qui ouvraient la porte de leur finis africae ou ceux qui choisissaient l'un ou l'autre des masques de phersu ; le journal intime ou le public ; l'indispensable carnet ou le blog inutile de plus.

Solidaires, les blogueurs se serraient les uns contre les autres et les coudes dans les embruns et la dodécaphonie des agrégateurs s'ornait alors de brillants mélismes, nous redonnant de l'énergie. on m'encourageait après une sombre histoire de clef. Si un lointain compère laissait en post-it l'annonce de sa venue, dix lui ouvraient les portes de leur hôtel des blogueurs, offrant à l'arrivée selon la saison crème glacée ou grog.

Mais je vois que votre attention se relâche, nous ne sommes pas loin du brain not found ! Je vous suggère de reprendre après la pause déjeuner et m'en vais voir pour ma part ce qui mitonne dans les casseroles de nawal. A tout à l'heure.


En 2250, zeugmas, noms de blogs, gamme franco-anglaise... les liens demain.