C'est pourtant pas compliqué
Par Kozlika le vendredi 13 octobre 2006, 00:53 - Lien permanent
C'était en octobre, j'en suis sûre, avant les vacances de la Toussaint. C'était en octobre mais je ne sais pas quel jour, je n'arrive pas à m'en souvenir. Je l'ai su pourtant. Elle m'a dit le jour. A un moment j'ai su et puis j'ai oublié. Si j'avais téléphoné quand le corps était encore tiède est-ce qu'aujourd'hui je me le rappelerais ? Est-ce que je pourrais dire : ça fait dix ans aujourd'hui ou ça a fait dix ans hier ou demain ou dans quinze jours. Qui pourrait me dire ? Qui pourrait me dire. On ne peut pas oublier ça. Elle me l'a dit, je l'ai su et puis je l'ai oublié.
Commentaires
Ouais ben c'est le bordel, kôa. Au pire, zappes tout ça et va prendre l'air. C'est ce que je fais demain. M'enfin, ce soir, enfin, ce matin. Cet après-midi plûtot. Si tu prends un avion maintenant, on pourra aller balader ensemble.
Peut-être que de l'avoir oublié permet de rendre à ce jour-là sa banalité, rien ne l'a désigné, sur le moment, à la mémoire future. C'est seulement à postériori que la date a pris un relief : ça avait eu lieu ce jour-là, mais tu ne l'avais pas su. Au souvenir de la date de l'événement se substitue le souvenir du moment où on l'a appris, la voix de cette vieille dame au bout du fil.
L'oubli de la date à laquelle on n'a rien su est peut-être le moyen d'oublier qu'on n'a pas jugé bon, que l'on n'a pas pu nous prévenir.
Et que si l'on n'a pas été prévenues, c'est qu'on n'était pas dans la liste des personnes à prévenir. A cause des papiers sur lesquels notre nom n'était pas écrit.
Tu vois je passe du féminin singulier au féminin pluriel de l'histoire commune.
je t'embrasse fort... ça pouvait pas être un vendredi 13 en tout cas, tu t'en serais souvenue
Curieux comme la mémoire, la sienne ou celle des autres, peut nous jouer des tours.
Smacks
Ben si pourtant, c'est compliqué. Notre mémoire des dates, de nos dates, pas les historiques, est très symptomatique de notre histoire personnelle. Elles ont une vie qui nous est inconnue et que l'on découvre parfois avec surprise. Et si tu fais cette note aujourd'hui, ce n'est peut-être pas tout à fait innocent. je t'embrasse…
10 ans, déjà... mais on n'a pas oublié Fred, ni sa photo en costume de tennis de quand il était jeune, ni sa casquette et ses grandes oreilles de quand il était vieux, ni sa voix légèrement traînante, ni comme il était fier de toi Je t'embrasse
Octobre est un mois aigre-doux pour moi aussi. Bon courage.
Moi, pareil. J'ai pas de mémoire.
Merci à tous d'être venus me laisser un petit mot ici. La plupart du temps je vis très bien avec mon histoire un peu particulière (mais pas exceptionnelle non plus, n'est-ce pas Samantdi !), et puis parfois ça remonte ou plutôt ça descend comme un caillou dans la chaussure, ces billets me servent à la retirer et la retourner.
Claire, tu as raison, sur tout. Et ce « on » me fait chaud au cœur, comme toujours quand tu partages ta/notre mémoire avec moi.
Garçon, la suite !
Et le garçon empesé dans son habit de pingouin, le tableau sur le poing il s'avance nonchalement comme s'il ignorait la singularité du service qu'il effectuait et il te sert une immense rasade de bisous. De ces bises point trop collantes qu'on peut consommer ou laisser au bord du verre sans craindre qu'elles s'offusquent de disparaître avec les bulles du Perrier...
Des bises et des cahouètes.
Et puis aussi un grand verre de jus de pomme, comme ceux qu'on commande pour les enfants et qu'ls boivent comme s'ils allaient mourrir de soif.
Le garçon de café c'était la première fois qu'il servait un grand verre de jus de pomme aux bisous mais il était drôlement fier, parce qu'il sait bien que servir la jolie petite dame c'était bien plus essentiel que de servir tous ces ballons de rouge qui ne s'envolent plus depuis longtemps. Et puis les calendrier, on s'en fout... ça change tous le temps !
== le plateau sur le poing ==
Non, non, le tableau était très bien, j'imaginais déjà un Degas ou un Renoir sur lequel serait posés les bisous et les cahouètes !