2004:44 écrire
Par Anna Fedorovna le mercredi 8 novembre 2006, 19:51 - Mes petits cailloux - Lien permanent
Depuis 2001 environ (me souviens évidemment plus très bien), je participe à un forum de passionnés d'opéra. Je renoue par ce biais avec le web, que j'avais approché quelques années plus tôt en réalisant un site (tout en tableaux, wéééééé) associé à la revue littéraire dont j'assurais la maquette. Je vois beaucoup de spectacles mais ma fichue mémoire me fait toujours autant défaut. Je voudrais conserver la trace de ces impressions d'écoutes. Le forum n'est pas adapté à cela, je ne vais pas envahir un espace collectif avec mes trucs-machins à moi et mes copains doivent saturer de mes mails si naïvement enthousiastes. Il me faut un petit coin tranquille.
Sur le forum MacBidouille, je demande à un utilisateur avec lequel j'ai lié connaissance s'il connaît un outil simple pour faire des pages web, ça m'amuserait bien de profiter de l'occasion pour toucher à nouveau à de la mécanique ; le tricot commence à me lasser.[1] Angrave me suggère d'ouvrir un blog : essaie DotClear, c'est français, ça vient de sortir en bêta, c'est conforme xhtml css. Conforme ? Beurk, chuis pas conformiste moi. Ah, aux standards du web ? Aaaaaaaah boooooooon ! Ah uéééééé ben d'accord alors. Hum, dis... c'est quoi les standards du web ? Le premier plaisir fut celui-là : découvrir une nouvelle tribu, m'amuser avec le code, repeindre les murs et le plafond, me raconter Macbeth et Lucia pour y revenir.
Celui que j'avais oublié et qui me revient au galop en 2004, c'est écrire.
Oh, pas écrire « pour de vrai ». Pas écrire pour vivre, pas cette écriture qui fait urgence et déchirements, comme celles et ceux que j'admire tant[2] et dont je me vante à la moindre occasion d'être l'amie. Pas même écrire pour dire. Décidément dilettante, écrire pour jouer avec les mots, les tourner en bouche pour leur sonorité, les trousser pour en admirer les dessous, les tordre et les assembler.
Détourner Brel pour des manifestations et écrire des sketches pour Brins d'Filles au lycée. Jouer au jeu de massacre avec la prof de français en sixième. Clamer en français du Jose Maria de Heredia, petite fille sur les genoux de mon père qui le prononce avec quelques secondes d'avance en espagnol pour jouer à la traductrice simultanée.
Se tenir à carreaux en quatrième pour décrocher LA récompense si la classe était sage : la lecture de l'un des Exercices de style de Queneau. Quelques romans entamés dans les années lycée qui ne passèrent pas le cap des dix premières pages de mes cahiers Conqueror. Choisir un métier qui dissèque les mots, se régaler d'ouvrages typographiques et se pâmer devant une Linotype.
Et puis plus rien. Pas d'amis au loin auxquels écrire, plus d'amoureux à Menton, plus de manifs. Ecrire des lettres administratives et des recettes de cuisine (même pas).
Retrouver tout ça ici. A petits pas, puis jusqu'à la goinfrerie, s'en lècher les babines, s'en emplir la panse. Et les patates en plus. J'avais oublié ces délices. Merci mon blog.
Commentaires
J'adore
(mais c'est pas nouveau !)
2003:43, 2002:42, … 1990:30 … 1980:20 … 1970:10 … vivement les 43 prochains billets de la fille à remonter le temps ;-)
Wé ! après l'écrémage par un mois rien que d'opéra, je tente le 46 jours d'egospective :-D
D'egospective ou d'egospection ?
Plutôt d'egohérence alors.
Et merci à toi
J'aime beaucoup ces textes - morceaux de
vuevie.J'aime beaucoup cette égospective en plus que c'est marrant j'y pensais l'autre fois (à qu'est-ce qu'on a bien pu faire dans notre vie cette année-là ; je n'avais pas poussé la réflexion jusqu'à en faire des thèmes d'écriture), parce que je me disais que les rares années où il ne nous était rien arrivé de grave, c'est bien simple je ne m'en souviens pas (exemple : 2002 dont mon seul souvenir restera l'horreur du 1er tour des présidentielles ; pour le reste : blanc. Je comptais aussi le (heureusement petit) nombre de fois où j'ai failli mourir (d'amour ou d'autres choses) et qu'il m'avait fallu attendre 41 et 7/12èmes pour connaître un grand bonheur immense sans avoir mal partout (parce que les naisssances de nos enfants c'est un grand bonheur mais, sur le moment, qu'est-ce que ça bousille et puis c'est vraiment à part). Je n'imaginais pas que ça soit si violent la joie immense d'une victoire collective. Et tellement plus fort que des bonheurs perso.
A part ça, on m'a dit excessive dans mes engagements militants mais quand je lis "Mon Devaquet, mon doux mon tendre mon merveilleux amour" sur un beau papier bleu et mis en valeur par une marge plus large, je me dis que d'aucunes ne reculent vraiment devant aucun sacrifice :-) :-) :-) :-) :-) !!!!
Très chouette billet ! Et saches que si tu as retrouvé le goût et le plaisir d'écrire avec ce blog, c'est également pour la plupart de tes lecteurs un véritable délice de te "lire".
Je découvre ce blog après avoir découvert avec plaisir tes superbes tutoriaux pour DC, et je crois que je vais approfondir ma lecture ! :P