Depuis 2001 environ (me souviens évidemment plus très bien), je participe à un forum de passionnés d'opéra. Je renoue par ce biais avec le web, que j'avais approché quelques années plus tôt en réalisant un site (tout en tableaux, wéééééé) associé à la revue littéraire dont j'assurais la maquette. Je vois beaucoup de spectacles mais ma fichue mémoire me fait toujours autant défaut. Je voudrais conserver la trace de ces impressions d'écoutes. Le forum n'est pas adapté à cela, je ne vais pas envahir un espace collectif avec mes trucs-machins à moi et mes copains doivent saturer de mes mails si naïvement enthousiastes. Il me faut un petit coin tranquille.

Sur le forum MacBidouille, je demande à un utilisateur avec lequel j'ai lié connaissance s'il connaît un outil simple pour faire des pages web, ça m'amuserait bien de profiter de l'occasion pour toucher à nouveau à de la mécanique ; le tricot commence à me lasser.[1] Angrave me suggère d'ouvrir un blog : essaie DotClear, c'est français, ça vient de sortir en bêta, c'est conforme xhtml css. Conforme ? Beurk, chuis pas conformiste moi. Ah, aux standards du web ? Aaaaaaaah boooooooon ! Ah uéééééé ben d'accord alors. Hum, dis... c'est quoi les standards du web ? Le premier plaisir fut celui-là : découvrir une nouvelle tribu, m'amuser avec le code, repeindre les murs et le plafond, me raconter Macbeth et Lucia pour y revenir.

Celui que j'avais oublié et qui me revient au galop en 2004, c'est écrire.

Oh, pas écrire « pour de vrai ». Pas écrire pour vivre, pas cette écriture qui fait urgence et déchirements, comme celles et ceux que j'admire tant[2] et dont je me vante à la moindre occasion d'être l'amie. Pas même écrire pour dire. Décidément dilettante, écrire pour jouer avec les mots, les tourner en bouche pour leur sonorité, les trousser pour en admirer les dessous, les tordre et les assembler.

Mouvement Devaquet Détourner Brel pour des manifestations et écrire des sketches pour Brins d'Filles au lycée. Jouer au jeu de massacre avec la prof de français en sixième. Clamer en français du Jose Maria de Heredia, petite fille sur les genoux de mon père qui le prononce avec quelques secondes d'avance en espagnol pour jouer à la traductrice simultanée.

Se tenir à carreaux en quatrième pour décrocher LA récompense si la classe était sage : la lecture de l'un des Exercices de style de Queneau. Quelques romans entamés dans les années lycée qui ne passèrent pas le cap des dix premières pages de mes cahiers Conqueror. Choisir un métier qui dissèque les mots, se régaler d'ouvrages typographiques et se pâmer devant une Linotype.

Et puis plus rien. Pas d'amis au loin auxquels écrire, plus d'amoureux à Menton, plus de manifs. Ecrire des lettres administratives et des recettes de cuisine (même pas).

Retrouver tout ça ici. A petits pas, puis jusqu'à la goinfrerie, s'en lècher les babines, s'en emplir la panse. Et les patates en plus. J'avais oublié ces délices. Merci mon blog.

Notes

[1] Oui oui, le tricot c'est comme les patates ou le html, je vous assure.

[2] Ecoutez-la, c'est elle qui lit l'extrait sur cette page.