1999:39 cinéma
Par Anna Fedorovna le mardi 14 novembre 2006, 19:39 - Mes petits cailloux - Lien permanent
C'est la fête : l'épisode I (dans la chronologie de l'histoire), quatrième film tourné après le paquet de trois de mes seize ans, de Star Wars vient de sortir. Evidemment, j'y vais. Cet événement planétaire en cache un autre : Kozlika est allée au cinéma. Je n'y vais que très rarement et quasiment uniquement pour des séries B ou autres grands films d'aventure. Jamais plus jamais pour de « vrais » films, de ceux qui vous font réfléchir ou créent une émotion autre que ludique.
Il fut un temps où j'y suis beaucoup allée : quand ma grande sœur m'emmenait avec elle. Les films qu'on va voir à dix-douze ans ne sont pas les mêmes que quand on a le double, mais que n'aurais-je fait pour entrer dans le cercle des grands ! Alors j'ai vu Family Life et Orange mécanique à dix ans, Le Dernier Tango à Paris et Lacombe Lucien à onze, Dersu Ouzala et Les Valseuses à treize, etc.
Une longue suite de cauchemars dont je revivais les épisodes au milieu de mes nuits pendant des semaines entières d'angoisse, d'autant que je suis affligée du mal d'être très bonne éponge. On dit « bon public » je crois. Et toutes ces choses que je ne comprenais pas et qui semblaient si empruntes de malaise. Family Life, notamment, me bouleversa au point que trente ans après j'y pense encore.
Alors je ne suis plus allée au cinéma, je me suis mise à détester les salles obscures, pièges maléfiques qui vous emprisonnent de leurs menaces fantômes, et je ne suis plus retournée dans les fauteuils de velours que pour Star Wars, Crocodile Dundee et autres Coup de foudre à Notting Hill, tant pis pour ma culture ;) Ah si, une fois, avec un homme qui tenait absolument à m'y emmener. Il y avait deux salles côte à côte, on y jouait Le Mur et 2046. Evidemment il a voulu voir Le Mur, mais ça c'est une autre histoire...
Et heureusement, ma frangine n'a pas fait que m'emmener voir des films affreux, elle m'a aussi appris à danser le twist et le madison !
Commentaires
Ha je comprends pourquoi quand j'avais envoyé les invitations pour le ciné, tu avais gentiment refusé :-)
J'ai beaucoup emmené Luciole au cinéma. Mais c'était plutôt le Livre de la jungle ou Bambi :-)
(Star Wars, ouiiii ? :p )
Comment ça des films affreux ? Mais quelle chance d'avoir vu du Louis Malle ou du Kubrick à leur sortie (6 en dessous de l'autorisation légale, tiens), du Bertulicci à 11 (heu, t'avais pas l'âge autorisé non plus au fait ! ^^), trop fort, et puis évidemment, le film écologique par excellence de Kurusawa, n'y a-t-il pas eu une influence positive sur mini-Koz' ? :) T'imagines que j'ai découvert Tarkovski il y a moins d'un mois, mais comme j'aurais troooop voulu le découvrir super jeune (ça fait partie du "etc", j'espère, sinon ta soeur t'as fait rater quelque chose d'immense :p)...
Il faut te (re-?)cinéphiliser, t'imagines que je ne l'ai même pas vu moi ce Ken Loach, mais quelle chance ! (y'avait que des trucs nuls dans ma province, ça pas de problème, tiens... -_-)
L'empathie n'est pas franchement ta qualité première, hein Palpat' ? :-D
Pourquoi ça, voyons, le tout est de bien "contrôler" ;) ; la qualité première du cinéma, c'est justement l'émotion, pas le divertissement (beark !). Mais c'est plutôt la sympathie ma première qualité ;) (enfin, j'espère :p ; toutes acceptions confondues, précisé-je)
Comme je comprends ce que tu dois ressentir ! Moi aussi il m'arrive de sortir d'un film comme si ce qui s'était déroulé sur l'écran m'était arrivé personnellement, pressée comme une éponge... L'empathie, quelle plaie !
Du coup je fais presque comme toi maintenant : je ne vais dans les salles obscures que pour des dessins animés délirants, des grands films d'aventure ou de science-fiction, etc. que quand je suis sûre de m'évader quoi...
Et puis faut dire que de nos jours, y'a plus des masses de films qui vallent vraiment le détour :'( Ou alors c'est que j'ai perdu la curiosité de m'informer... Ou que je suis devenue radine et que ça me fait braire de de voir payer sans être sûre que je vais passer un vrai bon moment ou que je vais voir un vrai chef d'oeuvre...
Mais quand-même : Orange Mécanique à l'âge où tu l'as vu O_o Déjà à l'âge adulte j'ai trouvé ça très fort, certes, mais particulièrement éprouvant à regarder !
Petit précision au sujet d'un propos de Palpatine :
Heu, jusqu'à preuve du contraire, l'empathie n'est justement pas quelque chose qui se "contrôle" mais qui vous submerge ;-)J'adoooore le cinoche, mais disons qu'il y a un film pour chaque moment. Selon mes humeurs, j'irai voir du drôle ou du émouvant (et si c'est du émouvant, je ne me prive pas du tout de pleurer à chaudes larmes devant l'écran). Le dernier film qui m'a vraiment pris aux tripes était "Requiem for a dream", en sortant impossible de rentrer direct à la maison, il a fallu que j'aille voir une connerie pour me vider la tête.
Petite c'est "Les valseuses" qui m'avait marqué. Et pourtant, juste vu à la télé, alors au cinoche... gasp !
@Catioucha: hé oui, toute la différence entre empathie et sympathie, mais ça ne veut pas dire que l'on reste indifférent ;). À défaut de grand chef-d'oeuvre intersidéral (il n'y en a qu'un par an, mais des chef-doeuvres tout court, on en trouve), il y a cette année un nombre ahurissant de très très bons films, j'amorti ma carte ugc illimitée toutes les semaines, c'est vraiment impressionnant. Il suffit de savoir regarder ;).
Je me souviens de ma prof de philo nous parler de Family Life. J'ai vu ce film quelques années plus tard, je savais que je devais le voir, je ne m'étais pas trompé. J'entends encore ses mots, forts, précis, qui exprimaient la rage, la révolte contre l'oppression familiale et sociale, comment la famille, le clan peuvent détruire une identité jusqu'au néant.
C'était Ken Loach, c'était les années 70 et l'antipsychiatrie, le concept d'insécurité ontologique, et un autre regard en l'occurence sur la schizophrénie.
Le regard de ma prof de philo, Jacqueline, était différent, je l'ai ressenti comme cela, ce fut une de mes premières bouées, mais à ce moment là le mot "gayfriendly" n'existait pas.
Merci à toutes les Fées.
Je comprends, dans le noir de la salle on prend tout en pleine figure. Et on peut tituber ensuite pendant des semaines...
Mais c'est quand même bien le ciné, je ne peux pas envisager de m'en passer !
Palpatine, le manque d'empathie dont je parle n'est pas ta propre perception du cinéma mais le commentaire en lui-même. En gros c'est comme si tu disais à quelqu'un de très triste : mais voyons, ne pleure pas, je n'ai pas de chagrin moi.
A dire vrai « manque d'empathie » tient de l'euphémisme. Sur ce billet ça n'a pas beaucoup d'importance, mais tu devrais prendre la bonne habitude de ne pas présupposer que ce qui vaut pour toi vaut pour les autres et leur asséner ta vérité comme universelle.
Mais pourquoi ça te gêne pas d'avoir de l'empathie pour Lucia di Lammermor ? Comment se fait-il que cette empathie t'empêche d'apprécier les films et t'aide (le mot est peut-être mal choisi) à aimer l'opéra ?
Ah ben merdalors, c'est une super bonne question ça didonc ! J'y réfléchis et je reviens ici.
Ca c'est de la question de première catégorie en effet ! (rire) Je suis curieuse de voir le billet qui va naître pour creuser cette question épineuse !
@Palpatine : je ne veux pas pourrir le billet de Kozlika en te répondant en long et en large, alors je dirais juste +1 pour ce qu'à dit Kozlika ci-dessus, et pour ce qui est de la grande quantité de films de qualité etc., je dirais juste qu'à Paris c'est peut-être plus facile d'avoir tout ce choix, dans mon auvergne natale, y'en a légèrement moins, et aussi les goûts évoluent et changent et on n'est pas obligés d'être des cinéphiles acharnés pour être heureux dans la vie ;-) Je trouve mes sources de satisfaction ailleurs qu'au seul cinéma, et ça ne me manque pas du tout de ne plus y aller, donc pourquoi en faire une pendule :-P Chacun sa façon de voir et de faire^^ Non ?