1990:30 un chou, une rose
Par Anna Fedorovna le jeudi 23 novembre 2006, 17:54 - Mes petits cailloux - Lien permanent
20 décembre 1990, 0h45. C'est une fille ! J'ai passé ma grossesse entière à m'endormir en n'importe quelles circonstances, dans n'importe quelle position et à n'importe quelle heure du jour. J'ai mis en place un attirail de ruses de Sioux pour convaincre Meusa que le meilleur endroit du monde c'est au lit avec Maman, sur le canapé avec Maman, dans une chaise longue avec Maman, et le reste avec Papa et les autres grandes personnes. La télé a été déplacée dans la chambre et je me livre sans scrupules aux plus éhontées des manœuvres : « Ooooooooooh, chouette alors, dis, Meusa, c'est l'heure de la Petite Maison dans la prairie, trooooobien ! » Et hop ! tous les deux sous la couette, en faisant attention de ne pas ronfler trop fort pour ne pas le déconcentrer de « La P'tite Marie de la maison », comme il disait, ou autres passionnants feuilletons ou émissions enfantines qui m'assuraient ma sieste pépère.
(Oh mandieumandieumandieu, elle fait regarder la télé à son fiston à peine sorti du moule, le pôôôôôvre ! L'instrument du Mal dans nos maisons, le malheureux enfant va devenir bête comme ses pieds, idôlatrer PPDA et refuser d'aller jouer dehors ! Mauvaise mère ! Putréfaction ! Che Guevara va se retourner dans sa tombe ! – Oh foutredieu, mais que c'est booooon de dormir !)
Je n'ai pas voulu connaître le sexe de mes enfants dès les échographies, j'aime bien les surprises et ne l'apprendre qu'à la naissance me semblait participer au déroulement complet du rituel tel que je l'imaginais depuis l'enfance. Et me voilà de retour à la maison pour le réveillon de Noël avec ce nouveau bébé (Et le bébé il va où, lui, maintenant que tu rentres ?, me demande Meusa en venant me chercher à la maternité). Une petite fille pour la plus grande satisfaction de tous. Surtout des autres. Nous voulions un deuxième enfant mais le sexe d'icelui nous importait bien moins qu'à notre entourage. C'est un phénomène assez curieux que la plupart des parents finalement s'en fichent tandis qu'autour d'eux (y compris ceux qui pourtant sont parents eux-mêmes) le souhait d'une diversité des sexes semble aller de soi.
(Lorsque mon amie Claire a accouché de son troisième garçon, quelqu'un lui demande, évidemment : « Ah, ben tu vas en faire un autre alors, pour avoir la fille ? » « Seulement si j'ai très envie d'un quatrième garçon », répondit ma copine-à-moi. Et toc.)
Pas d'enfant unique, c'était surtout ça qui nous importait, à l'un comme à l'autre. Et si le choix d'avoir des enfants ensemble s'était fait au terme de longs mois, années même, s'il avait fallu vaincre les réticences de mon compagnon pour notre premier, la décision de mettre en route le deuxième ne fut examinée que sous l'angle de l'écart (théoriquement) idéal entre eux. Mon compagnon était l'avant-dernier d'une fratrie de cinq, plus tribu que famille à bien des égards, et quoi qu'il en dise créant des souvenirs d'enfance heureux. Compte tenu de notre écart d'âge entre ma sœur et moi, qui en fit plus une deuxième petite mère qu'une frangine, je me sentais plutôt enfant unique et m'en désolais. D'autant que mes parents, fort désobéissants, avaient refusé de me fournir le grand frère un peu plus âgé que moi que je leur demandais.
Je ne sais pas ce qu'il adviendra des relations entre mes enfants lorsqu'ils seront adultes tous les deux. Leurs premières années et aujourd'hui encore pour une large part furent plutôt bagarreuses, franchement hostiles, même, à certaines périodes. Je commence à comprendre ma belle-mère qui se rend malade à chaque conflit entre ses enfants (50 à 65 ans et ça dure encore...). Ce doit être difficile pour des parents de constater que leurs enfants n'ont rien à se dire, rien à partager que des rancœurs ou de l'indifférence.
En revanche, en tout cas pour ce qui me concerne, avoir deux enfants m'a permis d'écarter le fantasme de la toute-puissance ou de la toute-culpabilité parentale : ils sont si terriblement différents qu'il faudrait être de bien mauvaise foi pour s'imaginer qu'ils ne se construisent pas aussi ailleurs que dans votre petite cellule familiale !
Commentaires
"Oh foutredieu, mais que c'est booooon de dormir !"
Je crois que je vais m'en faire un t-shirt. C'est fou comme, même avec un bébé qui dort tranquillou ses onze heures par nuit, la fatigue résiduelle dure et perdure... alors la télé occupation pendant les siestes, franchement, c'est un moindre mal (et pourquoi pas un joli bien, par moments, il ne s'y passe pas que des horreurs, dans la télé).
Heureusement en tout cas que les enfants d'une même couvée ne sont pas identiques et qu'ils se frottent très tôt à l'extérieur. C'est quand même un peu pour ça qu'on les fait. Quant à l'obsession des gens à savoir "ce que c'est ? Un bébé pardi" et à ingérer et projeter sur les autres leurs propres fantasmes sur le sexe, le nombre d'enfants, leur écart et leur éducation...
Epuisant.
Allez zou. Une sieste au bureau ?
L'écart idéal, il faut le demander à ma mère prof de math : entre moi et ma sœur, il y a 18 mois et 11 jours. Entre ma sœur et mon frère, il y a dix-huit mois et onze jours. Et à dix huit mois et onze jours de différence, les engueulades ont toujorus été rares. (Par contre, à trente-six mois et vingt-deux jours, c'est plus courant.)
Ha ouiiiii dormir c'est bon… Le nombre de fois où je me suis moi-même endormie en leur chantant une berceuse… Pour les familles monosexe (j'ai 4 sœurs, pas de frère et trois filles, pas de garçons), j'en est entendu des vertes et des pas mûres. Et même des très désagréables, des connes qui m'ont sorti, devant mes filles, qu'avoir un garçon, quand même, c'est mieux… Je leur répondais assez agressivement « Un garçon, pourquoi faire ? un nul à l'école, qui va me faire que des conneries. » Je sais, tous les garçons ne sont pas comme ça, mais elles m'énervaient trop.
Pas cool du tout, à l'heure où je vous lis (13h46), habituellement, j'ai incliné le dossier de mon énorme fauteuil encuir qui bruisse d'aise, et je me tape une petite sieste d'une demi heure au bureau. C'est réglé comme du papier à musique pas une minute de plus ou de moins (vous savez ce que c'est... la musique) La tête bien calée sur le dossier et vazy que je dors traquille. Bah là, c'est raté :o)
J'indiquerais que l'écart idéal est celui que je partage avec ma soeur, à savoir environ 5 ans. Ça évite aux parents d'avoir deux mioches-à-tout-le-temps-surveiller-en-permanence en même temps (du genre des filles qui aiment bien le rebord de la fenêtre, vaut mieux pas que le second soit du même style), puis ça réduit la période des deux adolescences synchronisées (déjà que un, on ne sait pas trop quoi en faire, deux, c'est la catastrophe assurée), et cela a un intérêt financier certain : non seulement l'écart permet la récupération du biberon aux habits (plus d'écart et ce ne serait viable), mais en plus, cela évite d'avoir à payer deux études supérieures simultanément. Comptez bien : deux loyers, deux écoles (qui vont de l'université à 300€ jusqu'à l'école d'ingé privée à 6500€...), et j'en passe, c'est un coup à s'endetter sévèrement, ou à faire bosser pendant les études (autant dire que bon nombre d'études supérieures s'en trouvent bien ruinées tout à coup).
5 ans, donc. On s'est tapé dessus avec ma soeur pendant 2 ans tout au plus, c'est tout (notre ami Kozlikataire a évidemment trouvé le comment ;). S'est trompé de billet pour commenter, d'ailleurs, à vue de nez ^^). Mais on s'est toujours adoré :p (en plus, ça forme une relation jedi/padawan, ma p'tite soeur c'est une scientifique sous Linux qui écoute du Rammstein :) ).
Si je comprends bien tous les commentaires, l'écart idéal entre les enfants c'est celui qu'il y a entre vous et vos frères et soeurs, c'est bien ça ? Tu as omis de mentionner, Koz, le mot de l'échographe quand tu lui as dis que tu ne voulais pas connaître le sexe de l'enfant :"il a pourtant tout ce qu'il faut cet enfant". Tu avais oublié ?
palpatine, j'ai à peu près le même écart avec mon frère et on s'est tapés dessus environ 15 ans. Je crois que l'idéal dans ce domaine n'existe pas, le plus important c'est le moment où on se sent capable de passer de la famille à 3 à la famille à 4 (5-6-7-8...)
MarcelD, je suis vraiment désolée d'avoir gâché ce moment sacré !
la grande bécasse> oui. ma famille est parfaite.
Puisque chacun donne sa recette, moi j'dis que le meilleur écart entre deux frères, c'est neuf cents kilomètres !
Uh uh, Ka \o/
La Grande Bécasse > aaaaah oui ! tu as mille fois raison, je me souviens que le gars n'en pouvait plus de n'avoir pas le droit de me dire, ça lui brûlait les lèvres au pauvre type.
Akynou, les garçons c'est pas si mâle ;-)
Une amie qui avait trois garçons et qui ne voulais pas savoir pour le/la quatrième....
L'échographe lui demande : "Les trois précédents aussi sont des garçons ?" ;-)
Bonjour,
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” 20 décembre 1990, 0h45. C’est une fille ! J’ai passé ma grossesse entière à m’endormir en n’importe quelles circonstances, dans n’importe quelle position et à n’importe quelle heure du jour. J’ai mis en place un attirail de ruses de Sioux pour convaincre Meusa que le meilleur endroit du monde c’est au lit avec Maman, sur le canapé avec Maman, dans une chaise longue avec Maman, et le reste avec Papa et les autres grandes personnes. La télé a été déplacée dans la chambre et je me livre sans scrupules aux plus éhontées des manœuvres : « Ooooooooooh, chouette alors, dis, Meusa, c’est l’heure de la Petite Maison dans la prairie, trooooobien ! » Et hop ! tous les deux sous la couette, en faisant attention de ne pas ronfler trop fort pour ne pas le déconcentrer de « La P’tite Marie de la maison », comme il disait, ou autres passionnants feuilletons ou émissions enfantines qui m’assuraient ma sieste pépère.
Je n’ai pas voulu connaître le sexe de mes enfants dès les échographies, j’aime bien les surprises et ne l’apprendre qu’à la naissance me semblait participer au déroulement complet du rituel tel que je l’imaginais depuis l’enfance . Et me voilà de retour à la maison pour le réveillon de Noël avec ce nouveau bébé (Et le bébé il va où, lui, maintenant que tu rentres ?, me demande Meusa en venant me chercher à la maternité). Une petite fille pour la plus grande satisfaction de tous. Surtout des autres. Nous voulions un deuxième enfant mais le sexe de celui-ci nous importait bien moins qu’à notre entourage. C’est un phénomène assez curieux que la plupart des parents finalement s’en fichent tandis qu’autour d’eux le souhait d’une diversité des sexes semble aller de soi.
(Lorsque mon amie Claire a accouché de son troisième garçon, quelqu’un lui demande, évidemment : « Ah, ben tu vas en faire un autre alors, pour avoir la fille ? » « Seulement si j’ai très envie d’un quatrième garçon », répondit ma copine -à-moi. Et toc.)
Pas d’enfant unique, c’était surtout ça qui nous importait, à l’un comme à l’autre. Et si le choix d’avoir des enfants ensemble s’était fait au terme de longs mois, années même, s’il avait fallu vaincre les réticences de mon compagnon pour notre premier, la décision de mettre en route le deuxième ne fut examinée que sous l’angle de l’écart (théoriquement) idéal entre eux. Mon compagnon était l’avant-dernier d’une fratrie de cinq, plus tribu que famille à bien des égards, et quoi qu’il en dise créant des souvenirs d’enfance heureux. Compte tenu de notre écart d’âge entre ma sœur et moi, qui en fit plus une deuxième petite mère qu’une frangine, je me sentais plutôt enfant unique et m’en désolais. D’autant que mes parents, fort désobéissants, avaient refusé de me fournir le grand frère un peu plus âgé que moi que je leur demandais. “
http://www.kozlika.org/kozeries/ind…
Merci de me dire si cela vous pose problème.
Bonne journée,
Aurélie
monmeilleursouvenir@ymail.com
MON MEILLEUR SOUVENIR.COM
www.monmeilleursouvenir.com
Oh tiens, on frise l’insistance là non ?