A vous de choisir : Ai capricci della sorte
Par Kozlika le lundi 14 mai 2007, 22:10 - Lien permanent
Allons-y pour choisir la douzième piste de Radio Kastafiore. Aujourd'hui un extrait de L'Italienne à Alger, un opéra joyeux et mouvementé de Gioacchino Rossini. Si vous avez l'occasion de mettre la main sur une intégrale, je vous recommande chaudement de vous mettre à l'abri des regards moqueurs des imbéciles, de vous emparer d'une baguette chinoise ou d'une pique à brochette puis de lancer pleins gaz l'ouverture de cet opéra sur votre platine. Vous allez voir, ça se dirige très bien ! ;)
Je vous l'ajoute d'ailleurs à la liste ci-dessous !
J'ai eu du mal à sélectionner un air, tant il y en a qui pourraient figurer avec bonheur dans Radio Kastafiore ! Nous avons donc ici un duo entre une mezzo et un baryton, Isabella et Taddeo. La scène, une dispute, se situe au premier acte. Isabella et Taddeo ont échoué à Alger devant la villa de Mustafa, un bey qui retient déjà prisonnier d'autres Italiens, parmi lesquels le fiancé d'Isabella, Lindoro (la vie est bien faite à l'opéra hein ?).
Je vous passe les détails de l'histoire complète mais disons qu'à ce moment de l'opéra Taddeo comprend qu'il s'est fait manipuler par Isabella qui lui laissait croire qu'elle pourrait l'épouser et ne visait en fait qu'à aller déliver son amoureux. D'où la dispute-réconciliation de ce duo, l'un et l'autre comprennant qu'ils devront être solidaires pour sauver leur peau et celle des autres prisonniers.
A vous de me dire quelle interprétation vous préférez :
Je n'en mets que trois car j'ai des soucis avec le lecteur CD de mon ordi et de plus ce duo est assez long, mais je pourrai en ajouter par la suite quand on aura choisi. Il y a plein de versions intéressantes.
Les paroles :
Isabella
Devant les caprices du sort
Je sais me montrer indifférente
Mais je suis lasse de supporter
Un jaloux impertinent, oui
Je suis lasse de supporter (etc)
Taddeo
J'ai plus de flegme et de prudence
Que n'importe quel amoureux
Mais d'après le passé je comprends
Tout ce qui peut advenir, oui
je comprends, je comprends (etc)
Isabella
Avoir un amant stupide est un vrai supplice
Taddeo
Une femme rusée est une calamité
Isabella
Mieux vaut un Turc qu'un coquin
Taddeo
Mieux vaut l'échec en amour que tenir la chandelle
Isabella
Mieux vaut un Turc...
Taddeo
Mieux vaut l'échec...
Isabella
... qu'un coquin.
Taddeo
... que de tenir la chandelle
(etc)
Isabella
Va t'en au diable, à ta perte !
Je ne veux plus, non,
Je ne veux plus ergoter avec toi
Taddeo
Bonsoir : oui... madame,
j'ai fini de devenir fou.
(etc)
Isabella
(Mais aux mains des barbares,
sans un ami
comment me diriger ? Quelle sale affaire !
Que dois-je décider ? Que dois-je faire ?
Que dois-je décider Quelle sale affaire ! etc.)
Taddeo
(Mais si ensuite
on me conduit au labeur,
comment tenir le coup,
moi qui suis fragile ?)
Isabella, Taddeo
Que dois-je décider ? Que dois-je faire ? (etc.)
Taddeo
Madame Isabella ?
Isabella
Monsieur Taddeo ?
Taddeo
(La furie se calme à présent.)
Isabella
(Le benêt rit.)
Taddeo
Resterons-nous fâchés ?
Isabella
Que vous en semble ?
Isabella, Taddeo
Ah ! non, unis pour toujours
sans soupçons ni disputes,
pour mon grand plaisir
nous serons nièce et oncle[1] (etc.)
et tout un chacun nous croira.
Taddeo
Mais ce bey, madame,
me cause un grand souci.
Isabella
N'y pensons pas pour l'instant,
il arrivera ce qu'il arrivera, oui, oui (etc.)
Isabella, Taddeo
Ah ! non, unis pour toujours ... (etc.)
(ils sortent.)
Notes
[1] Ah oui j'ai oublié de dire que Isabella a trouvé cette ruse des liens de parenté pour expliquer la présence de Taddeo à ses côtés.
Commentaires
Pour moi : la version la plus jolie, tout en restant rigolote et brillante, est la version numéro 1.
(Ravissant timbre de la jeune manipulatrice, tout en souplesse et en moelleux, en plus...)
Un vote de plus en faveur de la première version.
C'est selon moi celle qui est la plus harmonieuse.
La musique, le phrasé et les timbres de voix sont
à la fois agréables et péchus. Vraiment très
agréable à écouter et a ré-écouter.
Sans réserve, le duo N° 2
Je vote aussi pour la version n° 1 : si agréable à écouter : de très bons moments ; et cette ouverture ! Que du plaisir !
la 2, elle est si bien jouée ! (mais la voix de la chanteuse de la 1 est vraiment pétillante et malicieuse)
L'Italienne à Alger ! quelle bonne idée ! Je l'ai vu il y a une dizaine d'années à l'opéra de Bologne et j'en ai un souvenir émerveillé. Mais quel choix cornélien... Et d'abord comment faire avec Rossini: mezzo ou soprano? c'est quoi l'esprit du bel canto exactement ? La p'tite n°1, qui n'a pas, je crois, l'heur de plaire à la dame des lieux, est bien à son affaire (je reconnais qu'elle passe mieux au disque car son filet agile a du mal à remplir les théâtres et leurs baignoires, mais elle a si bien servi Rossini!). J'aime tout : aussi la 2 et l'historique 3e, émouvante, presque mélancolique. Mais s'il faut choisir, je choisis de rester dans le main stream: 1. Et une requête aussi: à quand la donna del Lago?
1ère version une mezzo à la mode ... qui confond souvent chant et virtuosité 12/20
2ème version Le must du must,je suis un inconditionnel 19/20
L'infinie élégance naturelle de cette mezzo force l'admiration mais le tempo est trop lent et l'interprétation un peu surrannée :13/20
Je lis votre Blog depuis longtemps sans oser y participer ! Voila, c'est Fait !
Bravo pour radio castafiore
Caroline > "La p'tite n°1, qui n'a pas, je crois, l'heur de plaire à la dame des lieux" : chuuuuuuuuuut, mais tais-toi donc, ces pervers sont capables de la choisir rien que pour m'embêter ;)
Et bienvenue à Antiochus le timide et à toi :)
--->2 ! (moi pas perverse…)Version 1. Très séduisante, mais dans ce duo de circonstance, j'entends assez vite aussi la virtuosité un peu surjouée pour la Madama, accompagnée de mille œillades et grimaces vocales. La voix du Gentleman (que j'ai entendu sur scène et que j'apprécie beaucoup) ne me paraît ici pas tout à fait assez leste et il me semble qu'il compense en grossissant un peu le trait. Ils me paraissent plus investis dans le désir de briller que dans la scène qu'ils jouent. :-(
Version 3. J'aime bien sûr beaucoup la vénérable 3, son classicisme et son équilibre. Mais dans ce jeu de comparaisons, elle me paraît, par rapport à la 2, un tout petit peu en retrait, presque trop sage et trop "rodée". :-)
Version 2. Elle n'a pas pris une ride, un vrai feu d'artifice. Nous sommes transportés sur scène, sans rien perdre sur le plan vocal. On peut l'écouter dix fois de suite et c'est toujours aussi vivant, aussi spirituel, ils sont à donf dedans et moi avec. Mrs. 2 est au top et ne poitrine pas, les voix sont pleines, rondes et amples, ils chantent ça comme des poissons dans l'eau (euh ???), un régal… :-D
Enfin, juste mon avis, hein.
Merci Kozlika !
Il m'a fallu entendre trois fois la une et la deux pour les départager. Je cède trop facilement aux sirènes de la virtuosité mais elles finissent par se taire au fur et à mesure des écoutes.
Et au final, c'est la deux qui remporte mon suffrage.
Evidemment je ne connais pas cet opéra, mais sans hésitation je vote pour la 3 qui a un côté "rigolot", la voix un tantinet ancienne des interprètes. De plus, j'aime assez cette association de voix.
PS au passage : dis, je voudrais m'acheter Lakmé, tu peux me redire quelle version tu me conseilles ?
PS bis : la version de la Traviata que tu m'as recommandée est une pure merveille, j'oscille entre la chair de poule et la larme à l'oeil à chaque écoute.
C'est dur quand même... ! (enfin pour moi, qui ne reconnaît aucun interprète).
J'aimais beaucoup la 1, mais à force je trouve la voix de la 2ème chanteuse vraiment très très jolie :o)
Va donc pour la 2.
Mais la 3 n'est pas mal non plus ! C'est vrai que les voix y sont très bien assorties
2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2
Je clos les votes mercredi soir au fait. A mon retour de Wagner à Bastille ;)
tout à fait d'accord avec Antiochus : j'aime beaucoup la mezzo du trois mais pas son partenaire et la version 2 est la pus "équilibrée" pour un duo.
En tout cas merci !
Rha, merci ! j'ai eu peur au début que le premier duo l'emporte. Miséricorde, Bartoli dans ma radio, aurais-je survécu ? ;)
Car il s'agissait bien de Cecilia Bartoli, avec Bryn Terfel, issu d'un CD de duos qu'ils ont enregistré sous la direction de Myung-Whun Chung. Je rejoins onyxcmr : techniquement je n'ai rien à redire, c'est agile, elle franchit les difficultés les doigts dans le nez, mais j'ai plus le sentiment d'une performance en gymnastique.
J'aime bien le troisième, issu de l'intégrale dirigée par Gabriele Ferro en 1979 avec Lucia Valentini-Terrani et Francisco Araiza, deux chouchous de ma copine Catherine, grande spécialiste de Rossini.
C'est l'interprétation de la superbe Marylin Horne et Domenico Trimarchi, que vous avez choisie, comme je l'aurais fait moi-même :) Au-delà même de ce duo, cette intégrale dirigée par Claudio Scimone est ma préférée (l'ouverture dont je vous ai proposé l'écoute avec les extraits ci-dessus en est extraite). Cette mezzo est époustouflante d'agilité (et quel coffre !) mais place toujours en avant l'interprétation du rôle plus qu'un numéro d'acrobaties vocales. Il paraît qu'en plus la chanteuse est drôle et fort sympathique, ce qui ne m'étonne pas.
Zou ! dans Radio Kastafiore ce soir !
Excellent choix ! je suis heureux de savoir qu'il n'y a pas que moi qui considère que la "célébrité" de Bartoli repose sur un pseudo talent qu'elle aurait. à mon avis c'est une usurpatrice au sein du monde lyrique.
Quand à Marilyn Horne que j'ai eu la chance de d'écouter, il y a quelques années en récital à Bordeaux c'est la plus grande mezzo colorature de sa génération (et de quelques autres)et nous attendons encore la relève ... Ce n'est certe pas Marie-Nicole Lemieux (qui s'imagine faire un copier-coller) et la peu sûre Vivica Genaux qui pourront la remplacer. A ce jour, Marilyn Horne à 77 ans et, malheureusement elle est très malade ...Une petite pensée pour elle.
Je viens de voir qu'Antiochus avait déjà tout dit sobrement avant que je n'en fasse des tartines !!
À part ça :
Pour Barbara Bonney (dont j'ai vu le nom quelque part sur le site), j'aime beaucoup son disque grieg/sibelius/stenhammar... (diamonds in the snow).
Et je l'ai beaucoup aimée aussi en récital il y a 6 ou 7 ans.
Comment était Lohengrin avant-hier ? Et Mireille Delunsch plus particulièrement ?
Bonjour à tous,
j'ai découvert ce site il y a quelques jour. Ces écoutes comparées sont vraiment très intéressantes, merci Kozlika!
A mes oreilles, la version 2 est insupportable, Taddeo a un vibrato "wagnerien" crispant complètement déplacé et Isabella chante faux dans le grave. En plus, ça sonne maniéré.
La 1 est la plus virtuose et la plus impressionante techniquement, et de loin. L'orchestre aussi est d'un grande agilité. On sens très bien que c'est un récital, un show quoi, sans histoire derrière.
Celle que je préfère, que ce soit pour l'homogénéité, la qualité du jeu, le tempo, les timbres c'est la 3.