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« Quand Luciano Pavarotti chante, le soleil se lève sur le monde. » (Carlos Kleiber)

J'étais de ceux qui aimaient « Big Lulu », sa voix chaude et radieuse-radiante. Luciano Pavarotti aura lui aussi choisi l'année 2007 pour disparaître, comme d'autres chanteurs parmi mes préférés : Régine Crespin, Beverly Sills et Teresa Stich Randall.

Il est parti très vite, quelques mois après la découverte d'un cancer du pancréas. Il laisse un monceau d'enregistrements au disque ou en DVD, de qualité inégale tantôt tout au service de la musique tantôt versant dans le chobiz et l'alimentaire. J'avoue ne m'intéresser que très modérément à sa participation aux concerts avec U2 ou avec les Spice Girls ;)

Comme pour les autres chanteurs (Natalie Dessay et Anna Moffo comprises, puisqu'on m'a déjà posé la question), je n'accorde que peu d'importance à sa personnalité, sa vie, ses avis, son argent. Il arrive que certains parcours me touchent plus que d'autres, je pense à celui de Beverly Sills par exemple, qui interrompit sa carrière pour s'occuper de ses deux enfants lourdement handicapés mentaux puis la reprit plusieurs années plus tard, sans jamais se départir de son enthousiasme ni de son humour ni jouer sur le pathos à grands coups de magazines people qui auraient sanctifié la mère sacrificielle. Elle préférait de loin boucler ses récitals par un numéro d'autodérision désopilant en forme de pot-pourri des grands airs d'opéra et les dernières minutes de ses adieux à la scène[1] sont un modèle de sobriété et de simplicité sous lesquelles perce son émotion.

Rien de sobre, vraiment, chez Big Lulu, de ses répétitifs adieux à la scène la larme à l'œil – et ses retours tout aussi nombreux – à l'entreprise de starification des « Trois Ténors », en passant par le montant qu'il réclama pour ses cachets dès que sa notoriété le lui permit. Ne riez pas, on a le même à la maison, (qui lui rend d'ailleurs hommage), sauf que celui-là est peut-être parti caracoler en tête un peu trop tôt et risque de s'essouffler plus vite...

Rien de sobre ? Ah si ! Son chant[2], et c'est ça qui m'importe. Bien sûr, il faut aimer le timbre moelleux, rond et chaud du ténor. Certains (et certaines) le trouvaient à leur goût trop moelleux, trop rond, trop chaud et en quelque sorte s'engluaient dans tout ce sucre, mais ils m'accorderont qu'il n'y rajoutait pas d'effets[3] et qu'on ne peut lui faire reproche à cet égard. A contrario, je ne reproche pas à Placido Domingo son timbre viril et sa ligne de chant martiale – hum, il y a sûrement des termes plus musicologiques que ceux-là mais ce sont les adjectifs qui me viennent à l'esprit ! – mais je ne l'apprécie pas.

De Pavarotti donc, je ne me lasserai de son finale de Lucia di Lammermoor, de son Calaf dans Turandot (qui n'a jamais entendu son « Nessun Dorma » ?), de son Rodolfo dans La Bohême et bien d'autres encore.

Quittons-le en musique avec un air moins connu que les autres, extrait de Cavalleria rusticana, un opéra en un acte de Pietro Mascagni. L'histoire se passe en Sicile. Turridu est l'amant de Santuzza et de Lola, à laquelle il était autrefois fiancé et qui est aujourd'hui mariée à Alfio. Santuzza, folle de jalousie, révèle à Alfio que Lola le trompe avec Turridu. Lors du duel qui opposera les deux hommes Turridu mourra sous les coups d’Alfio.

Nous sommes juste avant le duel. Turridu demande à sa mère de le bénir et de veiller sur Santuzza.

Luciano Pavarotti - Mamma, quel vino... - Cavalleria Rusticana, Pietro Mascagni.

Notes

[1] Si je retrouve le youtube en question j'ajouterai le lien.

[2] Du moins dans ses incarnations de rôles, pour les récitals des derniers temps c'est autre chose...

[3] A la vérité, peut-être un peu parfois quand même, rappelez-vous son Pagliaccio et les commentaires de votre écoute en aveugle :)