Hosannah pour la gaudriole !
Par Kozlika le mercredi 12 septembre 2007, 08:16 - Lien permanent
Noble tâche que celle entreprise par mes fréquentations blogosphériques pour la sauvegarde du mot flandrin. Je m'empresse donc de joindre ma voix à la leur car j'aime le flandrin, moi aussi. Je l'aime en politicien comme Samantdi, en dandy comme Otir, en épistolier comme Élisabeth et je pourrais même l'aimer rien que pour la gaudriole.
Ah, « gaudriole », ce mot-là aussi je veux le sauver de l'oubli. Mieux, je veux non pas sauver le mot seul, mais le mot et la chose. Je l'aime, je l'aime d'amour, ce mot – ce qui n'est pas nécessaire pour le gaudrioleur, qu'on aime pour son aptitude à nous entraîner dans son antre, une chambre d'hôtel, un ascenseur en panne, mais pas nécessairement d'amour.
Certes, la gaudriole peut s'accompagner d'amour mais il ne lui est pas indispensable. Le gaudrioleur est courtois, attentionné, drôle et léger. Surtout léger, comme la gaudriole (à laquelle il pensera souvent et vous le fera savoir). Prononcez le mot chez vous, là, tout de suite, à voix haute. Sentez-vous comme il n'est nulle place ici pour la planification des vingt prochaines années ? (Au reste, la musique ne trompe pas : qui donc pourrait considérer gravement un mot où l'on entend gode et cabriole ?)
La gaudriole s'accommode des rencontres les plus récentes et des retours de flamme, des bons copains et des infréquentables mais renversants baroudeurs, des amoureux et des amants, des fidèles et des passants. La gaudriole ne connaît pas de lieu impropre à son appel : une soirée guindée, un dîner chez des amis, une file d'attente à l'opéra, un bar équitable, un trajet en voiture (évitez toutefois le bureau, vous auriez toutes chances alors de perdre la gaudriole au profit des complications).
La gaudriole est bonne à toutes les saisons de la vie (surtout la mienne) et recommandée pour la santé. Elle empêche les rides précoces, les inquiétudes du devenir de l'histoire, les attentes de rapports sur investissements. Elle offre des instants volés au temps, des petites morts qui font la nique à la grande.
Oui, mes amis, sauvons la gaudriole ! Sauvons le mot ! Sauvons la chose ! Car enfin écoutez-le encore ce mot : ne roule-t-il pas en bouche exprès pour nous faire rire ? Ne nous roule-t-il pas dans les foins exprès pour nous faire jouir ? Amis, sauvons la langue française, gaudriolons !
La prochaine fois, nous parlerons de la bagatelle.
Commentaires
Carpe diem… La gaudriole nous renvoie à la gaillardise donc à la bonne santé d'une certaine façon. Sauvons les mots !
pour ma part je suis plus "fripon" que "gaudriole"...
Fripon... qui emploie encore ce mot, de nos jours ?
Ah oui,tiens, alors que bagatelle en revanche... Eh bein ça alors... De toute façon, je me contente de la badinerie, et de dire que c'est mal en amour, alors la gaudriole, c'est clairement beaucoup trop, effectivement :) (erreur cgi space sur ton lien :/ ) (tu penses donc à une espèce de métonymie sémantique de ma part ? ^^).
Quid de la badinerie ? (c'est un peu trop argotique pour moi, gaudriole, mais j'aime bien la sonorité du mot aussi :) ; et bon anniv' à grand fiston, au passage ! ;) )
J'ai eu un instant d'inquiétude, j'ai cru que c'était le mot hosannah que tu cherchais à promouvoir. Mais la bagatelle, voire la gaudriole avec un grand flandrin qui me raconterait des coquecigrues, je n'ai rien contre...
Palpatine > Tu dois faire confusion : gaudriole n'est pas un mot argotique du tout. (Mais la méprise est intéressante, quelque chose à voir avec le contenu et le contenant peut-être.)
Gaudriole et bagatelle…
Eeeeeh ben !
Joli programme pour une fée ;-o
Vous vous souvenez de la chanson "la gaudriole" de Richard Gotainer ?
M'est avis que le sieur Palpatine a confondu la gaudriole avec un objet que la morale ne m'autorise pas à citer ici.
Genre celui dont j'ai osé parler à la fin du troisième alinéa ? (je n'ai aucune morale, qu'on se le dise !)
Elisabeth > aaaaaaah ui ! j'avais complètement oublié \o/
Un billet sur la bagatelle... ça va faire un massacre ça ! ;-)
Un gode et pas d'morale…
Eeeeeh ben !
Joli programme pour une fée
:-D
Fincasor, la période de rentrée est idéale pour les programmes non ? ;)
Je signale sinon à la foule qu'Alarch, non content de son pertinent commentaire ci-dessus a également fait preuve d'une brillante anticipation sur le présent billet et placé dans son propre billet d'hier (enfin de cette nuit) le mot « gaudriole », bien avant la parution de celui-ci. Je suis espantée :)
Mais alors, quid de la gamahuche ? Doit-on l'inclure dans la gaudriole ou est-ce juste une question de bagatelle ?
@Ka: pas du tout, mais je me suis fait spamassassiner entretemps ! :'( (c'est bagatelle qui est familier ou argortique dès lors qu'il rentre dans le champ lexical de la gaudriole, apparemment)
Aucun message de toi bloqué, Palpat'
Le dire, c'est bien, mais le faire, c'est mieux !
Citation extraite de "l'eau ferrugineuse" de Bourvil,
visible et écoutable par là :
http://www.youtube.com/watch?v=u9Rs...
Ouaf, merci Mme la Fée pour la mot et le chose.
Je m'arrête plus de le lire.
Alors sinon pour gamahuche, moi je crois que c'est quand même légèrement plus salace que gaudriole ou bagatelle, même si tout ça se passe dans la même pièce !
Gaudriole et bagatelle ça peut s'habiller en robe légère ou en crinoline alors que gamahuche ça sent un peu plus le vice et la chambre de bonne…
Non ?
Et en plus j'ai mal vérifié dans ma mémoire !
Gamahucher ça se passe pas forcément au même étage !!!!
:-D
Ah, mého, ne dites pas de mal des gamahucheurs, ils servent une noble cause !
« À ma droite un vieux sénateur
Fait la toilette à Mam’zell’ Rose ;
Je n’vous dirai pas par pudeur
Comment il pratique la chose :
Mais en argot de chambre à coucher,
Ça s’appelle gamahucher. »
(Chanson anonyme du XIXème s.)
Ben ça !
D'après ce dico http://webmaster.erotissima.free.fr...
le terme gamahucher aurait une origine musicale :
<< Vraisemblablement, il remonte à gama-ut qui désigne “le son le plus bas de la gamme” d’où on pourrait inférer un verbe gamahuter au sens de descendre. >>
Bladsurb : C'est dans ce même dico que j'ai trouvé l'extrait de chanson de mon précédent comm.
Dans ce même dico, plus bas.
Ah, mais quelle belle langue avons-nous là mes amis ! :-D
(Du coup je me demande si je ne devrais pas réécrire le billet sur Moffo-Eros : pensez-vous que je peux dire qu'elle a la voix gamahuchante lorsqu'elle passe des aigus aux graves ?)
J'aime assez gauloiserie et paillardise.
Rien à voir avec fumer au lit après l'amour...
Ah moi je n'aime pas « gauloiserie », qui sonne trop beaufitude franco-française à mes yeux. « Paillardise », chépo... en fait la sonorité ressemble trop à paillasson pour moi (ou alors paillasson serait un composite de paillardise et polisson, ce qui commence à devenir rigolo).
Hé hé, M'sieur Ka nous fait un joli tir groupé !
Une bande dessinée de l'oubapien Étienne Lécroart http://e.lecroart.free.fr/index.htm... doit bientôt paraître, « Les caïds de la gaudriole ». Autre enfant de Queneau, Flandrin (Patrick) est un type qui, plume, pinceau ou déclic au bout des doigts, n'a rien de gauche ni de dadais http://perso.ens-lyon.fr/patrick.fl...
Notez la belle dimension unisexe de l'expression, qui convient aussi bien à l'homme qu'à la femme et ce en toutes circonstances.
Bon je vais peut être m'arrêter là moi, c'est que j'ai une réputation à préserver.
Aymeric > dégonflé ! Alors tu nous introduis un gamahuchage, comme ça, en pleine poire, et puis tu te sauves ! lâche ! déserteur !
Bbt > La classe !
Relis la phrase de Kozlika... la relis encore...
Mon dieu que les mots peuvent être dangereux. :)