On se demande parfois à quoi sert un blog. Quantité de blogs se demandent à quoi servent les blogs. Et quantité de blogueurs ; ce sont surtout des blogueurs qui se posent la question en fait. Les autres, ça ne les intéresse pas des masses ; un peu les journalistes, qui craignent la «concurrence», à croire qu'ils ne sauraient pas eux-mêmes que du bon journalisme n'a rien mais alors rien à voir avec un blog. Bref.

A quoi sert un blog ? L'actualité blogosphérique deux fois zéros tendrait à dire : à faire des sous. Le cours de la passe semble être autour de 250 euros. C'est beaucoup pour un coup de copier-coller, bien peu pour une vraie prestation publicitaire.

Mais que sont deux cent cinquante euros en regard de l'apport d'expérience et d'échange que peut générer un blog ? Rien. Du pipi de chat. Des blogs qui mourront étouffés dans le vomi de leurs publireportages avant que d'être adultes. L'endogamie aidant, quand les lecteurs de ces blogs auront remonté dans leur agrégateur / fesses-bouc social pour la soixante-douzième fois dans la même journée le même billet pubguidé, et soixante-douze jours de suite, même s'ils ont le cerveau lent ils finiront par faire ce que toute personne raisonnable ferait, en supprimer soixante et onze pour gagner du temps (surtout que le temps c'est de l'argent et que justement...).

C'est pas comme ici, où on parle des vrais gens et de la vraie vie dans un vrai blog. Et un vrai blog ça cause blog (voilà c'est fait) et ça pose de vraies questions de la vraie vie. Et justement j'en ai une.

Et pas de moindre importance puisque cette question concerne l'ensemble des femmes de notre pays et au-delà, quels que soient leur origine, leur niveau social, leurs revenus, leur âge, leur poids, leur taille. C'est une question qui concerne toutes les femmes sans exception, et dans une moindre mesure tous les hommes, mais moins fréquemment, comme nous allons le voir.

Ici on ne fait pas dans le pipi de chat, on s'occupe de pipi de gens.

Mes sœurs, comment faites-vous pipi dans les toilettes publiques ? Comment conciliez-vous l'hygiène et le confort ? Témoignons au travers de ce vrai blog et échangeons nos expériences.

Pour les gars, c'est facile : ils font pipi debout et préservent ainsi leurs cuisses et leurs fesses du contact douteux avec la lunette douteuse, sauf pour évacuer les matières fécales, auquel cas la plupart du temps ils pourront attendre de rentrer chez eux. Mais nous ?

Un symposium réuni hier soir chez moi s'est longuement posé la question et nous avons recensé quatre méthodes, qui présentent leurs avantages et leurs inconvénients. J'ose croire que la nature fondamentale d'un vrai blog nous permettra de compléter cette étude et permettre à tou-te-s d'en tirer profit dans leur vraie vie.

Méthode 1 : s'asseoir sur la lunette

Avantages : le confort de la position est indéniable. De plus, la manœuvre est facilitée par un apprentissage de cette méthode dès le plus jeune âge qui permet à l'utilisatrice de trouver la position adéquate sans nécessiter calcul et réflexion ni accessoires. Notons également que cette position ne comporte pas de risque de chute.

Inconvénients : Le confort sus-mentionné peut être érodé par la présence de goutelettes de la miction de l'occupant-e précédent-e sur le siège. Même les amatrices de se rouler dans son pipi en tapant du pied par terre choisissent leur propre urine de préférence à celle des autres. Autre inconvénient : le manque d'hygiène supposé ou réel du contact du siège, même apparemment propre (au fait, les scientifiques pourraient-ils nous éclairer sur ce point : peut-on choper des maladies en s'asseyant sur une lunette de toilettes publiques ?). A noter aussi que cette méthode nécessite impérativement la présence d'une lunette : sans celle-ci, le contact froid du rebord de la cuvette peut se révéler bien peu agréable et si les toilettes sont mixtes quasi perpétuellement imprégnée des goutelettes finales de ces messieurs.

Méthode 2 : s'accroupir sur la cuvette (ma préférée)

Avantages : les mêmes que dans les toilettes à la turque (alternative qui à mon humble avis devrait être imposée dans les lieux publics). Seules les chaussures sont au contact des toilettes et préservent ainsi au mieux l'hygiène, au moins dans sa dimension psychologique. Signalons que pour rester convivial, il est impératif de nettoyer la cuvette des traces de vos semelles avant de sortir des lieux au cas où les autres utilisateurs appliqueraient une autre méthode (penser à relever la lunette aussi).

Inconvénients : une certaine habileté à maintenir l'équilibre en positionnant correctement les pieds demande un petit entraînement et l'apprentissage peut se heurter à quelques mésaventures telles que glissade du pied dans la cuvette ou à l'extérieur d'icelle et provoquer la chute, accompagnée ou non d'immersion. Les pratiquantes veilleront également à sortir le contenu de leurs poches de pantalon sous peine de devoir aller récupérer le briquet au fond de la cuvette ou l'y abandonner. Attention aussi à maintenir les extrémités de ceinture.

Méthode 3 : l'apensanteur

(La plus courante si j'en crois le sondage Vox Populi.)

Avantages : cette méthode consiste à rester en équilibre à demi pliée au dessus de la cuvette en prenant garde que la posture permette de viser au bon endroit ; comme la méthode 2, le contact avec la lunette et la cuvette est totalement évité si on arrive à maintenir la position. Un autre avantage collatéral bien utile dans nos modes de vie sédentaires est l'exercice de musculation des cuisses (et un peu des abdos) qu'il permet. Attention toutefois, l'excès de sport peut se révéler néfaste ; les femmes cumulant plus d'une heure de pipi par jour seraient avisées de mixer les méthodes ici mentionnées (et consulter leur médecin).

Inconvénients : cette méthode n'est malheureusement pas accessible à tou-te-s car elle réclame des moyens physiques dont tou-te-s ne disposent pas. La présence d'une barre latérale murale peut alors se révéler précieuse. On signale également quelques erreurs d'aiguillage positionnant le jet en dehors de sa destination. Attention aux effets de bord, en l'absence de barre, certain-e-s prennent appui sur le distributeur de papier, ce qui à terme risque de le faire sortir de son ancrage au mur, quand ce n'est pas pile au moment où vous prenez appui dessus. Des témoignages fiables recueillis au cours de cette enquête signalent également que cette position a tendance à se transformer en position 1 involontaire si la tension des muscles se relâche et qu'elle ne convient pas pour la grosse commission, le ventre étant alors trop comprimé.

Méthode 4 : le tapissage

Avantages : l'utilisatrice constitue une sorte de champ opératoire en répartissant du papier sur la lunette avant que de s'y asseoir. Elle est ainsi assurée de ne mettre sa peau en contact qu'avec du papier hygiénique.

Inconvénients : le papier toilette en feuilles risque de compliquer singulièrement la tâche des amatrices de cette méthode. De même il n'est pas rare que ledit papier glisse vers l'intérieur ou l'extérieur au moment où l'utilisatrice s'assied. Enfin signalons que l'absence de papier toilette peut interdire cette méthode sauf à se promener avec une importante réserve de mouchoirs en papier et que par ailleurs les statistiques de bouchage de toilettes font état du volume trop important de papier pour être aspiré par la chasse d'eau. Le danger de cette méthode peut alors être un excessif égoïsme réservé au-à la premier-ère de la journée qui la met en œuvre.

Méthode 5, à quoi sert un blog ?

C'est ici que la beauté du blog gratuit intervient. Sans aucune rémunération ni directe ni indirecte, pour le seul plaisir de l'échange et la satisfaction de participer à un blog sans publicité, faites-nous part des méthodes non répertoriées ici que vous pratiquez régulièrement ou occasionnellement et présentez ses avantages et ses inconvénients.

P'tain, c'est quand même vachement bien un blog.

(Le titre de ce billet est emprunté à mes lectures adolescentes)