4:1964 - Parfois les parents mentent, heureusement pas les miens
Par Anna Fedorovna le vendredi 16 novembre 2007, 09:54 - Mes petits cailloux - Lien permanent
Il me faut revenir à Gribouille. C'est la perte de Gribouille qui m'a fait la première fois prendre conscience que la parole des adultes n'est pas d'or. J'ai eu la chance que cette découverte ne concerne pas mes parents (eux ils ne mentaient jamais, je n'en doutais pas) et finalement ça m'a peut-être fait une préparation à la découverte ultérieure que même eux ?
Que des adultes mentent, c'était déjà énorme. Qu'ils mentent à un enfant me révolta plus encore : c'est qu'on compte sur eux pour pour certifier la Vérité nous !
En cette période qui commence à puer fleurer Noël et son gros bonhomme rouge, je me demande souvent, moi qui n'ai jamais cru au Père Noël, quel effet ça fait quand on découvre que nos parents, toute notre famille, tout le monde en fait, nous ont baladés avec cette histoire à dormir debout, qu'on a été victime d'un complot d'ampleur quasi planétaire.
Je sais que pour ma sœur ça a été un drame dont à près de soixante ans elle parle encore avec une pointe de, oui je crois, une pointe de rage. Sans aller jusqu'à la rage, ma fille s'indigne que j'ai osé lui faire croire qu'elle pouvait me révéler quel cadeau elle m'avait préparé pour mon anniversaire. Elle bouillait tellement de m'en faire part tout en souhaitant que la surprise reste entière que je lui avais dit qu'il lui suffirait de souffler et passer la main sur mon front pour que le souvenir s'en efface.
Commentaires
La vérité dans la bouche des parents est un sujet qui me travaille beaucoup depuis la naissance de Cro-Mignonne.
J'ai adoré croire au Père Noël et comme j'avais un petit frère, j'ai été happé dans le côté "conte initiatique" que mes parents m'ont fait gober comme justification, mais même si la part de rêve qui devrait aller avec est un de mes beaux souvenirs d'enfance, j'ai du mal avec l'idée de mentir à ma fille.
D'ailleurs c'est le sujet de nombreuses crispations avec ma belle-mère qui elle ne voit aucun inconvénient à raconter n'importe quoi (aux enfants et à n'importe qui d'autre), quand je la vois servir ses salades à ma bambine.
En tout cas c'est joli, la main qui efface le souvenir, comme geste et comme idée. Et toi alors, extorqueuse de secrets !!!
Effectivement, le coup du Père-Noël, ça a été un choc. J'avais tout juste six ans, et je me souviens parfaitement du jour où Franck B., mon voisin de pupitre, m'a révélé l'affreuse vérité. Colère, rage, le sol qui se dérobe sous moi.
L'avantage, c'est que j'ai acquis ce jour-là la conviction que toutes les histoires de divinités qui s'occupent de nous avec bienveillance ne sont que des complots d'ampleur planétaire. Du coup, 30 ans après, mon athéisme et mon rationnalisme à toute épreuve sont toujours intacts, et je le dois pour beaucoup à ce bon vieux Père Noël. Dire que je lui en suis reconnaissant, c'est euphémiser.
Aucun souvenir de l'avant-après Père Noël (je suppose que ma soeur aînée avait entamé son travail de sape sur moi dès qu'elle avait été déniaisée). Mon meilleur souvenir de Noël petite ? Chercher (toujours ma frangine) où nos parents avaient bien pu planquer les cadeaux, et fabriquer moi-même des cadeaux pour la famille (merci Astrapi)
Alors le Père Noël dans tout ça...
Immense déception en revanche quand j'appris que la Petite Souris n'existait point ! CA pour le coup c'était vraiment magique !
En tant qu'instit, j'ai vu trop de gamins pris par leurs copains pour des gros bébés stupides et crédules (parfois jusqu'à 8 ans !) pour accepter d'y faire croire mes enfants. En plus, l'idée du mensonge, doublé de chantage (si tu es sage...), ce n'est pas mon truc. Ça a été un problème entre leur père et moi. On s'est donc mis d'accord sur le "on raconte que..., certains pensent que..." Ça permet de garder la beauté et la magie de l'histoire de l'histoire, sans pour autant raconter des sornettes.
C'est marrant que ce soit le Père Noël qui vienne automatiquement à l'esprit quand on parle des mensonges parentaux. Mais pour moi, pour me distinguer sans doute, je n'ai pas ce mensonge là en tête et du coup je n'ai jamais eu à me poser la question à son propos (je n'ai jamais fêté Noël avec mes enfants, ce qui a réglé la question une bonne fois pour toutes, au grand dam de tous les adultes qui m'ont accusée de bien des maux à ce propos, mais c'est une autre histoire).
Et je n'ai pas eu les états d'âmes de LeChieur à propos de complots planétaires, même si j'ai parfois un peu de mal avec la guerre, jusqu'à ce jour, même avec des enfants plus grands parce que c'est difficile de parler des événements pas spirituels du tout et j'ai plus de mal à parler de politique que de religion.
Mais pour en revenir au ricochet de 1964, c'est l'arrachage d'une dent, évidemment de lait mais avec cautérisation, et un préambule "tu verras ça ne fait pas mal", dûment approuvé et contre-validé par la toute-puissance maternelle, qui a à tout jamais oblitéré mon attitude à son égard et ma méfiance - justifiée - vis-à-vis de toutes ses recommandations péremptoires (et j'ai mordu le dentiste menteur et arracheur de dent sauvagement, ce que je ne regretterai jamais).
Raaah ! J'aime bien l'histoire du Père Noël ! Une bien belle légende qui fait rêver les enfants, et dont l'un des mérites est son caractère païen qui nous fait oublier son pôpa direct (saint Nicolas), et la naissance du ptijézu dont on a des doutes à propos du pôpa.
Et puis d'abord, une boîte de Playmobil c'est quand même mieux que de la myrrhe et de l'encens, non ?
Le père noël il a bon dos. Le mensonge des parents... A vous croire, il ne faudrait jamais leur raconter de contes de fée, ni lire de romans ni aucune autre histoire inventée parce que c'est mensonge.
Lou, petite, croyait dur comme fer à l'histoire de Blanche neige et elle était terrorisée par la sorcière. Elle en faisait des cauchemar. Vous vous rendrez compte... Non seulement j'ai menti à mon enfant en lui racontant des trucs à dormir debout, mais en plus ça l'a terrorisé. Quelle mauvaise mère je fais !
Les gamins qui se foutent de la gueule des autres parce que ceux-ci croient au père noël trouveront toujours un motif pour le faire. Si ce n'est pas celui-là, ils en trouveront un autre. Et cela ne les empêchera, quand ils seront plus grands, de gober tout ce qui se dira à la télé.
Les enfants jusqu'à 6 ou 7 ans ne font pas la différence entre ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas... Ils sont dans le monde magique. Des fois, ça dure... Mais c'est en confrontant les deux mondes, le réel et l'irréel qu'ils apprennent à faire la différence.
Le mensonge des parents existe, et c'est quelque chose qui pose question. Mais en parler pour ce qui est du père noël, faut vraiment avoir un goût certain pour l'autoflagellation. Ou aimer se moquer de ses petits camarades, hou les vilains, qui racontent encore cette histoire propres enfants...
Huhu, une Akynou lancée ! Mais non, il n'est pas question de taxer de mauvais parents qui que ce soit. Et bien sûr qu'il faut raconter des contes de fées (mais je trouve quand même que c'est un peu différent de raconter une histoire et d'extrapoler dessus façon "si t'es pas sage, le père Noël mettra un fouet dans tes chaussettes à la place d'un beau cadeau super trop sympa).
Ceci dit, ça n'est pas la légende ou l'imaginaire lié au Père Noël, qui pose question, mais le principe de la révélation (quand, comment, par qui ?) et de la façon dont l'enfant réagira. Et on constate ici comme dans des discussions antérieures que si pour certain, ça a participé à l'entrée dans le monde des enfants plus grands, d'autres, comme la soeur de Kozlika, en ont ressentie une trahison durable.
Et puis heureusement que se poser des question sur "comment qu'on va faire" ne signifie pas condamner d'emblée les 9/10èmes des réponses possibles, voyons...
Les rêves d'enfants, c'est pour la vie !
Super joli le coup du flashouillage pour les cadeaux d'anniversaire (j'ai du relire 3 fois la phrase pour comprendre). C'est tellement joli qu'elle doit pas trop t'en vouloir d'ailleurs.
Non pas trop parce que je ne m'en suis jamais servie pour de «vrais» secrets.
Légendes, Père Noël et Petite Souris!!
Une de mes nièces demande à sa maman pourquoi elle porte un soutien-gorge! réponse "pour que mes seins ne tombent pas!"
Re-question : "mais alors, est-ce que la Petite Souris passe quand même??"
Merci pour vos billets (et leurs commentaires).
Les adultes doivent mentir aux enfants.
Un peu, parce qu'il faut bien leur apprendre que ça existe.
Pas trop, pour qu'ils gardent intacte leur indignation.
Mention spéciale à mon grand père, qui essayait de me faire croire des absurdités et ça m'énervait beaucoup. Sans que je le sache, sans le savoir lui-même, il éduquait mon sens critique et m'obligeait à argumenter mes doutes.