Qu'est-ce que ça vous dit ? (3)
Par Kozlika le samedi 8 décembre 2007, 14:31 - Lien permanent
Karlheinz Stockhausen est mort mercredi dernier à presque quatre-vingts ans. Je serais bien incapable de dire si j'aime ou non sa musique tant elle m'est étrange et je ne sais pas si j'envisagerais d'aller écouter tout un concert. Ce que je sais, c'est que sa musique me parle. Elle me dit quelque chose.
J'ouvre donc un nouveau billet de la série que je vous proposais il y a quelques mois et je vous demande : et à vous, qu'est-ce que ça vous dit ?
Karlheinz Stockhausen - « 29'-53' » - Extrait du CD Mantra. Source epitonic.
Beaucoup d'autres extraits audio et vidéo à écouter sur la page multimédia de Karlheinz Stockhausen.
Liens :
- La page qui lui est consacrée (actuellement en travaux) sur le site de l'Ircam.
- L'article Stockhausen et le studio de musique électronique de la WDR à Cologne sur Sonhors, panorama musiques électroniques.
- Son interview dans Libération à l'occasion de la chorégraphie d'Anjelin Preljocaj sur Eldorado présentée à Aix-en-Provence l'été dernier.
- Promenade en extraits de son répertoire sur Libé-labos.
Commentaires
Qu'est-ce que ça me dit ? Oh ! énormément de choses, tellement de celles dont je suis justement en train de parler là où j'en suis arrivée dans mes cailloux... Cela me touche donc particulièrement que tu aies choisi de me réveiller les oreilles de ce que j'ai gardé en mémoire sans son pour plein de raisons que les mots cherchent bien laborieusement à dire.
Aheum... Nan j'avoue que ce n'est pas ma tasse de thé... :-/
Désolé... je ne rentre pas... je vois une imense pièce fermée aux murs blancs avec un piano au milieu; l'instrument joue tout seul, le pianiste n'est pas là ... une imense impression de solitude.
Alors ça c'est trop fort, au salon du polar j'expliquais à quelques auteurs sur papier que le beau des blogs résidait entre autre dans la possibilité de réalisations collectives. Je parlais donc de l'hôtel et puis aussi de ces interactions où quelqu'un propose une musique (1) et ceux qui veulent s'en saisissent pour écrire ou photographier, en tout cas créer quelque chose.
Et voilà que je rentre pour découvrir que tu viens d'en proposer une. Excellent !
(1) L'exemple me paraissait particulièrement probant parce qu'il est typique de ce que sur pur papier on ne peut pas faire.
je vais commencer par un commentaire hors sujet : il y a un petit bug sur ton thème (Anna Moffo): l'élégante barre qui permet de redimensionner l'éditeur de texte pour les commentaires ne fonctionne pas correctement sur ma configuration (XP + FF 2.0.0.11) : on peut redimensionner mais pas arrêter de redimensionner. Je te conseillerais aussi de visionner ton blog avec Opera il y a un petit souci plus global.
Cette musique me parle beaucoup et elle me parle d'un temps qui ne s'écoulerait pas toujours de manière linéaire mais plus ou moins vite selon les instants. On pourrait comparer ça à un gratte-ciel dont la construction serait filmée et qui sortirait progressivement du sol à la vitesse à laquelle la pellicule serait projetée. Le final en particulier ressemble à la construction d'un dôme en forme d'ogive.
Écrit et demandé à Lulu : Stockhausen ? Il me répond qu'il a l'intuition que c'est lui qui a fait les choses les plus importantes ces 50 dernières années ; quelques années supplémentaires et il promet de m'en dire davantage. Tarde pas trop quand même, fiston.
Je me souviens d'Anthony Braxton rapportant que pendant une répétition, il s'était écarté un rien de la partition. Stockhausen l'a fusillé du regard. Braxton n'a jamais recommencé, mais il en garde rancoeur.
Mantra, on peut trouver ça beau comme la rétractilité des serres des oiseaux rapaces ; quelque chose de plus doux ici, puisque ça rappelle quand Lulu jouait du piano à la maison.
Un froid et tout petit matin d'un dimanche de décembre. Le monde encore tout mouillé par une pluie incessante de la veille. Il attend, le monde. Il attend, calme. Il attend, volupté luxueuse. Il attend le premier rayon. Il se laissera effleurer alors.
Le morceau s'arrêtait là...
Moi, je ne suis pas du tout d'accord avec ce qui a été dit précédemment dans les commentaires (ou alors juste avec Guess Who). L'extrait que vous nous proposez, ce n'est même pas de la musique, à mes yeux. On dirait que le compositeur a jeté au hasard des ronds sur une partition parce qu'il était pressé. De plus, on a beau appeler ça "musique classique contemporaine", ça n'en est pas. La musique classique n'est pas électronique et le hasard n'a normalement rien à voir là-dedans.
Ca ne me dit donc rien, et je n'essaierai pas d'en savoir plus sur ce "compositeur". car si ça musique ne me parle pas, je ne vois pas pourquoi je me forçerais... Je vais maintenant retourner à Mozart, Verdi, Haydn et compagnie. :-)
Bravo pour ce blog que je lis depuis quelques temps déjà.
Moi, je ne suis pas du tout d'accord avec ce qui a été dit précédemment dans les commentaires (ou alors juste avec Guess Who). L'extrait que vous nous proposez, ce n'est même pas de la musique, à mes yeux. On dirait que le compositeur a jeté au hasard des ronds sur une partition parce qu'il était pressé. De plus, on a beau appeler ça "musique classique contemporaine", ça n'en est pas. La musique classique n'est pas électronique et le hasard n'a normalement rien à voir là-dedans.
Ca ne me dit donc rien, et je n'essaierai pas d'en savoir plus sur ce "compositeur". car si ça musique ne me parle pas, je ne vois pas pourquoi je me forçerais... Je vais maintenant retourner à Mozart, Verdi, Haydn et compagnie. :-)
Bravo pour ce blog que je lis depuis quelques temps déjà.
Pardon d'avoir envoyé deux fois mon commentaire. :-(.
Excellente question !
Personnellement, je n'écoute pas ce genre de pièce comme j'écoute de la musique (jazz, au hasard). Je l'écoute. Je ne l'entends pas. Elle mobilise mon attention à 100 %. Elle ne peut pas être non plus une musique "papier peint", une musique de fond. Je l'écoute se déplier, se déployer, se dérouler, comme un film. Je suis aux aguets, en arrêt. Je guette les textures sonores, les changements de rythme. Je ne me fabrique pas forcément des "images". Cela ne me "raconte" pas forcément quelque chose... Mais cela me touche. Cela reste très sensitif, primaire. Comme lorsqu'on s'approche d'un plat, que l'on goutte à un met nouveau, et qu'immédiatement on perçoit une texture, une température, un parfum, une saveur, le sucré, le salé... La perception du goût peut elle aussi être complètement faussée par les a priori...
Je pense qu'il faut savoir revenir aux sources, ou comme s'absenter, pour écouter ce genre de chose, se mettre en retrait, et recevoir. Ce n'est pas une musique hermétique comme on le dit souvent. C'est juste quelqu'un qui fait une proposition différente, et qui par nature, ne peut être écouté comme tout le reste, qui est déjà acquis. Pour moi, c'est très simple, et à l'opposé d'un intellectualisme ostentatoire. Il faut juste avoir envie de gouter, être curieux. Etre un bon vivant. Je ne suis pas spécialiste, je n'ai pas de théorie là-dessus, et il y a surement des gens qui comprennent tout cela bien mieux que moi, ou savent l'analyser. La musique concrète m'a toujours interpelé par exemple, dès l'enfance. J'ai des souvenirs très précis. Et j'en ai écouté beaucoup, sans forcément avoir approfondi la chose, sans doute par manque de temps ?
Bof de bof :)
ça reste pour moi tout le contraire de la musique.
« Nous sommes accoutumés à ce que les hommes déprécient ce qu'ils ne peuvent comprendre, à ce que le bon et le beau, qui souvent leur sont nuisibles, les fassent murmurer » dit Faust en entrant au cabinet d'étude.
Ainsi en fut-il du Quatuor dissonant de Mozart, des Mémoires sur la résolution d'équations de Galois, du Champ de blé aux corbeaux de Van Gogh, du Coup de dés de Mallarmé.
Hélas, pourquoi la liberté de ne pas aimer ne suffit-elle à ceux qui leur auront dénié qualité de musicien, de mathématicien, de peintre, de poète ?
Faisons une seule note deux sujets qui intéressent Kozlika :
- Quelques échos du Tristan & Isolde de vendredi dernier à la Scala.
- Des mots sur le silence désormais de Stockhausen.
Bref, passez si vous le souhaitez par http://www.lavoisy.eu/webol/index.p...
euh... je vais oser l'écrire : ça m'insupporte. Je suis totalement étanche à l'émotion face à ce genre de compositions.
Le jour où Natalie posera sa voix sur ces sons, peut-être que je changerai d'avis ;o)
Ca me dit que la diversité musicale, même si on n'est pas sensible à toutes ses formes, est essentielle pour l'équilibre.
Personnellement, l'opéra chanté en français m'emmerde complètement, de même que le jazz. Mais quelle perte pour la musique si l'intolérance ou la non compréhension que ces formes apportent à l'ensemble avaient pris le dessus pour les réduire au silence !
aoui ! la toute fin vaut le voyage :)
c'est drôle, je n'arrive pas à retrouver d'où vient cet extrait... à mon avis le découpage ne correspond pas à celui des pièces de Stockhausen, ce doit être une coupure en plein milieu du cycle. Je suis en train de tout écouter, il y a des pièces vraiment fantastiques, notamment une à base de morse !
Considérant que la musique est affaire de timbres et de rythmes, l'extrait proposé me fait moi clairement quelque chose, même par le truchement des haut-parleurs d'un quelconque ordinateur portable.
Je me permettrais de conseiller à Kozlika de, justement, tenter le concert pour la musique contemporaine, expérience plus riche que le disque ou la radio pour découvrir un univers aussi protéiforme que le baroque ou le romantique. C'est ainsi que j'ai vécu de grands plaisirs, sans que cela ne remette en cause le goût pour d'autres formes musicales plus classiques.
Le paramètre " dérangeant " est depuis des siècles un facteur pertinent pour reconnaître l'art. C'est un argument un peu neuneu, mais les détracteurs de l'art sont neuneus . Donc comme argument on s'en contente.
Rien d'important ne s'est communiqué en ménageant un public, fût-il composé des contemporains de Périclès (...)
Debord - In girum imus nocte et consumimur igni
Stockhausen, j'avais 18 ans et mon père avait acheté un coffret (33 tours hein !). J'ai eu l'occasion de l'écouter plusieurs fois EN ENTIER et le reconnaitrais entre tous. Mon oreille s'y est faite. Comme à la musique andalouse qui m'horripilait et que j'aime beaucoup maintenant. Il me rappelle des moments heureux de ma vie;