Les vacances de Monsieur Ka
Par Kozlika le lundi 17 décembre 2007, 20:14 - Lien permanent
Monsieur Ka a refermé le couvercle sur sa boîte à images, au moins pour quelques mois, peut-être définitivement.
On s'en réjouit pour lui puisque c'est parce qu'il n'a plus le temps suffisant pour briquer les murs de sa galerie, accrocher et décrocher les tableaux et affiches qu'il nous invitait à (re)découvrir en sa compagnie. On s'en réjouit car s'il n'a pas le temps c'est qu'il a du travail ou mieux à faire et c'est tant mieux pour lui. On s'en réjouit parce qu'il arrête aussi parce qu'il se lasse un peu et qu'on ne voudrait pas d'un «passeur» qui fait ses devoirs en tirant la langue et en soufflant et pestant.
Ah non alors, surtout pas à contre-cœur ! Car ce qui faisait (ce qui fait encore puisque ses archives sont – mile grâces soient rendues aux dieux des blogs - toujours disponibles) le machin en plus, le truc qui vous embarque, le charisme, le charme quoi de ce blog c'est qu'il était rédigé pour nous faire partager sa passion. Ça n'était ni des leçons ni une démonstration de son savoir. Une envie de transmettre qui transparaît dans chaque billet : eh oh, regardez avec moi, là, oui là, vous voyez ? N'est-ce pas magique, merveilleux, espantant ? Et nous nous penchions avec lui sur ce petit détail de deux centimètres carrés que nous n'avions jamais vu et qu'il nous révélait, ou nous superposions sur ses incitations cette image-ci avec cette image-là pour découvrir des rapprochements inattendus de carpes du XVIe avec des lapins du XXIe.
Et je peux vous dire qu'avec moi, c'était pas gagné. Gavée de musées où l'on me traînait petite avec la régularité d'un métronome tous les dimanches à moins d'être malade, j'ai vite pris l'habitude de regarder sans voir, la tête ailleurs, m'absentant d'esprit à quoi je ne pouvais échapper de corps. Et puis il m'y a remmenée, cette fois avec l'envie de garder les yeux grands ouverts et s'il n'en reste pas grand chose après décantation c'est en raison de ma mémoire de poisson rouge et non de l'entrée par un pavillon et sortie par l'autre d'une somniférugineuse notice iconographique.
Hey m'sieur Ka, tu peux pas partir comme ça, il y a encore plein de boulot pour me faire rentrer tes yeux dans le crâne ! J'en suis à peine à savoir distinguer un Titien d'un Vasarely !
Et puis il y a la Tentative de recensement d'une iconographie péréquienne, interrompue en son vingt-sixième chapitre, formidable travail de recherche et d'identification des deux mille cinq cents (estimation provisoire selon la police Monsieur Ka) citations de textes ou graphiques, allusions picturales et autres tableaux-contraintes que recèle La Vie mode d'emploi.
La boîte à images ferme, la boîte (de conserve) reste, on s'en réjouit, mais bon, en vérité on s'en désole aussi un peu beaucoup quand même... J'espère que l'envie te reviendra m'sieur Ka !
Commentaires
Tu l'as dit tout mieux que je ne l'aurais fait, la seule différence tenant à nos vies : j'aurais tant aimé qu'on me trainât dans les musées.
Ma seule consolation est que comme j'ai pris l'histoire en cours de route, je devrais pouvoir patienter en rattrapant mon retard, et que pour Pérec ça me laisse le temps de remettre la main sur mon bouquin, mais bon voilà quoi.
Cela dit, si la boîte est si bien, c'est que son auteur mourait d'envie qu'on partage ce bonheur de devenir intelligents à l'image, si l'envie disparaît sous le surmenage et la fatigue et l'angoisse des autres travails à remettre dans des délais difficiles, la boîte poursuivie malgré tout deviendrait forcément moins vivante et tentante. Je me félicite donc de cette décision et du trop de travail qui se confirme.
Ça ne m'empêche pas d'être en même temps toute triste (et puis c'est l'hiver et puis il fait froid et puis tout ça), d'autant plus qu'il n'est pas le seul à se mettre en sourdine, d'autres l'ont précédé. Si ça continue je demanderai à quelques médecins de ma connaissance s'il existe un remère contre ''Le syndrome de Vro'umette" qui décime depuis l'automne nos blogs préférés :-)
Zut il y a un ' qui traîne je ne sais pourquoi et puis je voulais écrire "je le félicite ..."
(le pire c'est que j'ai fait "prévisualiser" avant).
peut-être que je devrais arrêter moi aussi, sais pu écrire trois mots d'affilée !
Je ne peux que me joindre à ce beau billet...
Mille mercis Mr Ka, pour tout ce que j'ai appris chez vous et qui me permet de crâner régulièrement en société.
Merci pour tous les peinturlureurs et autres dessineux que j'ai découverts ou approfondis en vous rendant visite.
Et puis merci pour ce cher Georges P. que j'aime tant.
(et puis, rev'nez pas si vous voulez, jm'en fous, avec ma mémoire-passoire, vos archives à raison d'au moins trois relectures, elles me tiendront bien encore un bon moment...)
Petit ado, je suis tombé dans la marmite des noces de Cana, Veronèse Le Louvre.
Je n'ai pas encore retrouvé la sortie.
Mouaif…
Vous avez tous raison mais ça fait quand même un peu braire parce qu'on s'amusait bien chez lui, et ça c'est pas partout, et si effectivement ils se mettent tous à fermer les uns après les autres moi je vois pas très bien ce qu'il nous restera après l'hiver !
(mis à part les kozeries bien sûr… Hop, je range mon cirage :-)
Ouais, je reprendrai ptêtre ou ptêtre pas la Boîboîte, ça dépendra du sens du vent qui soufflera dans ma tête aux alentours du mois du muguet.
La Tentative, elle, reprendra sûrement. Pasque s'atteler à la VME et abandonner en cours de route, ça s'fait pas, ça serait une insulte à Perec.
Merci pour le billet et ces comm'.
Un salut stéréperecoscopique à Monsieur Ka ici (à condition de bien voir des 2 yeux, coller le nez à l'écran et reculer progressivement ; le texte devrait apparaître... et disparaître en relief).
Bbt
PS - Kozlika, panne dans ton billet du lien à l'iconographie perecquienne.
môôssieur Ka,
T'as refermé le couvercle de la trip et de la boîte...
Bosse bien et que le vent revienne souffler par là.
Il est pas drôle ton fake kozlika...
Ka : comme je te comprends...
Ça fait loin le mois du muguet ...