L'orthographe c'est important
Par Kozlika le mercredi 5 mars 2008, 13:21 - Lien permanent
Vu dans une convention collective :
En cas de rupture anticipée d'un contrat à durée déterminée à l'initiative de l'employeur, il sera versé une indemnité calculée [comme ci comme ça] sur la base de la durée du contrat effectué par le salarié.
Soit un contrat prévu pour six mois, rompu au bout de trois :
- effectué > s'accorde à contrat : (la durée) (du contrat effectué), l'indemnité est calculée sur la base de six mois ;
- effectuée > s'accorde à durée (la durée du contrat) (effectuée), l'indemnité est calculée sur la base de trois mois.
Pour un e présent ou absent, une indemnité du simple au double.
L'accord du participe passé n'est pas qu'une affaire d'esthètes n'intéressant que les enculeurs de mouches.
Commentaires
N'est-il pas ici plutôt question de grammaire ?
Oh ! une mouche...
Ben en l'occurrence les règles de grammaire servent à appliquer la bonne orthographe ;)
brol: Certaines fautes d'orthographe sont des faute de grammaire, d'ôtres non.
Le fait que "durée" et "contrat" soient de genres opposés aide. Si c'était le "temps du contrat" ou "la durée de la convention", l'ambigüité serait restée !
De toute façon, une indemnité de CDD calculée sur la durée effectuée serait assez étrange, si ce n'est illégale, l'inverse semble de mise :
Donc, si le contrat de 6 mois est rompu au bout d'un mois, l'employeur doit payer les 5 mois qui manquent.
Je suis d'accord avec Brol, pour moi c'est un point de grammaire, pas d'orthographe (c'est pas la même chose) ^^
Je ne peux que déplorer le nombre incessants de fautes diverses et variées que l'on peut trouver dans les documents d'entreprises, et ce même dans les plus sérieux. Surtout lorsque sans même lire, la seule chose que votre oeil perçoit c'est "il manque le s" ou "il y a un problème d'accord".
C'est bien pour ça que je suis super vigilante sur l'orthographe des accord ou contrat. On peut y trouver des mines :-)
http://www.cnrtl.fr/lexicographie/o...
Alexandre, tu confonds je crois orthographe d'usage et orthographe tout court. Pas que ce soit très grave d'ailleurs, mais tant qu'à pinailler, exercice fort réjouissant auquel j'aime aussi parfois me livrer, mieux vaut le faire à bon escient :)
lien très intéressant, justement, je m'étais rapidement mis en quête de trouver LA différence entre orthographe et grammaire dans ce genre de cas, et je n'avais pas vraiment trouvé (je suis vite passé à autre chose).
Pauvres mouches... Sais-tu qu'elles aussi nos amies ?
Tiens, je me demande comme tu fais pour résister à l'envie de corriger les interventions sur le forum dc... Parfois, je désespère.
En gros, on peut se dire que l'orthographe est "la manière droite (correcte) de transcrire" ; la grammaire concerne l'articulation, la syntaxe, la structure de la phrase. Dans la mesure où la façon de structurer a une incidence sur la façon de transcrire, certaines erreurs orthographiques peuvent bien sûr correspondre à des erreurs de grammaire. Par exemple, "ils possède un canard de bain en plastique" est probablement une kitscherie orthographique et grammaticale.
Mais nos moutonsss. Pour mon goût, ce n'est pas un problème de grammaire ou d'orthographe. L'accord est correctement fait au regard de ce que raconte le droit qui régit l'objet du discours. Non, moi ce qui me semble amusant à observer, c'est le choix du mot "effectué". C'est là que c'est hiatutique. On effectue une durée de travail, mais on signe/respecte/rempli (au sens de accomplir) un contrat. "effectué" de par le sens se raccroche à la durée, tandis que la forme syntaxique rattache aux termes du contrat (et donc à ce qui le rend valide : le droit). Tout se passe comme si un collapsus avait eu lieu dans l'esprit du rédacteur, pris entre l'effectivité du contrat et ce qui du contrat aura été effectué.
Je vois ça comme un accident sémantique, moins une erreur qu'un truc intéressant à observer. Il y a de la métalepse là-dedans : il s'est passé quelque chose dans l'écriture, une histoire, qui se traduit par ce résultat-compromis-accident. ça fait un peu lapsus sémantique, je trouve ça intrigant, il y a une sorte de mini-drame sémantique qui se joue sur "effectué".
Alors maintenant, la question serait : mais qu'est-ce qui rend le hiatus possible ? eh bien à mon avis c'est la notion même de "contrat", qui contient en son champ à la fois la formalisation et la possibilité de réalisation, les deux choses ne se situant toutefois pas sur le même registre. Penser en même temps le contrat formel et le contenu effectué tel que prévu par le contrat demande de se placer sur 2 registres distincts. Je me dis qu'il est probable que l'occurrence de "effectué" traduise une difficulté à transcrire ce double classement ; le mot met tout ça en boule et l'accord rattrape.
L’accord du participe passé touche encore à un domaine qui à son tour te touche, la musique ! Écoute ça : sous une appellation valise où se soudent clou & flûte, les clûtes sont des automates rotatifs qui font vibrer (en tirant un son de flûte) des clous mobiles au contact d'un archet fixe.
Or, comme « amour » dans ton billet précédent, « clûte » varie assez bien, puisque masculin au singulier & féminin au pluriel. L'apprenti clûtier (orthographe archaïque : clûthier) ne s'étonnera pas d'entendre son maître dire : « Le clûte que tu as planté ce matin est un des plus stridentes jamais ouïes ! »
On trouve un autre clute (sans circonflexe ni rapport étymologique attesté) parmi les instruments flamands du XIVe siècle, dans le Handbook of Ancient Instruments, chez Breitmann en 1954. Description voisine, une tige métallique dont on tire des sons analogues à ceux d'une flûte.
Jéranium, inventeur moderne, m’a dit en ignorer l'existence, preuve au-delà de la littérature de la fécondité du plagiat par anticipation. On aperçoit un des nombreuses clûtes qu'il a assemblées par la suite au bas de cette page.
D'abord on ne fait pas de mal à une mouche. On se contente de sodomiser les diptères.
Ensuite, l'orthographe ET la grammaire sont indispensables à une bonne écriture, et je me lamente de ne jamais assez me relire.
Enfin, si certaines fautes sont sans conséquences, certaines autres, comme dans l'exemple de Kozlika, peuvent tout simplement trahir l'intention des parties qui ont ramé pour trouver le bon point d'entente dans la négociation.
L'orthographe du document final est donc essentielle, et acteur incompétent sera celui qui néglige cette phase de l'élaboration du document, sous prétexte de détail à perdre son temps.
Je rejoins Akynou, d'autant mieux que c'est une partie importante de mon existence de traquer, dans les textes pondus par d'autres, les imprécisions et les contresens involontaires, enfin, je suppose qu'ils le sont.
Une règle d'or qu'ignorent souvent les rédacteurs est que, en cas d'ambigüité, c'est l'interprétation de celui qui n'a pas rédigé le texte qui l'emporte.
Le lecteur a toujours raison contre l'écriveur.
un des clûtes qu'il a assemblées : whaaaaaaaa, je suis ARCHI FAN ! \o/
Dis m'sieur Bbt, tu y seras ?
tss tss tss, on dit "sodomiser les muscidies"...
L'orthographe, la grammaire... et la ponctuation aussi !
J'ai été secrétaire d'un directeur qui supervisait le service juridique d'une société assez importante, et les secrétaires dudit service se plaignaient que mon patron leur fasse retaper des lettres pour une virgule mal placée. Je les avais surprises en leur expliquant qu'il avait raison : un simple virgule peut changer le sens d'une phrase, tout comme un simple participe passé mal accordé.
Youpiiiiiii, on relance le ping pong!
Bizarre cette distinction que fait Alexandre entre grammaire et orthographe...
Sur quoi peut-on bien baser une telle distinction ? Mystère.
L'orthographe étant l'art de bien écrire, n'importe quelle faute à l'écrit est une faute d'orthographe.
Que cette faute ressortisse à la grammaire, dans le cas présent c'est évident... Mais la grammaire sert aussi (et d'abord) à l'oral.
Il s'agit donc ici d'une faute d'orthographe grammaticale, c'est pourtant pas compliqué, ya pas de mouches à enculer sur ce coup-là.
L
Ludwig, j'ai corrigé le lien vers ton blog, tu avais mis trois w de trop au début :)
En fait, la confusion est assez courante, y compris chez les enseignants. Je me souviens parfaitement avoir eu des dictées avec des barèmes enlevant deux points par faute « de grammaire » et un point par faute d'« orthographe ».
Merci Koz pour l'outil du CNRTL, l'applet de la proxémie... j'en reste baba ;-)
Sans parler des "Variations maximales pour les Syntagmes Nominaux", tout un programme ! Au fait le billet aurait-il une connotation professionnelle ?
Et c'est là qu'on se dit que de bons juristes se sont bien penchés sur la convention pour ne rien y laisser au hasard (par contre, pas sûre que les salariés aient vu cette délicate subtilité, hirk !)