Enfin si justement un, Bbt qui me fait le plaisir de commenter ici de temps à autre et dont je savais qu'il y serait pour y présenter La Nouvelle Revue Moderne[1]. Et puis ce soir le thème c'était Paris, et j'ai la faiblesse d'être une Parisienne qui adore sa ville.

Mais voilà, je suis depuis quelque temps comme qui dirait un peu à côté de mes cuissardes (même quand je ne les porte pas) et j'ai tergiversé toute la journée sur le thème rebattu du givégivépa. Oui, parce que quand vous vous dites qu'il faudrait cesser de tourner en rond et aller à la piscine tous les mardis, à la gym tous les jeudis et au boulot tous les jours et qu'un médecin vous annonce tout de go que vous n'avez pas non non non juste un p'tit coup de blues mais une dépression en bonne et due forme, ça fait tout drôle. Oué voilà : drôle.

Guidée par John Lennon, la fille de Rigoletto et la Cyberjumelle par le truchement du Saint Gtalk, je décidai finalement de m'y rendre. Et puis quoi, la doctoresse m'avait bien dit que la dépression c'est une ma-la-die. Et que je sache c'est pas parce qu'on est malade qu'on doit faire la gueule. Il est vrai les consonnances de dépressif et dépression sont assez proches, mais c'est pas du tout pareil : le dépressif geint tandis que la personne atteinte de dépression est malade. (D'ailleurs j'ai des médicaments depuis ce matin et croyez-moi les médicaments je les tiens à distance depuis toute petite faut vraiment que je sois malade pour en prendre.) Les hommes geignent quand ils sont malades mais pas nous, les fâmes et les filles.

Au moment de partir je décidai que l'habit fait le moine mais aussi le réjoui et j'abandonnai mon pull doudou et ma parka pour un pull noir comme ci comme ça et ma veste avec la drôle de capuche pointe-virgulée.

C'était pas malin.

Parce que mes cigarettes, mes billets de banque et ma carte bleue, sans doute dépressifs, n'avaient pas suivi le mouvement et étaient restés planqués dans ma parka à geindre « prends-moi, prends-moi » mais pas assez fort pour que je les entende. Les objets inanimés ont une âme noire. Heureusement j'avais de la menue monnaie en quantité juste suffisante pour acheter mon exemplaire dédicacé de la Nouvelle Revue moderne[2] !

Si bien que je n'ai pas accepté la charmante proposition post-lecturale du non moins charmant Robert Rapilly – alias Bbt mais que j'appelerais désormais Bibi-Ti, à cause de son joli chapeau-cloche bien enfoncé sur deux yeux malicieux – à me joindre à son groupe pour dîner d'une pizza dans le bistrot d'à côté. Je dois dire aussi qu'affronter une quinzaine de joueurs de mots de cette envergure et m'y sentir peu à ma place m'a sur le coup semblé contre-productif compte tenu de ma ma-la-die.

Un jour quand je serai grande il faudra aussi que je leur dise que c'est très intimidant que les orateurs ne se présentent pas. Encore un peu et je n'aurais pas su que Jacques Roubaud était le lutin facétieux brodant sur les noms des mois et les noms des rues ! Quant aux autres, ne me demandez pas, tous la parole agile mais pas un seul avec le nom inscrit sur le front (mais à quoi pensent-ils donc ?). Et comme les auditeurs avaient tous l'air de bien le savoir, me suis sentie bien bêtassoune.

J'y reviendrai mais je ferai une recherche Google Images avant ! Au fait : le 31 mars ils seront au Théâtre du Rond-Point à 19h30, avec (taratata) Martin Granger himself qui poussera la chansonnette avec les Trois Jeunes Tambours.

Et cette fois, j'aurai mes sous !

Notes

[1] Exceptionnellement, j'emmerde les typographes et je mets une majuscule à chaque mot, parce qu'elle le vaut bien.

[2] Une seule faute typo par billet, sinon ça devient vulgaire.