Fugue à la BNF
Par Kozlika le jeudi 13 mars 2008, 21:07 - Lien permanent
C'était ce soir jeudi de l'Oulipo à l'auditorium de la BNF et j'avais décidé depuis quelques jours de m'y rendre. Je fais mon intéressante ici quand je parle de Queneau et Pérec mais en vrai je ne connaissais pas d'oulipien avant ce soir.
Enfin si justement un, Bbt qui me fait le plaisir de commenter ici de temps à autre et dont je savais qu'il y serait pour y présenter La Nouvelle Revue Moderne[1]. Et puis ce soir le thème c'était Paris, et j'ai la faiblesse d'être une Parisienne qui adore sa ville.
Mais voilà, je suis depuis quelque temps comme qui dirait un peu à côté de mes cuissardes (même quand je ne les porte pas) et j'ai tergiversé toute la journée sur le thème rebattu du givégivépa. Oui, parce que quand vous vous dites qu'il faudrait cesser de tourner en rond et aller à la piscine tous les mardis, à la gym tous les jeudis et au boulot tous les jours et qu'un médecin vous annonce tout de go que vous n'avez pas non non non juste un p'tit coup de blues mais une dépression en bonne et due forme, ça fait tout drôle. Oué voilà : drôle.
Guidée par John Lennon, la fille de Rigoletto et la Cyberjumelle par le truchement du Saint Gtalk, je décidai finalement de m'y rendre. Et puis quoi, la doctoresse m'avait bien dit que la dépression c'est une ma-la-die. Et que je sache c'est pas parce qu'on est malade qu'on doit faire la gueule. Il est vrai les consonnances de dépressif et dépression sont assez proches, mais c'est pas du tout pareil : le dépressif geint tandis que la personne atteinte de dépression est malade. (D'ailleurs j'ai des médicaments depuis ce matin et croyez-moi les médicaments je les tiens à distance depuis toute petite faut vraiment que je sois malade pour en prendre.) Les hommes geignent quand ils sont malades mais pas nous, les fâmes et les filles.
Au moment de partir je décidai que l'habit fait le moine mais aussi le réjoui et j'abandonnai mon pull doudou et ma parka pour un pull noir comme ci comme ça et ma veste avec la drôle de capuche pointe-virgulée.
C'était pas malin.
Parce que mes cigarettes, mes billets de banque et ma carte bleue, sans doute dépressifs, n'avaient pas suivi le mouvement et étaient restés planqués dans ma parka à geindre « prends-moi, prends-moi » mais pas assez fort pour que je les entende. Les objets inanimés ont une âme noire. Heureusement j'avais de la menue monnaie en quantité juste suffisante pour acheter mon exemplaire dédicacé de la Nouvelle Revue moderne[2] !
Si bien que je n'ai pas accepté la charmante proposition post-lecturale du non moins charmant Robert Rapilly – alias Bbt mais que j'appelerais désormais Bibi-Ti, à cause de son joli chapeau-cloche bien enfoncé sur deux yeux malicieux – à me joindre à son groupe pour dîner d'une pizza dans le bistrot d'à côté. Je dois dire aussi qu'affronter une quinzaine de joueurs de mots de cette envergure et m'y sentir peu à ma place m'a sur le coup semblé contre-productif compte tenu de ma ma-la-die.
Un jour quand je serai grande il faudra aussi que je leur dise que c'est très intimidant que les orateurs ne se présentent pas. Encore un peu et je n'aurais pas su que Jacques Roubaud était le lutin facétieux brodant sur les noms des mois et les noms des rues ! Quant aux autres, ne me demandez pas, tous la parole agile mais pas un seul avec le nom inscrit sur le front (mais à quoi pensent-ils donc ?). Et comme les auditeurs avaient tous l'air de bien le savoir, me suis sentie bien bêtassoune.
J'y reviendrai mais je ferai une recherche Google Images avant ! Au fait : le 31 mars ils seront au Théâtre du Rond-Point à 19h30, avec (taratata) Martin Granger himself qui poussera la chansonnette avec les Trois Jeunes Tambours.
Et cette fois, j'aurai mes sous !
Commentaires
Bon, je suis un hômme donc j'assume et je geins : j'irai bien faire un tour à ton Oulimpia (eh oui moi aussi je sais faire des jeux de mots) \o/
Ah ! Si j'habitions Paris ! J'irions voir les joeurs de mots… Tout cela fait très envie. J'attends la suite de tes impressions avec impatience. Les mots, rien de tel pour retrouver la joie de vivre.
C'est une coïncidence que tu cites Jacques Roubaud dans ce billet, que tu racontes l'avoir rencontré ce soir, ce soir du jour où tu as appris avoir une dépression au-dessus du jardin, parce que j'ai aussi rencontré Jacques Roubaud, par l'intermédiaire d'un de ses livres, au titre évocateur "Quelque chose noir" et ce livre-là a été comme qui dirait un parapluie, qui m'a protégée de la dépression que j'avais au-dessus de mon jardin, à l'époque.
Ça c'est un chant du signe qui veut dire que tu vas guérir très vite.
J'ai trouvé la solution ! Chez les trois helvètes il y a des bottes à poches, il les font peut-être version cuissardes, non ?
Pour voir c'est là
Je regrette de ne pas avoir été là. D'abord pour voir tous ces gens parler de mots et ensuite pour pouvoir t'avancer un repas dans une pizzeria. ;)
Dimanche, au salon du livre, Les papous dans la tête seront en direct!!!!
http://www.radiofrance.fr/chaines/f...
Incroyable. Kozlika a écrit :
La preuve qu'il y a de l'espoir, et que rien n'est jamais perdu.
:-P
Mais non tu n'es pas bêtassoune, j'aime bien ce mot.
yalalou c'te chance ! Bibi-Ti et Jacques Roubaud eux-self !
J'ai découvert Jacques Roubaud avec La belle Hortense, roman qui n'en est pas un mais qui m'a fort réjouie, et avait même réjoui mon cher réfractaire à la culture de ce temps-là.
Tellement que je l'aimais qu'une amie m'avait même proposé d'y travailler dessus pour une publication... c'était à une époque où j'avais des médicaments et une immense zone à ranger ; l'article n'a pas vu le jour mais les livres achetés en vue de veillent sur moi, bien en vue sur l'étagère la plus proche de la couette...
encore un signe, n'est-ce pas les jumelles ?
Promets-moi que quand on se reverra, moi les poches pleines d'avoir vendu des brassées d'NRM à la sauvette, toi dont les sous (qu'importe) et les clopes (bon signe non ?) seront restés planqués à la maison, tu répondras oui à l'invitation au bistro.
Taper Nouvelle Revue Moderne avec 3 majuscules ? Me semble que l'article et les adjectifs forment avec le nom une unité qui n'est plus analysée (Grévisse, l'adjectif et la majuscule).
Hier soir ça se passait à la BnF, avec n minuscule en effet, et tu as entendu de gauche à droite Hervé Le Tellier, Ian Monk, Marcel Bénabou pote à Perec, Valérie Beaudouin, Jacques Roubaud et Olivier Salon. Distraits comme souvent (très certains), ils ne se sont pas présentés, mais le site Oulipo répare l'oubli.
Amitié, Kozlika.
PS - Bibi-Ti c'est gentil.
PPS - Entretien récent de Roubaud chez Biffures.
PPS - Au théâtre du Rond-Point lundi 31 mars à 19h30, Martin Granger et ses Trois Jeunes Tambours (tant pis pour la typo) chanteront et nous enchanteront ; là le bistro, tu n'y couperas pas.
Amitiés