Le plus difficile pour moi c'est d'accepter cette faiblesse. Non que je me croyais jusque là super forte mais j'avais au moins le sentiment d'à peu près réussir à ne pas le montrer. Là, évidemment, c'est un peu difficile de faire autrement : rien que sur ce blog la proportion de billets mon-nombril-est-triste atteint un seuil dangereux (et ça n'est pas celui-ci qui va rétablir l'équilibre) d'autocomplaisance.

Il y a autour de moi des gens qui font ou ont fait face à de bien plus grands obstacles ou avanies que les miens beaucoup plus courageusement. D'ailleurs je n'ai pas vraiment de soucis, quelques cailloux dans la chaussure, rien qui vaille la peine de se mettre dans des états pareils. J'en connais tant, et de très proches, qui sont passés en force, vaillamment, devant la maladie, le deuil, l'opprobre, la reprise d'études, l'anorexie.

Tiens, depuis ce matin je sais pourquoi je n'envisage pas une seconde de courir dans les bras de ma mère, qui pourtant sûrement les rendrait accueillants, toute inquiète qu'elle est pour moi. C'est que je suis le vilain petit canard d'une dynastie de femmes fortes, sœur, fille et petite-fille de superwomen, assumant debout et sans concessions leurs choix de vie peu conformes à la bien-pensance.

« Parfois pas grand chose à faire qu'à jeter l'ancre, béquiller et attendre les vives eaux », commentait anita sur un billet l'autre jour. Voilà sans doute ce qu'il faut que contre tout modèle j'apprenne à faire. Parce que c'est sûr que si je continue à faire du pédalo autour du banc de sable ça va me crever pour pas grand chose et si les vives eaux arrivent je serai trop crevée pour barrer.

Mais pinaise, spa gagné.