Pédaler dans la
Par Kozlika le mercredi 2 avril 2008, 09:26 - Lien permanent
Le plus difficile pour moi c'est d'accepter cette faiblesse. Non que je me croyais jusque là super forte mais j'avais au moins le sentiment d'à peu près réussir à ne pas le montrer. Là, évidemment, c'est un peu difficile de faire autrement : rien que sur ce blog la proportion de billets mon-nombril-est-triste atteint un seuil dangereux (et ça n'est pas celui-ci qui va rétablir l'équilibre) d'autocomplaisance.
Il y a autour de moi des gens qui font ou ont fait face à de bien plus grands obstacles ou avanies que les miens beaucoup plus courageusement. D'ailleurs je n'ai pas vraiment de soucis, quelques cailloux dans la chaussure, rien qui vaille la peine de se mettre dans des états pareils. J'en connais tant, et de très proches, qui sont passés en force, vaillamment, devant la maladie, le deuil, l'opprobre, la reprise d'études, l'anorexie.
Tiens, depuis ce matin je sais pourquoi je n'envisage pas une seconde de courir dans les bras de ma mère, qui pourtant sûrement les rendrait accueillants, toute inquiète qu'elle est pour moi. C'est que je suis le vilain petit canard d'une dynastie de femmes fortes, sœur, fille et petite-fille de superwomen, assumant debout et sans concessions leurs choix de vie peu conformes à la bien-pensance.
« Parfois pas grand chose à faire qu'à jeter l'ancre, béquiller et attendre les vives eaux », commentait anita sur un billet l'autre jour. Voilà sans doute ce qu'il faut que contre tout modèle j'apprenne à faire. Parce que c'est sûr que si je continue à faire du pédalo autour du banc de sable ça va me crever pour pas grand chose et si les vives eaux arrivent je serai trop crevée pour barrer.
Mais pinaise, spa gagné.
Commentaires
On se croit tous tenus d'être des hommes et des femmes de faire.
Pitêtre, c'est ailleurs que ça le fait vraiment. (genre : des écumes de fleurs ont bercé mes dérades et d'ineffables vents m'ont ailé par instant...)
Je rajouterai un autre jour d'affreux jeux de mots, où il sera question d'amarre, de garde et d'écoute. En attendant, bises et embruns.
Hé oh ? T'as tout de même le droit de pas aller bien ! Et puis à force de charger le sac de petits cailloux, ça finit par peser plus lourd qu'un âne mort.
Sinon, comme Anita, des bisous mais pas d'embruns, là tout de suite, j'en ai pas ;-)
"Le plus difficile pour moi c'est d'accepter cette faiblesse. Non que je me croyais jusque là super forte mais j'avais au moins le sentiment d'à peu près réussir à ne pas le montrer. Là, évidemment, c'est un peu difficile de faire autrement : rien que sur ce blog la proportion de billets mon-nombril-est-triste atteint un seuil dangereux (et ça n'est pas celui-ci qui va rétablir l'équilibre) d'autocomplaisance."
Je ne le dirais pas comme ca
le petit Robert :
Epanchement n.m. (1606 de épancher) Action de s'épancher , communication libre et confiante de sentiments, de pensées intime.
S'épancher : communiquer librement, avec abandon, ses sentiments, ses opinions, ce que l'on cachait.
Je trouve ça beau, non?
(il se trouve que j'ai regardé hier soir dans le dico, suite à un rdv avec le docteur des "ces bobos là" qui trouvai que "c'est bien je commence à m'épancher", et moi de réagir : non! s'épancher , c'est mal, ca dégouline, beurk. Puis en rentrant je regarde dans mon robert, et aujourd'hui ca sonne plus du tout pareil ...)
et puis aussi je trouve ça très courageux, de communiquer librement , avec abandon, .....la frime c'est plus facile !! et toc!
Puisqu'on peut commenter...
Vivons heureux, vivons caché...
Ca c'est de l'autocomplaisance selon moi. C'est faire croire aux autres (et à soi également) qu'on est super capable, qu'on sait apporter la bonne réponse à la question qui chamboule tout, qu'on a toutes les clés.
Me semble surtout qu'on a les clés de la dissimulation...
Se reconnaître comme faible à certains moments (et personnellement je ne parlerai pas de faiblesse mais de non-connaissance de la réponse face à un problème, une interrogation), c'est reconnaître qu'on est perfectible, qu'un mieux, qu'un plus peut exister et qu'on peut l'acquérir. Personnellement, je trouve ça nettement plus efficace que se dire "je souffre mais je vais axer ma force, mon énergie sur le comment ne pas le faire voir plutôt que sur la résolution de cette souffrance". Enfin, moi je sais que mon énergie est limitée... et puis je me contrefous tellement du paraître...
Se lancer dans la comparaison de souffrance et/ou de capacité à y faire face m'a toujours paru très indécent et totalement pervers (dans le sens où ça me semble le plus sûr moyen de ne pas arriver à un résultat direct sur lequel on va pouvoir se reconstruire. Car si l'état présent ne satisfait plus, il y a nécessité de se construire autrement !).
Dans le cas de la souffrance : la nier, ne pas lui accorder sa valeur telle que je la vis et que supplanterait alors un système de valeur totalement connard qui hiérarchiserait les souffrances (un cancer aurait ainsi plus de valeur que le deuil d'un parent ? qu'une paraplégie ? que la reprise d'études, que le fait d'avoir peur dans le noir ? Foutaise et indécence !) équivaudrait, selon moi, à ne pas la reconnaître, à ne pas la prendre en compte telle qu'elle est, telle qu'elle me fait mal, telle qu'elle me perturbe, à passer totalement à côté de cette souffrance ! Et là, je me demande bien comment on peut atténuer, guérir une souffrance qu'on refuse de reconnaître ! Ne parlons alors même pas de transcender cette souffrance en force, en atout nouveau pour affronter la vie...
Dans le cas de la capacité à y faire face : croire qu'on a tous le même parcours, tous la même capacité à faire face, tous la même sensibilité et surtout tous le même courage à laisser transparaître la souffrance équivaut à partir dès le début sur un constat d'échec qui ne peut rien amener de bon. J'ai jamais été foutu de comprendre comment on pouvait espérer aller mieux si, dès le départ, on se persuade être une pauvre merde en comparaison avec untel ou trucmuche qui a vécu un truc tellement plus dur que...
Bref, les modèles ne me semblent intéressants que si on les fait vivre, que si on les enrichit en les débarrassant de scories ne nous convenant pas (plus), en leur apportant de nouvelles fonctionnalités. Ou alors faut aimer stagner...
Bref, tu ne me sembles pas si mal barrée que ça... et puis, c'est mimi tout plein les petits canards ;-)
Des tas d'ondes positives.
Ptet qu'à être des superwomen, elles n'avaient plus assez d'énergie pour passer la flamme? En fabriquer et l'entretenir assez pour qu'elle prenne son envol? Ptet que t'es une superwomen qui s'en rend pas compte? Ptet que l'énergie que tu mets pas à être une parfaite superwomen, tu la mets à d'autres choses et que ça t'empêche pas d'être une superwomen quand même?
Ptet que tu te rends pas compte ce que tu vaux?
Ptet que l'énergie qui te manque à te sentir bien, elle t'a été pompée...?
Il y aurait beaucoup à dire sur les dessous des existences "parfaites", lisses et fortes. Je les vois comme des prisons aux barreaux en acier trempé - celui de la vanité.
Je leur préfère les récits d'humanité sensible, ses chairs qui s'émeuvent et se hérissent, au contact certes rassurant mais glacial du métal si solide. D'ailleurs je remarque que le métal n'a souvent pas grand-chose à dire.
Je n'ai pas la mer, à peine un rayon de soleil, et un petit vent frais, porteur. Qu'il glisse entre mes mots l'espoir d'un renouveau.
A te lire...
Mesurer le chemin parcouru depuis ce billet en comparant avec celui d'aujourd'hui ;-)