C'était hier et un ami (non non, pas John Lennon cette fois !) me parlait de ses retrouvailles heureuses et douloureuses avec deux demi-sœurs dont il ignorait l'existence il y a quelques mois encore. Il disait le bonheur de la tendresse, la chaleur des mille et une confidences pour rattraper le temps perdu, l'émotion d'un texto comme ça juste pour rien, pour dire je pense à toi. Il disait aussi la douleur de retrouver dans cette deuxième vie de son père les mêmes blessures infligées à lui enfant, et d'autres blessures encore, déchirantes, destructrices, qu'elles lui demandent inconsciemment de panser, grand frère en âge d'être leur papa, celui qu'elles n'ont pas eu, celui qu'il n'a pas eu. Il disait la résurgence des tremblements qu'en un temps il digéra avec les mots écrits, tant bien que mal, parce que c'est ta vie et que tu n'en as pas de rechange.

Les couleuvres ont la vie dure.

On négocie avec ses peurs, on négocie avec ses douleurs, on avale les couleuvres morceau par morceau comme le dit si superbement Samantdi dans le commentaire en lien ci-dessus, parce qu'il faut bien avancer. Mais parfois vous vous découvrez victime de quelques reflux gastriques et vous savez alors que la digestion n'est pas tout à fait finie. Cette couleuvre-là se rappelle à mon bon souvenir au détour du bonheur, comme pour mon ami avec ses demi-sœurs. En bien plus douloureux pour lui que pour moi ; ses blessures se sont rouvertes à vif, les miennes ne font que pincer le cœur parfois un peu trop fort, bloquer les mâchoires pour ne pas demander oh s'il te plaît reste dormir ici, une nuit, juste une, ne prends pas cet ascenseur, serrer les poings dans mes poches en public pour respecter la promesse de maintenir pour l'instant le secret.

Les couleuvres sont traîtres.