Il serait tout à fait diffamatoire de nous reprocher à Pascal et moi quelconque vénalité car en vérité nos goûts sont modestes. De quoi manger raisonnablement, boire modérément, nourrir notre curiosité intellectuelle de quelques escapades culturelles et un compte ouvert dans quelques librairies de choix, voilà tout ce que nous réclamons en échange de notre brillante compagnie et notre corps de temps à autre.

C'est que, voyez-vous, Pascal et moi cherchons quelque mécène à marier, polygame et bisexuel bien entendu, car nous disposons hélas de trop peu de temps pour bloguer, tout contraints que nous sommes à devoir travailler qui à Joli-Travail SA, qui à Vénérable-Entreprise, pour faire face à de sordides contingences matérielles.

Las, il semble que nous devions le faire savoir haut et fort en nos blogs puisque aussi bien aucun mécène ne s'est présenté à notre porte à ce jour ou que trop timide il n'ait osé se manifester. Je complète donc ici le billet de Pascal, qui plus sérieux que moi a déjà tracé un premier profil de la personne recherchée en y ajoutant quelques desiderata de son cru. C'est que Pascal, sans doute plus pipaule que moi (et trahissant par là-même le péché mignon de la gent homosexuelle masculine), aimerait que de surcroît notre mécène lui offre la possibilité de cotoyer rien moins que la reine du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord et de ses autres royaumes et territoires. Soit. Je peux concéder ce petit caprice à mon associé si cela le ravit. Voilà cependant qui réduit assez drastiquement la liste des recrutables à ce poste émérite et modifie un poil la configuration sur laquelle nous étions tombés d'accord puisqu'il propose que nous épousions chacun l'un des fils ou petits-fils de la reine.

J'avoue avoir été quelque peu contrariée par cette modification qu'il a apportée sans me consulter parce que notre montage reposait sur une répartition équitable de nos nuits permettant de conserver nos amoureux respectifs présents ou à venir tout en honorant notre part de contrat. C'est comme cette histoire de mariage. J'étais prête, moi, à m'engager dans une relation extra-conjugale avec ledit mécène pourvu qu'il nous couche sur son testament et ait le bon goût de mourir vite ou à tout le moins de virer abstinent sans trop tarder. Je ne sais ce qu'il en est de l'appétit sexuel des têtes couronnées mais ça serait quand même pas de chance que ça nous bouffe autant de temps que nos salariats actuels (Pascal ne pense à rien, c'est désolant).

Après élimination des trop vieux, trop moches, pas assez haut placés, il a finalement porté son choix sur le jeune prince Harry. A mon avis il court au-devant des pires ennuis, la vie protocolaire doit être affreusement contraignante et ce gamin n'a peut-être pas fini sa crise d'adolescence. Il me semblerait plus judicieux de porter notre choix sur l'élégant prince Michael de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord, prince Michael de Kent, certes sans l'épouser mais est-ce bien nécessaire encore une fois ? Cet homme me semble disposer de tous les atouts : une certaine prestance, suffisamment proche d'Elisabeth pour nous laisser espérer quelques soirées au coin du feu en sa compagnie tandis qu'elle nous conterait ses rencontres avec la longue liste des hommes d'Etat qu'elle a cotoyés, suffisamment loin d'elle aussi pour ne pas nous embarrasser d'obligations chronophages, il a épousé en 1978 la baronne Marie-Christine von Reibnitz, ce qui laisse espérer peu de mesquines manifestations de jalousie après trente ans de mariage, voire quelque reconnaissance en espèces sonnantes et trébuchantes à qui occuperait son petit mari pendant qu'elle... vaquerait à ses occupations.

Et qui sait... du père nous pourrions avoir accès au fils ? J'en ferais bien mes dimanches de ce petit. Pas toi Pascal ?