Le cinquième élément
Par Kozlika le mardi 19 août 2008, 19:31 - Lien permanent
Il était logique qu'une fois entrée dans la quatrième dimension j'y trouve le cinquième élément. Le seul truc que je n'avais pas prévu ni ma cyberjumelle dans nos scénarios d'hier.
Maureillas était nettement plus vivant aujourd'hui. Vivant si l'on peut dire car le glas de l'église accompagnait le chemin de l'église au cimetière qu'empruntaient quantité de gens pour l'enterrement du jour. Ce chemin passait par la rue des Aires. J'ai pu y faire quelques photos de la façade depuis un bout et l'autre, du porche, des rideaux blancs.
Quelqu'un en bas a hélé les habitants de la maison. Une fenêtre s'est ouverte. Une dame à cheveux gris s'y est postée. Elegante et belle très vieille dame aux longs cheveux bien lisses attachés. A partir de ce moment-là j'ai déconnecté. Je sais que j'ai appuyé deux fois sur le déclencheur, je sais que je me suis ensuite vivement retournée pour qu'on ne puisse pas voir mon visage de la fenêtre, je sais que j'entendais une voix mais ne comprenais pas les mots qui étaient prononcés.
Samantdi m'a entraînée plus loin. Inspirer, expirer. Se reprendre. Nous deux, Sam n'était guère en meilleur état que moi, la même idée lui étant venue à l'esprit et aussi peu préparée. On en dit beaucoup sur notre imagination à l'une ou l'autre mais en fait on est vachement limitées. Marcher, faire le tour du pâté de maisons, trouver un petit chemin depuis lequel j'ai pu faire des photos de l'arrière de la maison. Il y a une terrasse à l'étage et des jardins.
J'ai toujours pensé que la maison avait été vendue ou léguée. Il n'y a pas de ligne téléphonique à ce numéro de la rue, j'ai décortiqué toutes les pages de l'annuaire. Pas une seconde je n'avais envisagé qu'elle pourrait être encore vivante et y habiter. Pas un instant.
Ça n'est peut-être pas elle, juste une bien belle et vieille femme dans une maison acquise il y a peu. Comment savoir ? Mais je sais ce que je me suis promis. Jamais jamais prendre le risque de réveiller sa douleur et je n'avais pas d'idée géniale pour trouver un moyen de l'apprendre. La serveuse du bistrot de la place du village, au bout de la rue, ne connaît pas ce nom de famille ni les deux péquins qui étaient là, c'est tout ce qu'on a pu obtenir de notre enquête d'amatrices. Nous sommes restées là devant des boissons dont nous ne sentions pas le goût, dans ce village étrange qui s'allume et s'éteint sans prévenir, où le soleil chauffe puis disparaît en vingt secondes, dont les parkings sont pleins et les rues vides. Chacune perdue dans ses pensées, à nous sourire quand les regards se croisaient, à pouffer aussi : "Eh ben nous voilà bien avancées, tiens".
Alors nous sommes parties pour Perpignan, via Céret, son musée d'art moderne avec des fauves hongrois déprimants, son ambiance étrange, ni morte ni vivante, ni touristique ni rurale, au temps ni beau ni pluvieux.
Tout ici est bizarre. On a eu tout aujourd'hui à chaque fois qu'on a pris la voiture des embouteillages monstres, sans queue ni tête, sans raison apparente. Les deux photos que j'ai cru prendre de la dame n'existent pas. Elles n'ont pas été enregistrées sur la carte mémoire. J'ai dû appuyer sur un autre bouton que le déclencheur. Ou mal.
« Inch Allah ! Le goût du flou, dit Samantdi. Voulons-nous vraiment en savoir plus sur nos pères ? »
Commentaires
Tiens, il se trouve que je vais peut-être y passer, à Maureillas, dans les jours qui viennent. Un jour de Tramontane, de préférence.
Ça, des gens à des balcons, on ne peut jamais savoir ...
Peut-être dans les jours qui viennent recroiserez-vous la personne qui hélait (et qui pourrait peut-être vous concéder quelques informations).
Et par les impôts n'y aurait-il pas moyen de consulter quelque chose qui offrirait un nom ?
Ne vous laissez pas intimider par cette mise en scène de pseudos embouteillages et semblants d'enterrement, c'est juste des effets de bord des mondes parallèles. ;-)
Le goût du flou. Belle expression qui ferait un superbe titre de livre ou de film. Mais dans la vraie vie, le flou bouffe la tête. Alors récapitulons : il y a une porte, il y a une sonnette. Il suffit d'appuyer sur la sonnette (et de ne pas partir en courant après avoir appuyé).
http://monsieurphoto.free.fr/Doisne...
Je vais revenir sur tout ça. Ça commence doucement à décanter et ça en fait du grain à moudre...
Pour aujourd'hui j'ai envie d'indispensables futilités. A moi donc les boutiques de lingerie fine et tapas savoureux. Garçon, dentelles et falbalas siouplé !
A votre avis : sexy chic ou lolita du Far-West ?
Les deux \o/
Monsieur Ka,__ pas plus tard qu'hier, c'est ce qu'on se disait : il nous faudrait Alain pour sonner!
C'est comme dans un film, chacun a une porte à faire ouvrir, avec des scénarios divers.
Moi je suis le genre qui n'ose déjà pas cliquer sur un lien dans un billet louche, alors vous imaginez, sonner... brr!
Hé Alain, on y va ?
(j'dis ça mais dés demain, "usine") :-(
C'est déjà çà. Vous y êtes allées, c'est un grand pas je trouve...
J'ai beaucoup tiré de sonnettes dans mon enfance, j'ai une grande expérience dans ce domaine. La prochaine fois, je me cache dans le coffre, et vous me dites, Allez sonne ! Mais faudra pas vous sauver hein ?
Bonnes futilités, cela fait du bien !
Je vous embrasse.