Je n’aime à peu près qu’une chose de l’automne : ses couleurs.

Je n’aime pas ses premiers froids qui vous laissent le soir épuisée d’avoir lutté en mode survie dans des locaux qu’il n’est pas question de chauffer avant le sacro-saint 15 octobre.

Je n’aime pas que ces premiers froids annoncent les tenues hivernales façon pelures d’oignon : quarante-deux couches de vêtements superposés. À la troisième épaisseur l’érotisme de l’effeuillage en a déjà pris un sacré coup dans l’aile (frissonnante), le charme des vêtements tribo-électriques fera le reste. Je ne vous parle pas des couleurs desdites pelures, surtout cette année.

Je n’aime pas sa pluie ridicule, mesquine, qui tombe du bout des lèvres, s’insinue sous les cols mais ne crée pas la moindre flaque d’eau au-dessus de laquelle sauter.

Je n’aime d’ailleurs pas penser qu’il va falloir s’harnacher comme aux sports d’hiver pour aller fumer une cigarette au restaurant ou au bureau (oui je sais, vous ça vous va bien, ça).

Je n’aime pas que la distance des prochaines vraies vacances se mesure en mois et non en semaines.

Je n’aime pas, mais pas du tout, le blues rampant qui gagne ceux que j’aime, celle-ci et celui-là et encore elle et puis lui. Je n’aime pas ne pas pouvoir leur proposer un pot en terrasse, après dîner, quand il fait encore jour, comme quand c’était l’été. Et des pique-niques. Et se promener sur les quais de la Seine.

L’automne est là, creusant son sillon, son cratère.