« Lundi, je fus pris d’un grand coup de blues. Alors je suis allé faire un tour du côté de mes balades adolescentes. »

Je m’étais doutée que j’allais recevoir un mail de cet acabit dès que j’avais pris connaissance de l’amorce envoyée par Agaagla pour le premier sablier. On n’évoque pas impunément les vingt ans des quadras et quinquas… Mon correspondant était donc allé se promener en pleine nuit (l’amorce avait été publiée lundi soir à 21 heures) dans les rues de son quartier d’ado, qui se trouve être le même que le mien, la Butte-aux-Cailles. Le savait-il ce blogueur ? Est-ce à la « voisine » de ses jeunes années ou à l’organisatrice du jeu des sabliers givrés qu’il avait écrit ?

Le coup fut sans doute plus rude pour lui que pour moi, qui ne me suis jamais éloignée bien longtemps de la butte. De populeux, presque insalubre, quartier, le triangle de la butte est devenu « bobo » à plein, doté de boutiques d’art-artisanat authentico-chic, de bistrots un peu décalés mais pas trop et de restaurants pas-cher-mais-quand même. Précurseurs de la bobo-itude dans les années 70-80, Le Temps des cerises est au même endroit, Chez Françoise aussi, mais spa tout à fait pareil. C’est plus… pittoresque. Bientôt peut-être on y tournera une Amélie Poulain quelconque, dans ce décor presque aussi peu naturel qu’un plateau de cinéma.

Pourtant il n’est pas désagréable, ce quartier. Plutôt plus accueillant que « de notre temps » même. Je crois que la nostalgie des immeubles brinquebalants et de leurs cours sombres tient, comme toutes les nostalgies, bien plus au fait qu’on y a eu vingt ans que d’un quelconque regret d’authenticité. Un peu comme les geeks des premiers jours, qui vous parlent avec des trémolos dans la voix de la bienheureuse époque des réseaux où il fallait pédaler pour envoyer un mail de deux lignes.

Quand ils avaient vingt ans.