Recyclage
Par Kozlika le vendredi 6 mars 2009, 13:09 - Lien permanent
On s’esbaubit ici et là de ce restaurateur qui propose à ses clients de ne payer que ce qu’ils veulent. On s’étonne que les gens paient quand même une somme proche (voire souvent un poil supérieure) au tarif normal d’un tel repas.
Les vieux cons comme moi se souviendront que l’idée n’est pas neuve et les Parisiens que c’était rue de la Butte-aux-Cailles, au Temps des Cerises, dès 1976. Ils se souviendront aussi que le patron (les patrons, en l’occurrence puisqu’il s’agissait - et qu’il s’agit encore - d’une coopérative) n’avait pas pris cette initiative dans le cadre d’une opération publicitaire mais dans un idéal (certes un peu rêveur) d’accès à tous aux restaurants ; en fait ceux qui gagnaient correctement leur vie payaient spontanément bien plus que leur part et les autres bien moins. Le mot « équitable » n’était pas encore à la mode mais c’était l’esprit. Plusieurs salles de spectacle procédaient d’ailleurs selon le même principe.
Comme quoi les mêmes moyens n’ont pas toujours les mêmes fins.
</mode club des vieux cons>
Commentaires
Et pis c'était bien bon aussi !
Tous les spectacles de Gustave Parking sont sur ce principe. 1 euro de droit d'entré de 1 Euros (billetterie obligatoire pour une salle de spectacle) et une quête à la fin du spectacle...
Il y avait aussi un restaurant tenu par un corse anarchiste dans le 15 ème qui fonctionnait sur ce principe. Il y avait une boite de ricoré à la sortie avec une indication de prix du menu en fonction des revenus. Chacun versait ce qu'il voulait sans surveillance. À chaque repas il nourrissait gratuitement deux ou trois clochards (ils ne s'appelaient pas encore SDF) du quartier.
Naguère, au début des années 2000 (encore maintenant, et sûrement avant), c'était aussi un des attraits de plusieurs troquets des rues de Prenzlauer Berg, à Berlin, où se ralliait la jeunesse estudiantine de la ville, et une des composantes de son art de vivre. Content de voir que la bourgeoisie londonienne s'est laissée convaincre ! (Ca tombe bien pour l'anglais, le mois de février n'a que 28 jours...)
La salle de concert de Jazz La Fontaine fonctionne toujours uniquement au chapeau (entrée gratuite, et on met ce qu'on veut dans le chapeau qui tourne à la fin). Et ce, alors que les artistes, quoique jeunes musiciens, sont de sacrées pointures !
Dans ce monde de capitalisme où l'on dresse les
personnesunités de consommation à acheter pour acheter histoire de faire une bonne affaire, un peu étonnant que ça fonctionne encore. Moins que ça soit proposé désormais essentiellement à but publicitaire.Enfin bon si ça pouvait devenir une pratique considérée comme équitable et juste et normale ça serait bien - à condition qu'une sorte de prix de revient soit indiqué, sinon comment savoir si on a tout faux ou si on est dans le vrai ? -.
Elle est sympa, ton histoire. Tu nous parles d'un temps que les moins de vingt ans (etc...)
Mais le temps du lilas, c'est pour bientôt, puis celui du muguet et juste après revient le temps des cerises!
Je me souviens aussi du Merle moqueur le bistrot d'en face où on allait prendre un pot en écoutant un pote chanter le temps qu'une table se libère...
François : SDF et clochards sont deux entités qui ne se recoupent que partiellement...
Vi, la Cloche c'est un art, SDF c'est une contrainte, nuance !
pas encore l'âge d'être un vieux con (encore que tout est relatif), mais j'aime à entendre ce discours-vieux-con-ci, merci de nous rappeler ces choses-là et pourvu que d'autres plusoumoinsvieuxplusoumoinscons y méditent...
Dans pas longtemps, vont nous réinventer le SEL à la sauce capitaliste... Les cons !
@François Granger, oué, je me souviens de ce restau anar !
J'habitais dans ce quartier. Je ne sais plus quelles années c'était, mais sûrement aux alentours de 1970/1974...
-> François Granger
C'était la gargote de Claudiu (front popu, résistance, brigades internationales) : "U Sampieru corsu". Le Sampieru corsu est hélas mort avec son créateur mais il reste un hommage électronique : http://sampieru.corsu.free.fr.
Ouiiiiiiiiii, "U Sampieru Corsu", je m'en souviens moi aussi !
Bravo et merci !
U sampieru corsu ca c'etait de l'underground (y avait même pas de telephone pour contacter l'endroit si ma memoire ne me joue pas de tour)