Les esprits brillants peuvent, tout compte fait, se passer de gros manseng, ainsi que nous en fîmes le constat hier, ma cyberjumelle et moi. Nos laboratoires étant éloignés l’un de l’autre de quelques centaines de kilomètres, chaque rencontre est l’occasion de mettre à jour nos carnets roses notre corpus d’étude et d’en tirer quelque enseignement.

La professeure S., esprit synthétique s’il en est, prononça la première allocution, courte mais dense, que je me permets de reproduire ici in extenso :

« Je ne comprends pas cette idée qu’a eue Unetelle de fricoter avec Untel, il ne lui convient pas du tout. »

J’en convins d’autant plus aisément que je connais fort peu Unetelle et pas du tout Untel. Je renchéris, même, en indiquant à mon éminente collègue – au cas où son domaine de recherche ne s’étendrait pas jusque là – que précisément Unetelle depuis quelque temps commentait beaucoup chez Bidule, lequel présentait un haut potentiel actuellement inexploité.

L’étude d’un cas en entraînant une autre, le débat scientifique se poursuivit et il nous apparut que si celui-ci avait fort bien choisi son mari et que celle-ci s’accordait parfaitement avec celui-là, en revanche nombreux étaient les les appariements disharmonieux, d’où toute rigueur scientifique était absente et nous entreprîmes de redistribuer le cheptel des blogueurs selon les critères plus éclairés que nous confère notre grande expertise.

Il est un fait que le sujet ne peut s’observer soi-même de façon satisfaisante et fort surprenant que ce facteur pourtant connu ne soit pas pris en compte lors du choix d’un partenaire.

Aussi stupéfiant que ce soit, la totalité (oui je dis bien 100%, ces chiffres sont accablants) de notre échantillon n’a jamais eu recours à nos services d’évaluation, alors – nous désolions-nous – qu’il serait tellement plus sûr que les gens nous demandent notre avis !

Las, un gouffre s’est creusé entre la communauté scientifique et le grand public. C’est pourquoi nous sommes résolues à donner à nos travaux un éclairage plus large (à commencer par la présente recension) et que dès qu’il sera au point notre algorithme d’appariement sera placé sous licence GNU/GPL afin que nul n’en ignore et que disparaisse à jamais le drame des mal mariés.