Il est des quinquennats dont on se prend à rêver qu’ils ne seront pas renouvelés. Ceux qui ont commencé le 6 mai 2007 par exemple. Il en est d’autres qui sont arrivés à échéance il y a quelques jours à peine et qu’on compte bien reconduire avec le même plaisir que le premier.

Il y a cinq ans, je publiais mon premier billet sur ce blog. Il fut tour à tour ou simultanément un aide-mémoire des spectacles auxquels j’assistais, un laboratoire d’apprentissage du web, un point de départ de petits ou grands jeux littéraires, un journal intime, un recueil de souvenirs. J’y ai publié parfois fréquemment, parfois avec de grandes plages vides ; les thématiques occupent une plus ou moins grande place, pas toujours en reflet de mes préoccupations du moment d’ailleurs. La fréquentation de ce blog est également ultra variable, entre 300 et 3000 visites par jour selon les périodes.

Vox Populi a tendance à confondre jeux de rôles (ou jeux vidéos) et web. Le support a beau être informatique, ce qu’il m’a apporté, ce qu’il m’apporte encore n’a vraiment rien de virtuel. En écrivant cette phrase j’ai bien conscience que vous le lirez comme un truisme, il n’est que ceux qui n’écrivent/lisent aucun blog pour s’imaginer qu’on n’y est pas de plain-pied dans la vie « réelle » et même qu’il la change.

J’ai déjà suffisamment parlé de l’aspect rencontres, inattendu et merveilleux, qu’a généré ce blog, je ne vais pas vous resservir ce plat (qui se consomme cependant avec autant de délectation chaud que froid). Je pourrais aussi évoquer l’ouverture sur un horizon bien plus large que celui que permettent les liens sociaux classiques des amis de mes amis. Variété géographique, sociale, culturelle, d’âges. (Ne nous racontons pas de contes de fées non plus, si je regarde mon agrégateur j’y note quand même une certaine homogénéité de fourchette de revenus, de « valeurs », d’origines sociales.)

Mais à l’occasion de cet anniversaire, je songe aussi à ce qu’il m’a apporté de connaissances à mon propre sujet, comme il m’a permis d’explorer ou retrouver d’autres territoires de moi.

Me rendre compte, par la rencontre avec Samantdi, à quel point je me sentais différente/étrange par mon histoire familiale, que je croyais pourtant fort bien digérée. Lire ses billets, et notamment la série du Café des Platanes, me sentir immédiatement en fraternité, en résonance, sentiment amplifié bien sûr par le courant de sympathie qui passait déjà bien, un âge identique, des idées proches. Elle sait exactement, de l’intérieur. Et c’est un baume que savoir ça, même si nous restons parfois plusieurs semaines sans nous donner de nouvelles.

Comprendre, par ma découverte des technologies autour du web, qu’il me manquait un bout de moi en étant totalement centrée sur le domaine littéraire (au sens large, disons les mots). J’avais oublié un pan : celui du plaisir que je prends à monter/démonter/trafiquer des mécanismes, à calculer, emboîter, effectuer des opérations. Contourner des obstacles, découvrir de nouveaux domaines.

Réaliser que l’agitatrice enthousiaste de mon adolescence n’était qu’en sommeil et à nouveau organiser, coordonner, prosélyter[1] mes passions.

Ecrire. Non plus seulement veiller au bon usage de la langue française ou lire les textes des autres mais produire - et la qualité ici importe bien peu - mes propres mots, avec papier-crayon, même si en l’occurrence il s’agit de clavier-écran.

Finalement, comme il y a trois ans, dire ici : « Bon anniversaire et merci mon blog ! »

Notes

[1] et même inventer des nouveaux mots pour ce faire ;-)