Jusqu’au rivage
Par Kozlika le mercredi 13 mai 2009, 15:19 - Lien permanent
Un jour d’octobre 2004, après avoir lu avec émotion et fraternité des billets chez Samantdi et David[1] qui parlaient de leur père, je publiai sur ce blog mon premier billet de dévoilement. Je n’avais jusque là abordé que l’opéra et mes premiers pas de geekette ou quelques billets sur l’air du temps.
Je me souviens de deux choses au sujet de ce billet. La première c’est le sentiment d’impudeur extrême que j’avais de le publier ; j’y avais d’ailleurs fermé les commentaires. Ce sentiment, je l’évoquai quelques jours plus tard, une sorte de mot d’excuse. La seconde c’est l’hésitation à écrire le vrai nom de mon père. Plusieurs choses m’ont convaincue de le faire. Me dire que la femme de mon père avait probablement disparu et si ça n’était le cas elle était me disais-je trop âgée pour s’intéresser à Internet et y effectuer des recherches ; me dire que si quelqu’un d’autre de sa famille le faisait il/elle pourrait choisir de l’ignorer et passer son chemin. Et au fond le petit espoir qu’un jour peut-être un ami, fils d’ami, un lointain parent, ancien camarade ou collègue découvrirait ce texte et se ferait connaître. « Oh, j’étais jeune traducteur chez Gallimard et j’y ai rencontré le monsieur dont vous parlez. » Et j’aurais pu ajouter un petit morceau au puzzle. J’avais lancé une bouteille à la mer.
Quatre ans et demi plus tard, en fait très exactement hier soir, la bouteille a atteint le rivage au détour d’une recherche Google ; quelqu’un l’a ouverte et lu le papier qui s’y trouvait. Ce quelqu’un a trouvé mon adresse mail et m’a écrit. Un message court et chaleureux, un message plein de délicatesse.
Ce à quoi je refusais de rêver c’était qu’un membre de sa famille suffisamment proche pour l’avoir bien connu et assez lointain pour ne pas en être trop affecté établirait un jour le lien. On ne devrait jamais s’interdire de rêver. Mon correspondant a reconnu son grand-oncle, Fred comme je l’ai toujours appelé, m’écrit-il. Vous vous rendez compte ? Il n’en a pas entendu parler, il l’a connu. Il l’appelait Fred.
Je pense à Samantdi, je pense à mon ami Alain, je pense à vous qui me lisez et savez, vous qui m’avez accompagnée sur le chemin des petits cailloux et l’été dernier encore à Maureillas. Je voulais vous le dire : j’ai un cousin et il m’a ouvert la porte.
Notes
[1] billet aujourd’hui hors ligne.
Commentaires
C'est une très très belle nouvelle. Tu ne méritais rien de moins.
<3
Je suis très émue et contente. C'est une belle nouvelle. :-)
Un de mes cousins m'a aussi un jour ouvert une porte et découvrir avec lui un peu de ce qu'était "en vrai" mon père a été... pfiou... comme donner un peu d'aplomb et de légèreté à une grosse armoire très bancale... comme adoucir les angles d'un puzzle douloureux.
Oui touchant et doux.. j'espère juste que ces découvertes n'ouvriront pas des plaies difficiles à cicatrisées.
Merci de nous le dire ... Tout ce qui me vient à l'esprit me parait mièvre ou grandiloquent alors simplement : je suis contente pour vous (deux).
Oh que je suis heureuse pour toi ! Milles bises de joie partagée.
Emue et heureuse pour toi !
comme je suis heureuse pour toi ...
moi, je rêve aussi de quelques âmes perdues
mais est ce que cette chance arrive souvent ... web seul le sait !
cela m'a pourtant permis de retrouver quelqu'un une fois : mauvaise pioche, car avec le temps, va, tout s'en va, lalalala lalala ...
sauf que parfois il fait bien les choses d'après ce que je lis, alors qui sait ?
je partage ton bonheur nouveau et t'embrasse fort
Tine
Quand il y a du beau dans la vie, les mots me paraissent bien maladroits. Je t’adresse une pensée joyeuse, et te souhaite tout, et même davantage…
C'est super et très émouvant
très émue également...
Ah, que c'est beau, ces bouteilles à la mer qui arrivent de l'autre côté et établissent ainsi un passage inattendu, un tunnel, un pont, un lien avec quelque chose qui est au-delà en tout cas. Très content pour toi, bonne chance pour la suite !
très heureuse pour toi
Je viens de finir de lire ce billet, et j'ai encore des frissons le long des bras, une boule de chaleur qui a irradié dans tout le corps, et le coeur qui bat la chamade.
Tu sais quoi ? En te lisant à l'instant, je viens seulement de comprendre (j'y aurais mis la journée !!), un truc par ricochet et me concernant et les blogs.
Peut-être un billet, mais sans doute plus tard (j'ai un petit boulot urgent et amical à dépoter avant).
PS : et bravo au Cousin qui lit le meilleur de l'internet et a eu la douce intelligence de faire signe par après. Ça me paraît présomptueux et probablement bizarre de prendre la parole au nom d'un collectif informel et mouvant (émouvant) mais j'ai trop envie de lui dire, comme si que c'était au nom des lecteurs et amis d'ici, bienvenue à vous, on vous attendait (?).
(un peu comme si quelque chose rentrait enfin dans l'ordre - je ne sais pas si je parviens correctement à exprimer l'idée -).
Tu parlais récemment de ces billets qui donnent envie de prendre l'auteur par l'épaule et de l'entraîner au rade le plus plus proche...
merci les gens bien!
Si si Gilda tu peux le dire , bienvenue au cousin , on est heureux .
Tout d'un coup , te voilà reliée , Koz , à la famille de ton père , quelle chance , quelle richesse !
C'est très émouvant !
\o/
Tralalala lalalala (bon en même temps, si je ne veux pas qu'il pleuve dimanche vaudrait mieux que je laisse tomber la "gavotte de Manon").
Quel joli mois de mai quand même ! Pour un anniversaire de blog, c'est un bel anniversaire !
Je suis très heureuse et émue pour toi.
Je viens d'apprendre la nouvelle par le billet de Samantdi. J'en suis très heureuse.
Et voilà une boucle qui se ferme en beauté ! Je crois sincèrement qu'il n'y a pas de hasard et que tu as fait ce qu'il fallait pour que ta bouteille atteigne le rivage. Félicitations !
recevoir de bonnes nouvelles comme celle-là, cela vous remonte toute une journée! C'est bête, mais ce soir, j'irais me coucher avec le sourire aux lèvres et le coeur plus léger. Je suis vraiment contente pour toi
je me rappelle cette période grandiose. Nous étions nombreux à te dire Zyvas, il me semble ? Bin tu vois, fallait !
Heureux pour toi, vraiment !