Il paraît qu’on se bonifie avec l’âge. C’est évidemment mon cas, mais pas dans tous les domaines, je le crains. Prenons l’exemple de la téléphonie : je viens d’acheter mon troisième téléphone de l’année (qui, je vous le rappelle, n’en est qu’à son mitan). On ne me l’a pas volé, il n’est pas tombé en panne, je n’ai pas saisi une promotion en or, non, non. Je l’ai perdu mercredi soir parce que – je m’en suis souvenue ce matin – en quittant Paris-Carnet je ne l’avais qu’à moitié rangé dans une poche à moitié ouverte de mon sac à dos et les cahots du voyage en scooter ont fait le reste. Bien évidemment j’avais synchronisé mes contacts sur mon ordinateur une première fois et puis… j’ai oublié de le faire régulièrement. J’en ai donc perdu une bonne moitié également.

Ça m’arrive tout le temps : je fais un truc à moitié en me disant que j’y reviendrai plus tard et puis j’oublie. Je lis aussi parfois à moitié (ce qui ne m’empêche pas de répondre derechef, et pas toujours de façon pertinente…). Idem pour les choses à faire : j’entame, je vais jusqu’à la moitié (plus ou moins grosse) et je laisse en plan. Et comme j’oublie la moitié des trucs aussi, eh bien j’oublie de terminer ce qui a été commencé. Souvent ça me fait rire, parfois ça fait rire les copains, pas tous, et parfois ça m’inquiète : suis-je encore capable d’aller jusqu’au bout de quelque chose, ne serait-ce que ranger un téléphone dans une poche de sac à dos ? Est-ce pure négligence ? Flemme ? Sélectivité ? Privilège de nantie ? Suis-je sur la pente qui me conduira à devenir une charmante petite vieille qui perd un peu la boule ?

Enfin quand je dis que ça m’inquiète : à moitié seulement, bien sûr.