Leçon de cohérence
Par Kozlika le mardi 28 juillet 2009, 12:59 - Lien permanent
La femme n’a pas le pied métropolitain. Elle s’obstine néanmoins à tenter de camper sur ses deux jambes sans se tenir à la barre ni à la poignée de la porte. Elle a posé un cabas de toile plastifiée à l’enseigne d’un magasin citadin à ses pieds, après bien des hésitations toutefois.
Trois ou quatre fois entre les deux premières stations elle a trébuché et s’est cognée à moi, qui suis assise sur un strapontin. Trois ou quatre fois je l’ai aidée à se redresser, ne recueillant qu’une mine pincée en guise de remerciement. L’homme qui se tient debout et s’est écarté prestement à chacun de ses chancèlements échange avec moi un soupir exaspéré.
Le manège recommence à la station d’après. N’y tenant plus il lui demande :
« Mais pourquoi ne vous tenez-vous pas à la barre ?
- Vous avez entendu parler de la grippe A ?, rétorque sèchement Mrs. Culbuto. Non merci ! »
Voilà qui nous laisse sans voix et nous fait sourire de concert.
Glacière. Comme d’habitude, un fort flux montant et descendant. Une place se libère sur le strapontin en face du mien. Mrs. Culbuto se penche pour attraper son cabas rose à fleurs, dans l’intention manifeste de se saisir de la place qui vient de se libérer. Le gars se faufile vivement entre la dame et l’objet de son désir et se vautre tranquillement sur ledit strapontin.
« Oh ! »
Mrs. Grippe-A-No-Pasaran n’a pu retenir un cri de dépit et de réprobation et foudroie mon nouvel ami du regard. Angélique il lui dédie un large sourire :
« Hors de question que je vous laisse vous assoir ! Vous n’imaginez même pas le nombre de virus qui traînent sur les sièges. »
Cette fois c’est la franche rigolade autour de nous. Pour d’obscures raisons, Mrs Mouchée nous quittera à la station suivante.
Commentaires
Le coup de la grippe A, c'est une peur... Et c'est rarement cohérent, la peur. La réaction tient plus de la pensée magique (tout ira bien si je fais/ne fais pas ceci ou cela) que de la pensée rationnelle.
Au demeurant, on réagit tous un peu comme ça parfois. :-)
Glacière...
Le virus ne résistant pas au froid, elle ne risquait plus rien!
"le pied métropolitain": belle trouvaille!!
Être dans le métro et tousser, m'a laissé rêveuse devant certaines réactions sursautantes!
Quelqu'un aurait pu lui parler des solutés hydro-alcoliques, quand même. Quel manque de charité.
Huhu, vexée comme un pou, qu'elle devait être ! Ca me rappelle une dame que j'ai cotoyée dans des circonstances similaires, mais j'avais été moins classe que ton camarade de ouagon !
Les deux mains prises, l'une par un sac l'autre par un livre, il m'arrive souvent de jouer les culbutos si aucun point d'appui n'est accessible. Mais le faire sans raison pour une peur obscurantiste (vu que dés l'instant qu'elle est dans le métro, sa grippe elle peut se l'attraper même sans les mains), ça alors !
comme le virus se transmet aussi par "postillonnage", Mrs. Grippe-A-No-Pasaran devrait s'équiper de gants et d'un masque... Il est parfois très drôle drôle d'étudier la nature humaine dans le métro.
La transmission du virus de la grippe n'est pas "aussi" mais surtout aéroportée. Le carré Hermès n'est pas suffisant, il faut un masque FFP2 qui fait avantageusement ressembler à un canard. Il aurait fallu lui dire de tenir l'apnée tout le temps de son voyage. Même si elle ne manque pas d'air, elle aurait peut-être fini par manquer de souffle ;-))
Cela met de l'ambiance dans le métro !
Mais elle aussi elle peut transmettre des microbes, alors...
moi ce que j'aime ce sont ces complicités de rencontre ...
J'ai connu une jeune et jolie femme qui ne prenait jamais le métro, par peur des microbes. Quand, exceptionnellement, elle daignait monter dans un autobus (aux alentours de la gare Saint-Lazare), elle enfilait une paire de gants. Été comme hiver.
A part ça, je confirme les rougets dont il fut question dans le billet précédent. Même que c'était 'achement bon et faites confiance à quelqu'un qui d'ordinaire évite les animaux marins.
Mais je suis désolé de confirmer itou la présence de machine à coudre, l'absence de parapluie et de table de dissection. A moins qu'il soit ordinaire de la trouver chargée de tasses à café et de cannelés bordelais absolument délectables.
La terrasse, oui. J'ai ouï dire qu'il y en avait une. Venteuse, et à l'accessibilité discutable…
De tout temps, lorsque la politique n'a plus rien à vendre que quelques vagues illusions, le vide qui se forme laisse la place à toutes les phobies.
Les hommes politiques n'ont rien à offrir, à part une grippe malfaisante ou les derniers potins du couple présidentiel, alors il faut mettre le paquet sur ces sujets... Merci la presse!
Fut un temps, ce fut la vache folle ou la grippe du poulet, mais ce furent aussi les attentats...
Et puis, elle se soigne cette grippe, c'est une grippe!
Par contre les épidémies de chômage, de sans-abris, de sans droits, elles ne font qu'accroitre. Quant au VIH, on sucre les budgets... Ce n'est pas la même chose, dites-vous? Ah bon!