Ceux qui connaissent l’adage savent qu’il en manque la deuxième partie dans le titre de ce billet : « … quand tout s’agite autour de vous ». Las, ces vacances en Cornouaille ne sauraient l’illustrer tout à fait car il manque à ma douceur l’agitation de mes co-vacanciers.

J’avais pourtant bon espoir. L’un s’enthousiasma à la vue des deux beaux vélos rangés dans la réserve attenante. L’autre écarquilla des yeux ravis à la vue du Guide vert laissé à la disposition des locataires de la charmante maison que nous occupons dans ce village portuaire. Les dégâts considérables du modèle présidentiel se firent jour derechef : tout dans l’effet d’annonce, rien derrière. Les vélos sont restés suspendus à leurs crochets et le Guide vert dans son tiroir. Oh bien sûr ils vous diront qu’il pleut. Piètre excuse : ici les commerçants commercent et les pêcheurs pêchent nonobstant les ondées et crachins ; on a même vu des promeneurs équipés de vêtements imperméables et d’élégants sabots en plastique coloré mais mes deux comparses s’accrochent aux coussins du canapé avec la dernière ferveur. L’activité physique principale – et commune – consiste à se déplacer dans la maison l’ordinateur à bout de bras et le sourcil froncé, le regard rivé sur l’icône Airport, à la recherche du wifi qu’un voisin complaisant aurait laissé ouvert.

À l’heure officielle de la pause post-prandiale, ces hypocrites restent au salon tandis que j’assume fièrement l’appel de la couette. Là encore l’esbrouffe est à l’ordre du jour : quand je redescends les rejoindre après quelques centaines de minutes, l’un est espataré de tout son long et l’autre fait mine de lire, mais leurs yeux à tous deux sont clos.

Et tout cela n’est rien en regard de la paresse intellectuelle qui règne en maîtresse ici. Au premier soir, l’homme du groupe nous annonce que la soirée sera consacrée au visionnage de trois épisodes d‘Urgences qu’il ne s’agirait pas qu’il rate. Allons bon, une soirée télé quand ça frime sur Twitter en se vantant de l’achat de préservatifs… On mesure la réalité de la prétendue vie dissolue des gays célibataires : que de la gueule.

Quant aux prétentions culturelles de notre lectrice du Guide vert, sachez que le vert qu’elle préfère est celui du pré, celui où tous les mardis soir on raconte dans le poste des histoires d’amour entre poules et veaux, assortis de ses commentaires philosophiques (oui oui il paraît que l‘Amour est dans le pré est rien moins que l’illustration d’une fable de Diderot) tels que « rho qu’ils sont mignons » ou « ah voilà ce qu’on gagne à être peste, bien fait pour elle ».

Il faut compter avec le lestage aussi : ces temps gris sont propices à la confection de plats roboratifs et aux expériences culinaires diverses. Le bœuf bourguignon alterne avec la pannacotta, les crêpes avec le pesto, la tapenade avec les charcuteries. Au lieu d’assumer leur flemmardise avec panache, ils cherchent dans l’élaboration de plats réclamant une longue digestion le prétexte à leur indolence.

Il est d’ailleurs temps maintenant que je vous laisse, nous partons au ravitaillement.