L’été des papillons
Par Kozlika le vendredi 21 août 2009, 15:38 - Lien permanent
J’ai un appareil photo. Un gars qui m’a à la bonne m’a prêté son ancien appareil depuis qu’il s’est offert un nouveau jouet de la morkitu. J’avais bien dû faire sept ou huit photos entre le Polaroïd de ma dernière colonie de vacances et cet appareil, que j’approche avec circonspection. « Tu ne sauras jamais rien faire de bien avec », sussure mon petto têtu. Un ami il y a quelques mois m’avait de la même façon prêté un appareil, qui resta sagement rangé dans son étui à l’exception d’une prise que j’effaçai aussitôt, dépitée du rendu absolument sans intérêt.
Mais cet été j’en ai fait une petite centaine. Elles ne sont franchement pas terribles, mais je m’accroche. Je m’accroche parce que j’ai auprès de moi un petit grand garçon courageux qui, guidé et encouragé par son papa, se lance depuis deux semaines à apprendre des tas de choses qu’il ne s’était pas autorisées jusque là. Couper sa viande dans son assiette, nager là où on n’a pas pied, nouer ses lacets lui-même, jouer l’humour en lieu et place de la bébéfication dont il usait auparavant pour réclamer quoi que ce soit. Et puis même, fort sans doute de ses nouveaux succès, il m’a dit hier qu’il retenterait bien le « jeu du métro », malgré la peur récemment instillée par une personne de confiance de son entourage qui lui a dit qu’il risquait de se faire enlever entre deux stations, la même qui disait de lui qu’il ne saurait jamais nager. Qui sait, l’envie brûlante qui brille dans ses yeux en voyant les poneys passer au jardin du Luxembourg lui donnera peut-être la force de braver le risque de chute (mortelle, forcément mortelle bien entendu) ?
Bien sûr ça ne va pas tout droit ces chemins-là. Parfois il se décourage devant un lacet réticent et se met à chouiner pour qu’on les lui noue. Parfois il frotte ses yeux d’un air dolent pour qu’on lui fasse ce qu’il sait faire. Mais un pas en arrière n’annihile pas le chemin des trois pas en avant. Lorsqu’il renonce désormais c’est parce qu’il n’a pas envie de faire, pas parce qu’il ne s’en sent pas capable.
Je crois que ça s’appelle une grande victoire et son papa peut légitimement être fier de lui, d’eux.
En l’honneur du courage de Mini-Papillon, voilà même une photo de mon stock, qui servira de témoin-repère que les Shadocks ont bien raison : « Plus on rate, plus on a de chances de réussir. »
Commentaires
Bravo pour ta... heu... photografiabilité. Et ton témoin-repère a mis la barre déjà en bonne position.
Ce billet me réjouit aussi pour autre chose. J'ai tout capté de ce que tu évoques et ai l'impression de faire partie des initiés. C'est très agréable comme sensation.
mirovinben > je crois que je me suis plantée dans le recadrage, finalement le côté décentré de l'orginal était pitêtre mieux. Regarde par là et dis-moi ce que tu en penses.
Pour le délit d'initié, c'est très bien comme ça, j'en suis ravie. J'espère que le billet n'en est pas moins compréhensible pour qui n'a jamais entendu parler de Mini-Papillon !
Pour ce qui est du recadrage, il existe une « règle » en photographie que l'on appelle « règle des tiers. » L'idée est qu'en plaçant le sujet de la photographie sur l'une des intersections des lignes de tiers de la photo, la photo sera plus forte.
Dans le cas qui nous occupe, la photo avec les oiseaux décentrés paraît effectivement plus harmonieuse. Mais leur regard partant vers la gauche de la photo, il aurait été mieux de les placer vers le bord droit de la photo (car l'œil de l'observateur va naturellement suivre le regard de ces oiseaux et se retrouve trop rapidement coincé par le bord gauche de la photo dans le cas présent).
Mais pour un début, c'est très très bien... il m'a fallu des années avant de me lancer sur ce genre de photos. :-) Et le proverbe Shadok est très vrai, particulièrement dans le domaine de la création (et à condition que l'on soit prêt à apprendre de ses erreurs).
Grâce absolue des beaux billets & du beau regard de Kozlika sur le monde et sur les gens et sur Petit Grand Homme (déjà rencontré un midi à Paris, c'est lui non ?).
Mon maitre m'a dit: "tu peux faire tout ce que tu veux, en photo, du moment que tu es capable d'expliquer ce que tu veux dire!"
Waw, merci, Julien, pour le lien et le commentaire ! Donc j'ai bien compris qu'avec cette photo je ne vais pas pouvoir faire grand chose de mieux ; faut que je fasse plus gaffe à mes cadrages initiaux. Je vous embêterai peut-être de temps en temps avec des avant/après pour recevoir vos conseils.
Bibiti, tu me fais rougir et du coup ma balance des niveaux est toute perturbée ! Tu as bien deviné, Petit Grand Homme était en effet l'un des convives au repas dont tu parles :-)
Alors là je n'y comprends plus rien, Cunégonde : il faut savoir expliquer une photo ? Ça m'en bouche un coin, spontanément j'aurais dit qu'une bonne photo est une photo qui se passe d'explications !
Eh oui, quand on est un vieux sage comme moi, on sait que la vie est une maladie sexuellement transmissible constamment mortelle. Alors oui, vivre c'est super risqué. C'est risqué d'y trouver éventuellement un sens ;-))
Tu sais que tu es douée ? On les entend presque crier les
chieusesmouettes ;-)Ça manque d'écureuils.
Et de prise téléphonique :-D
Julien m'a enlevé les mots du clavier : je te conseille également de pratiquer la règle des tiers en mettant le point fort à une intersection. La seconde photo est instable (*), centrée sur la proue du bateau. Perso j'aurais recadré en plaçant l'oiseau brun en haut à droite.
Et... vous savez quoi ?... Ça donne ta première proposition. Héhé... Quand l'intuition et ton sens esthétique légendaire valide une règle de "composition" plutôt froide et mathématique.
(*) j'aime bien aussi cette notion d'équilibre, rassurante pour le lecteur. Règle qui ne demande qu'à être transgressée, à condition de savoir pourquoi on veut le faire.
J'ai l'impression d'entendre parler de mon neveu, que j'encourage cet été à beurrer ses tartines, couper sa viande, sauter dans la piscine etc. Pas toujours facile de dégourdir un gamin mais quelles satisfactions ( la sienne et la nôtre) quand ça réussit !
les larmes aux yeux.
Belle personne, Kozlika
Moi, je dis que ça se voit clairement que les goélands au centre viennent de prendre le métro tous seuls.
Pour le reste, je partage l'avis que c'est en photographiant qu'on devient photographeron.
Des bises et des embruns.
Merci pour le rire, padawan et Eric ! Pour ceux d'entre vous que ces blagues interpellogent, voyez du côté de chez laurent pour l'écureuil assorti de la blague à tiroir – et récurrente – de la prise téléphonique :-)
J'avais déjà lu sous ta plume cette formule, Eric, et je l'aime beaucoup.
Je te lis, Milky et me revient une discussion de cet été justement, sur le rôle des tiers à l'arrosage des plantes à grandir. A l'instant Mini-Papillon vient de me gratifier d'un « S'il vous plaît, chère Anne si belle et si gentille, me feriez-vous le grand honneur de me prêter votre magnifique ordinateur ? » avec battement de cils et sourire en coin, suivant en cela les excellents conseils de sa cyberbelletantine et les premiers mouvements hors sol dans l'eau se firent sans y penser en compagnie d'une pêcheuse de baleine.
Hey, Catherine t'emballe pas, dans la vie je suis une vraie teigne !
Bon sang mais c'est bien sûr anita !
Euh… au fait, ce sont des mouettes ou des goelands ?? (j'ai pas encore fini mon stage Parigote-lâchée-dans-la-nature)
tout ça juste pour nous faire admirer tes exploits photographiques, avoue ! ;-)
bravo à Mini-Papillon, à son papa, et aux bonnes fées et/ou sorcières qui les entourent !
un pas en arrière n’annihile pas le chemin des trois pas en avant
il faudra que je me l'encadre celle-ci.
beau texte plein de belles choses...
B'solument des goélands : c'est con, c'est chiant, ça gueule et ça se la pète, mais ça prend magnifiquement la pose. C'est pour ça que le syndicat d'initiative les garde.
Bravo au
petitgrand garçon courageux et à son Papa !Et bravo pour tes photos à venir ;-)
Il est à noter que les deux goélands qui ont pris du galon ont singulièrement perdu leur sens de l'humour...
Cela n'aura pas échappé à notre observatrice ! :)
Le poids des responsabilités, hélas ;-)
Tous mes encouragements au (mini)Papillon, ça va avoir été des vacances du tonnerre dont on ressort tout grandi...
Et puis ne te prive pas de nous montrer d'autres photo, elle est très chouette celle-là :o)
Putain j'y crois même pas : les baskets à lacets sont parties à la poubelle et elle lui a acheté des baskets à scratch ! (ça vous dérange pas que je me défoule ici hein ?)
@ Kozlika: mais fait comme chez toi, je t'en prie ;-)
Pas mieux que Gilsoub ;-)
Il va falloir prévoir que certains objets, comme certaines activités sont réservés à ses séjours ici. Ceci dit, jeter des baskets en bon état c'est pas très malin, faudrait lui dire... ;-)