J’ai un appareil photo. Un gars qui m’a à la bonne m’a prêté son ancien appareil depuis qu’il s’est offert un nouveau jouet de la morkitu. J’avais bien dû faire sept ou huit photos entre le Polaroïd de ma dernière colonie de vacances et cet appareil, que j’approche avec circonspection. « Tu ne sauras jamais rien faire de bien avec », sussure mon petto têtu. Un ami il y a quelques mois m’avait de la même façon prêté un appareil, qui resta sagement rangé dans son étui à l’exception d’une prise que j’effaçai aussitôt, dépitée du rendu absolument sans intérêt.

Mais cet été j’en ai fait une petite centaine. Elles ne sont franchement pas terribles, mais je m’accroche. Je m’accroche parce que j’ai auprès de moi un petit grand garçon courageux qui, guidé et encouragé par son papa, se lance depuis deux semaines à apprendre des tas de choses qu’il ne s’était pas autorisées jusque là. Couper sa viande dans son assiette, nager là où on n’a pas pied, nouer ses lacets lui-même, jouer l’humour en lieu et place de la bébéfication dont il usait auparavant pour réclamer quoi que ce soit. Et puis même, fort sans doute de ses nouveaux succès, il m’a dit hier qu’il retenterait bien le « jeu du métro », malgré la peur récemment instillée par une personne de confiance de son entourage qui lui a dit qu’il risquait de se faire enlever entre deux stations, la même qui disait de lui qu’il ne saurait jamais nager. Qui sait, l’envie brûlante qui brille dans ses yeux en voyant les poneys passer au jardin du Luxembourg lui donnera peut-être la force de braver le risque de chute (mortelle, forcément mortelle bien entendu) ?

Bien sûr ça ne va pas tout droit ces chemins-là. Parfois il se décourage devant un lacet réticent et se met à chouiner pour qu’on les lui noue. Parfois il frotte ses yeux d’un air dolent pour qu’on lui fasse ce qu’il sait faire. Mais un pas en arrière n’annihile pas le chemin des trois pas en avant. Lorsqu’il renonce désormais c’est parce qu’il n’a pas envie de faire, pas parce qu’il ne s’en sent pas capable.

Je crois que ça s’appelle une grande victoire et son papa peut légitimement être fier de lui, d’eux.

En l’honneur du courage de Mini-Papillon, voilà même une photo de mon stock, qui servira de témoin-repère que les Shadocks ont bien raison : « Plus on rate, plus on a de chances de réussir. »

Aboule le poisson !