Les bonnes recettes de Mââme Kozlika - partie 2 : la galette
Par Kozlika le dimanche 10 janvier 2010, 12:49 - Lien permanent
C’est la période de la galette des rois, ce qui comme chaque année me confronte à de douloureux cas de conscience.
J’adore ça. Attention, je parle de la vraie. Il n’est pas question ici de l’infâme brioche anisée que les gens du Midi, feignasses abruties par le soleil et trop incompétents pour réussir une pâte feuilletée digne de ce nom prétendent nous faire avaler. Je ne parle pas non plus du pithivier, certes mets mangeable, mais dont la proportion de frangipane et de pâte est très mal équilibrée. J’aime, donc, la galette des rois.
Mais la coutume de la galette des rois présente des aspects que ma morale réprouve. Premièrement, je suis athée. Or la galette des rois célèbre un événement religieux. Ça me gêne beaucoup, vous le pensez bien. Deuxièmement, je suis républicaine. Fêter des rois est pour moi douloureux, un reniement de mes idéaux difficile à supporter. Troisièmement, je suis révolutionnaire, c’est-à-dire que je conchie les traditions et l’oppression du peuple qui en découle. Quatrièmement, je suis moderne et cette grosse galette à l’heure de Twitter, je trouve ça totalement has been.
Quand on parle de galette des rois, à quoi s’attend-on ? Par manque d’imagination et, il faut bien le dire, par un conditionnement dont nous sommes victimes depuis des siècles, on pense à ça[1] :
Cela manque affreusement d’esprit créatif, de dynamisme, de liens sociaux, de modernité. Pour notre petit déjeuner en amoureux ce matin, j’ai créé une recette – que je vous offre bien volontiers en (Creative Commons, paternité, pas d’utilisation commerciale, partage des conditions initiales à l’identique).
Je l’ai appelée la Galette républicaine 2.0. Si vous suivez scrupuleusement mes instructions, vous pourrez présenter ceci à vos invités[2] :
Ma recette présente de nombreuses qualités, outre son anticonformisme patent. Je citerai la possibilité de ne manger que la quantité qui vous intéresse en picorant morceau par morceau ; celle de ne manger que la frangipane et/ou que la pâte feuilletée ; en famille elle vous permettra de maintenir le plus jeune sous la table tout le temps de la dégustation car il lui faudra pour chaque fragment déterminer pour qui celui-là. Je ne peux les lister tous car ils sont innombrables. Notez que cette présentation est particulièrement bien adaptée à un public de twitterreux : les fragments n’excèderont jamais 140 grammes, le plus souvent ils pèseront même beaucoup moins.
Réalisation :
Faites l’acquisition chez P*card de l’une de leurs traditionnelles galettes crues prêtes à cuire[3]. C’est tout l’art du détournement inventif en cuisine qui va jouer son plein rôle.
Suivez toutes les instructions portées au dos de la boîte, sauf UNE, pri-mor-diale : ne mettez PAS la galette sur une feuille de cuisson et encore moins sur une plaque. Glissez-la directement sur la grille, sans plus de formalités. Attendez les 45 minutes préconisées sur la recette et partez faire autre chose. Par exemple retravaillez vos photos de la veille.
Lorsque le four annonce que le temps de cuisson est atteint, ouvrez-le : si tout va bien, voici l’aspect de notre succulente galette républicaine avant de la sortir du four :
Notez la séparation qui s’est parfaitement effectuée entre la pâte feuilletée et la frangipane (photo ci-dessus) et la beauté ondulante et stalagtante de ladite pâte feuilletée (photo ci-dessous).
Magnifique non ? Il ne vous reste plus qu’à vous saisir d’une spatule et de rassembler les éclats dans un joli plat de service. Ne vous inquiétez pas pour les miettes qui sont restées attachées à la sole ou à la grille ; la quantité de matière grasse vous garantit que pratiquement rien n’aura attaché, en tout cas rien qui vous prenne plus d’une heure à nettoyer le four.
Merci qui ?
Commentaires
J'en pleure de rire !!!
Hi hi hi !!!
Tu es incroyable :-D
(moi je dis que c'est une vengeance divine pour avoir dit du mal de la galette briochée, la seule, la vraie, la meilleure !)
énormissime... j'en ai les larmes aux yeux aussi...
(et je suis bien d'accord, la seule galette, c'est celle à la frangipane ! on a le reste de l'année pour manger de la brioche!)
La galette étant plaquée en pleure toutes les larmes de son corps ! Merci pour ce rayon de soleil en ce week-end neigeux !
Moi je dis que tu es quand même une star ! C'est magnifique !
non mais je vais marquer cette page, et quand je n'aurai pas le moral je la resortirai...
j'imagine le fou-rire mêlé de désappointement que tu as du avoir...
Les photos sont très réussies !
Ouh merci pour la rigolade. Moi qui suis bloquée chez moi par la neige et me lamente après une galette à la frangipane vu que j'ai oublié celle que j'avais achetée il y a déjà quelques jours chez le boulanger dans la remorque du garagiste qui tirait ma voiture en panne... eh bien je mangerai très volontiers un gros morceau de la tienne.
Mouarfff, tu sais que tu devrais ouvrir un blogue de cuisine! En fait, aprés la cuisine molécullaire, tu à inventé la cuisine fragmenté ;-)
C'est énorme, j'ai hâte d'avoir un four, moi aussi, pour réaliser des galettes avant-gardistes et, pour ainsi dire, déconstructivistes ! Très classes, aussi, les stalactites quantiques...
Je n'étais pas au courant du scandale de la galette briochée, mais je peux te dire que ce n'est pas la seule hérésie qui règne en ces contrées sauvages, quadi barbares encore, figure-toi qu'ils mettent, les sagouins, les maroufles, les vandales dévergondés, ils osent mettre une espèce de filet de sucre fondu gluant sur les croissants et les pains au chocolat ! Je l'ai vu de mes yeux vu, j'ai même été obligée d'en manger, c'est un scandale absolu, une ignominie, une catastrophe, les mots me manquent pour qualifier ce... ce... bref.
Une question quant à ta recette, peut-on encore stricto sensu parler de pâte feuilletée ? Eu égard à la nouvelle morphologie d'icelle, ne serait-il pas pertinent de parler de pâte papyrus, de pâte boulette voire de pâte charpie ? Je soumets cette grave question à ton génie culinaire en te remerciant pour la rigolade.
;)
J'ai éclaté de rire. heureusement que je suis tout seul !!!
Sinon... question innocente... Ne serait-ce pas toi qui eût en tête un jour d'initier un "feignasse food blog" ?
Je me permets un gros LOL républicain 2.0 ^^
Et c'est bon de voir que cette galette n'a pas le même pouvoir que le soufflé dégonflé de Gaston Lagaffe, au moins tu gardes le moral !
Un blog de cuisine avec nos ratages, voilà une idée. J'étais très forte à ce petit jeu quand j'étais jeune et jolie et tendre et charmante épouse lorsque parfois cependant débordée - parce qu'en ce temps-là j'avais un vrai travail mangeur d'heures - je me hasardais à des préparations assistées. En fait j'appliquais les instructions tellement à la lettre, comme je l'aurais fait lors d'un TD de chimie, que ça pouvait donner des résultats ... euh ... surprenants.
Cela dit, le résultat de ta galette n'était pas forcément mauvais, c'est juste son look qui est un brin destructuré. Tu viens sans doute d'inventer le concept du touite-cooking.
Bien que moi aussi, je préfère la frangipane - on m'a hier porté une brioche bien étouffe-chrétien (fort heureusement, nous ne sommes pas chrétiens), dont tout le monde a reconnu que ma frangipane lui est bien supérieure, mais que je me force à terminer, la mort dans l'âme, de thé en thé - je m'insurge au nom du Midi dont je suis !
D'abord, à Ardalia, on ne dit pas pain au chocolat mais chocolatine. Non mais.
Tout de même, c'est très décoratif. Tu as vraiment nettoyé le four ? Je suis sûre que tu pourrais le faire visiter !
! Tout simplement ! :-D
PS : Et puis je me dis que
, ça pourrait être sympa comme nom pour un prochain serveur... ;-)Pep, avec des pics de charge stalagtants :-)
Exact, ici, y disent même pas "pain au chocolat", mais chocolatine, ce qui est parfaitement ridicule, si l'on s'en réfère à Joe Dassin :
"Tous les matins il achetait
sa petiteuh chocolatine tine tine tine tine" ?
Ri-di-cule...
Excellentissime. merci pour cette méthode de partage.
Ne reste plus qu'à inventer une grille concentrique avec le nombre idéal de renforts diamètriquement (ça se dit ?) placés selon les angles kivonbien... Et nous avons de futures parts de tarte pré-découpées, voir une tarte totalement partitionnée.
Avec ça j'en ai mal au ventre d'avoir ri... à moins que ce soit ma part de galette des rois classique à la frangipane classique mangée ce midi...
Au fait... elle est où ta fève ? collée sur la grille ou chue sur la sole ?
Elle revêt une certaine nonchalance, cette galette, sur la dernière photo.
J'adore ce partage.
Je suis d'accord avec Samantdi, en gironde, c'est même pire, la galette est une brioche non anisée avec juste du sucre dessus. j'en ai offert à des amis, il a fallu qu'ils googlesient pour me croire que c'était bien une galette des rois!
Voilà de quoi relancer le FFB !
J'en bave d'envie ;-)
Fans du destructuralisme, vous avez trouvé votre Chef!
Sinon, dans mon sud à moi, on ne dit pas "brioche anisée" (pff), mais "coque". Et la coque, la vraie, est délicieuse et beaucoup moins matofane que la galette à la frangipane (quoique dans sa nouvelle version républicaine et fragmentée, c'est vraie qu'elle est tentante...)
Note pour les gens du sud: impossible de localiser le mot "matofane" sur l'internet pour en vérifier l'orthographe. Vous savez ce que je veux dire, ou bien s'agit-il d'une idisyncrasie familiale?
Ah non, Lola, je n'ai jamais entendu "matofane", et le Vavassori n'en fait pas état. Mais il faut dire que je ne connais pas non plus la brioche anisée... De mon temps et dans ma campagne, on la mangeait comme celle de Cunégonde, seulement avec du sucre concassé dessus, et on l'appelait "gâteau de roi".
Puis en allant à la vile, j'ai appris qu'il existait une version bourgeoise avec des fruits confits et encore plus tard, sous l'influence de hordes de Parisiens et de Lorrains, j'appris qu'il existait des "galettes à la frongipâne''" dont ils se pourléchaient les babines.
Et bien sûr, qu'ils excellaient à préparer (hu hu hu) !
Vous savez quoi ? Je viens de lire tous vos commentaires précédents d'une traite car après avoir rédigé le billet je me suis endormie comme un bébé. Ma galette républicaine est donc dotée d'une qualité supplémentaire, celle de déstresser suffisamment pour se livrer au sommeil (j'avais plein d'insomnies de retard).
Flo a bien deviné : j'ai d'abord été fort désappointée et très mécontente de moi d'avoir négligé de lire les instructions jusqu'au bout. Je m'en suis voulue aussi de ne pas avoir réfléchi deux secondes à ce que j'étais en train de faire. Le résultat était quand même largement prévisible si je n'avais pas été si pressée de courir à une autre activité… Mais ce désappointement a vite été remplacé par le rire et je me suis précipitée vers mon appareil photo dans l'idée de vous faire partager ce moment et je me suis régalée tant des bris de la galette qu'en rédigeant ce billet.
Au fait, c'est pas une blague, nonobstant la présentation un peu hors norme, la cuisson en tant que telle n'était pas ratée et la pâte feuilletée était bien feuilletée. Quant à la fève elle n'est pas sur la sole donc elle doit être dans l'un des morceaux qui restent, on n'a pas tout mangé tout à l'heure. A priori son poids a dû l'entraîner quelque part dans la partie frangipane :-)
Je suis ravie de vous mettre de bonne humeur en ce week-end au gris plafond bas (du moins à Paris) !
C'était donc ça cette odeur de sucré-caramel dans le quartier !
Tu m'as fait beaucoup rire, je te remercie !
Et le four ne s'est pas trop plaint ?
je pleure, je suffoque de rire ! extraordinaire recette de cuisine, j'en prends note de suite car le résultat est tordant, çà vaut le coup
merciiiii de partager ces morceaux croustillants
Tine
Tu es trop forte......merci pour ce rire de fin de dimanche.....une galette républicaine il fallait oser...
Excellent, et ça m'a mis l'eau à la bouche (ici, pas de galette du tout)
La galette républicaine 2.0 sépare le bon grain de l'ivraie...
Eclat de rire !
Géniale Kozlika !
J'étais en train de préparer le petit-déjeuner, quand le rire de François a explosé dans la maison. Je lui ai annoncé que le petit-déjeuner de la baleine était servi, il est arrivé pleurant de rire, vraiment en larmes. Le mien lui fait maintenant écho.
Je crois que tu t'es surpassée. Le confit de canard, c'était déjà du grand, mais là c'est incommensurable ;-)
Des bises à toi et l'homme au bout du quai.
Je viens de penser à quelque chose, ce n'est pas une galette, c'est une chromatographie.
Quelle magnifique version de la cuisine créative !!
Et j'adore que tu aies assez d'humour pour penser tout de suite à la façon dont bloguer/blaguer la chose !!
Kozlika la survireuse qui tire les rois à la dynamite!
A cause de toi, il est désormais impossible de prendre l'avion avec une galette surgelée.
Quand nous habitions en Charente, nous devions faire des kilomètres pour trouver une galette, un vraie. Là bas aussi ils pratiquent l'étouffe-chrétien immangeable avec des morceaux de sucre et de fruits confits vaguement translucide dessus. Nous les enfants, n'avons jamais su nous y faire. Nous, on mangeait des galettes de pâtes feuilletée sans frangipane. Bien faite, tiède, c'était un délice.
Sinon, comme les autres, j'ai beaucoup ri. Au popint d'attirer ma progéniture autour de moi, qui avait envie de profiter de la rigolade. Je leur ai donc raconter l'histoire. Le fait que, grâce à Sage, ton texte côtoie ta photo de vœux les a laissées songeuses…
Il y avait longtemps que je n'avais fait un tour chez, merci pour la belle rigolade. Ceci dit il existe des "gâteaux de roi" du sud de Brives pas du tout étouffe chrétien : j'en ai déjà mangé (bon d'accord, je suis pas chrétienne)
Une telle galette républicaine mérite comme fève, pour le moins, une tête coupée de ci-devant.
J'aime beaucoup cette nouvelle cuisine ainsi présentée. J'ai bien roi moi aussi pour cette (re)découverte de ton blog (via Incoldblog).
Cette mésaventure me rappelle (en moins spectaculaire toutefois) la fois ou j'ai laissé la carton sous la pizza Sodebo ("on se souvient surtout du goût" dit la pub) alors qu'il faut l'enlever ; ceci étant le carton n'a pas brûlé.
Dans cette contree de l'autre cote du globe, je leur ai fait decouvrir le feuilletage,au beurre avec au sucre, telle qu'on la faisait la galette, dans mon Berry natal.
Accompagnee qu'elle etait de ma celebrisisme mousse au chocolat...
Ils eurent des psames de volupte,si,si!!!!!!!!!
Mais attends, c'est de la galette Dali tout ça! Et en plus, la frangipane, c'est toujours bon, quel que soit l'état...
J'allais écrire "j'en pleure de rire!"
Et je tombe sur le premier commentaire, celui de Samantdi.
Bon, je pleurederire quand même!
Et la recette républicaine 3.0 est chez moi!
Enfin, je t'ai retrouvée....... j'ai acheté la même et elle est actuellement dans le frigo. Je n'ose pas la mettre au four ! surtout que je dois l'emporter......... ça va encore finir chez le patissier. Bises non pas de la République, mais de la Bastille !
non,mais ...elles ne sont pas anisées du tout nos couronnes des rois !
{{J'allais écrire "j'en pleure de rire!"
Et je tombe sur le premier commentaire,}}
Idem. Ça faisait longtemps que j'avais pas ri comme ça !
Je viens de découvrir ce post et suis comme tous, morte de rire, c'est la galette la plus inventive que j'aie jamais vu !
Je vous invite tous l'an prochain à la dégustation si vous voulez ;-)
Ze courlis, je viens d'aller faire un tour chez toi, j'aime beaucoup tes photos – je me suis d'ailleurs abonnée au blog – mais j'aimerais bien savoir comment tu fais des choses comme ça ?
Kozlika : C'est (en théorie) assez simple. Un long temps d'exposition, une lampe de poche dans la main et il suffit de dessiner dans l'air avec la lampe de poche dirigée vers l'objectif. Il faut que l'environnement soit suffisament sombre pour pas que le dessinateur soit éclairé et avoir une lampe qui rende bien. Ensuite, la grosse difficulté (en tout cas pour moi) est de réussir à dessiner correctement dans le vide...
Ah merci Julien ! Ben voilà un souci de moins, je ne m'y essaierai pas. Déjà qu'avec un papier et un crayon je ne vaux pas un clou alors du vide et une lampe de poche…
Merci ! Nan vraiment mille mercis !
Ce qui est dommage c’est que tu ne peux même pas publier ce billet dans le blog des recettes des faignasses car je suis sure qu’en plus ça a prit du temps !
pourtant, tu as l’air normale, honnête, normale, gentille et tout.
Comment tu peux imaginer un truc pareil !!
même pas de frangipane dedans ; je me demande quand même si tu es aussi civilisée que cela ?
La pâte d’amande, c’est le sel du gâteau.
Et si on ne mettait pas de pâte, juste de la frangipane dans le four ?
Ah oui, chica, c’est une idée ça. Je pensais justement à recevoir quelques amis fin janvier quand les travaux seront finis chez moi. Ça leur plairait peut-être comme dessert ?
Bonjour Kozlica,
Merci pour ce bon morceau de “j’aimeuh-la-galetteuh” : vous êtes vraiment une artiste du raté-réussi, comme en témoignent nombre de vos photos par vous dites “les moins moches”.
Moi, je les trouve très belles, vos photos : vous êtes fan de pieds ?
Je suis passée par d’autres de vos billets : merci pour tous ! Notamment sur la “nécrologie” du JO : vous connaissez le dictionnaire des Tracas ? Si non, je suis sûre que vous aimeriez.
A bientôt,