Un enfant si je veux, que je nourris comme je veux
Par Kozlika le vendredi 12 février 2010, 19:53 - Lien permanent
Il fut un temps, notamment dans les couches[1] intellectuelles et/ou aisées où faire le choix d’allaiter son enfant était regardé comme une sorte de manifestation de bestialité ou à tout le moins une pratique vaguement arriérée. C’était très con. Pas moins con est le diktat du moment qui veut qu’au contraire choisir de donner le biberon à son enfant vous étiquette comme une mauvaise mère ou comme une pauvre malheureuse que le salariat oblige à abréger le pouponnage à plein temps.
Je n’ai pas lu le bouquin d’Élisabeth Badinter ni écouté la journée où elle était l’invitée de France-Inter mais j’ai lu son interview au Monde et la levée de boucliers dont elle fait l’objet. On lui reproche d’être contre l’allaitement, contre les couches lavables, de ne pas parler des différences salariales entre hommes et femmes.
Je n’aurai pas la prétention de faire le tour du sujet du féminisme ou de l’apport ou non-apport de Badinter à la cause des femmes en un billet. Il serait forcément lapidaire de traiter tout ça à la fois, comme l’ont été les articles ou billets publiés ces derniers jours contre Badinter. je n’exclus pas de revenir sur les autres sujets qu’elle ou ses détracteurs abordent (l’affaire des couches lavables par exemple) mais il ne sera question aujourd’hui que de l’allaitement parce que ce dont elle parle je le ressens aussi et je le vois autour de moi. On ne peut choisir de nourrir son enfant au biberon que par impossibilité de faire autrement, pour des raisons physiologiques ou professionnelles, un choix par défaut. Je ressens comme elle que la liberté de choix à cet égard est bien moins grande que dans les années quatre-vingt où lors des séances de préparation à l’accouchement on vous demandait ce que vous comptiez faire à cet égard. Il est désormais entendu – ou alors toutes les jeunes maman que je connais sont mal tombées – que le mode normal est l’allaitement, tellement mieux pour la santé de l’enfant, la relation précoce mère-enfant, tellement plus en accord avec la nature.
Or l’allaitement maternel n’est pas sans conséquences sur la place des pères auprès de leur bébé, la répartition des tâches, le temps disponible des femmes, la date possible d’entrée en crêche… Sur tous ces points c’est objectivement un recul par rapport à l’alimentation au biberon. Ça ne veut pas dire que qui le choisit vend son âme au machisme, on peut faire le choix raisonné de sacrifier ceci par rapport à cela parce que l’apport est plus grand que la perte et parce que c’est limité dans le temps. Mais est-ce donc si tabou qu’on ne peut l’évoquer comme tel sans se prendre une volée de bois vert ? Le seul problème que soulève l’allaitement maternel ne tiendrait-il qu’à un congé de maternité trop court pour assurer les six mois de mode d’alimentation exclusif apportant son efficacité maximale ?
Oui, cessons donc d’avoir une vision unique de la gent féminine et de la maternité épanouie – et de l’idée que l’une ne va pas sans l’autre aussi d’ailleurs. Laissons le choix aux parents, laissons-le leur vraiment sans leur faire croire qu’il existe la bonne solution et le pis-aller. On fait le tour : je commence, rectifiez-le, complétez-le !
Allaitement
Avantages
- pas besoin de se trimballer avec des biberons, les laver, de penser à refaire le stock de lait, etc. ;
- économie (le lait en poudre c’est cher, d’autant que même à la maternité celles qui font ce choix doivent le payer) ;
- remise en place de l’utérus plus rapide grâce aux contractions provoquées par l’allaitement ;
- transmission des anticorps (attention : d’après ce que j’ai lu son efficacité réelle à cet égard demande que cette alimentation soit exclusive pendant six mois au moins) ;
- satisfaction personnelle d’être à même de nourrir son enfant sur ses seules ressources ;
- un bon prétexte pour se couler dans un fauteuil sans plus rien faire d’autre pendant un quart d’heure sans culpabiliser ;
- les selles ont une odeur bien moins incommodante qu’avec la nourriture au biberon ;
- avec un peu de bol, le père en fait un peu plus à côté pour « compenser ».
Inconvénients
- présence quasi constante (oui les tireuses à lait existent mais pour l’avoir testé pour vous je peux vous dire que pour certaines femmes c’est très désagréable et quand j’arrivais à récupérer 40g c’était le bout du monde…) ;
- calculer les séances de cinéma en fonction de l’heure des têtées ;
- pas de possibilité de partir cinq ou six jours sans l’enfant ;
- le papa est exclu de ce moment privilégié les yeux dans les yeux de son enfant – et de la satisfaction d’être pour quelque chose dans son air repu ;
- pas possible de mettre l’enfant en crèche avant la fin de l’allaitement ;
- pour certaines (dont moi) obligation de porter les si sexy coupelles d’allaitement (au mieux les coussinets qui personnellement me créaient moult irritations) ;
- vous vous trimballez en permanence une odeur très particulière ; peut ne pas être un inconvénient si celle-ci ne vous dérange pas ;
- interdiction de picoler ou de fumer.
Add commentaires :
- ça peut faire mal (griffures, crevasses) ;
- il faut être rigoureuse dans sa propre alimentation (équilibre et quantité) pour veiller à celle de l’enfant
Bonus
Si vous êtes à bord du Titanic, vous pourrez nourrir votre enfant sur le radeau de sauvetage, voire un ou deux marins. Si vous avez pensé à prendre la tireuse à lait, vous pourrez survivre vous aussi, ce qui arrangera tout le monde.
Biberon
Avantages
- n’importe qui peut lui donner le biberon : le papa, les frères et sœurs, les parrains marraines…
- si vous êtes dans un lieu public à l’heure de la têtée vous n’avez pas besoin de déballer la marchandise devant tout le monde si ça vous gêne ;
- vous ne vous posez pas la question de savoir s’il a pris 20g ou 100 de lait ;
- vous pouvez faire un break de quelques jours enfin seule ou à deux en amoureux ;
- lorsque votre enfant vous sourit vous savez que c’est bien à vous qu’il sourit et pas au garde-manger ;
- c’est pas toujours sur vous qu’il régurgite ;
- le père se lève la nuit aussi, donc il est aussi crevé que vous, donc sa libido s’endort et se réveille à peu près synchrone avec la vôtre.
Inconvénients
- il faut vous justifier sans arrêt de ne pas le nourrir « naturellement » et du tort que vous causez à sa santé et à son épanouissement ;
- il faut veiller sans cesse au stock de biberons (et les laver), de lait…
- ça coûte cher ;
- le caca pue ;
- vous ne pouvez pas garder le gamin pour vous toute seule, tout le monde veut lui donner le biberon ;
- le bébé ne profite pas de vos anticorps (argument valable uniquement en comparaison d’un allaitement de six mois minimum) ;
- certains enfants sont intolérants au lait de vache maternisé et là c’est galère pour trouver du lait de soja.
À vous !
Notes
[1] Non lavables, mais recyclables.
Commentaires
L'allaitement aussi, faut un peu prévoir les stocks quand même ; je connais une mère qui si elle ne mangeait et buvait pas assez (ou pas assez équilibré) n'avait pas assez de lait pour le repas du soir (et du coup une raison de plus pour le bébé de ne pas faire sa nuit, parce qu'il a la dalle)
Inconvénient de l'allaitement: ça fait mal, voire très mal parfois (entre les bobos et les griffures). Avantage, les voisins n'appellent pas la protection de l'enfance puisque le charmant bambin n'a pas le temps de hurler: c'est tout de suite dispo!
Et sinon, j'aurais rajouté "et comme je peux" dans le titre. Parce qu'avant d'accoucher, je ne voulais pas allaiter. Sans doute le coté "animal" qui me faisait peur. Puis je me suis dit que ça serait bête de pas essayer, pour voir. J'ai essayé, j'ai voulu adopter. Mais je n'ai finalement pas pu le faire alors j'ai pris les avantages des deux: allaitement mixte, ils appellent ça. Voilà ma modeste contribution!
J'ai ajouté vos remarques, Rapahaelle et Milky. En fait, pour celui de Milky – et le mien concernant la clope et l'alcool - on peut aussi dire que c'est un bienfait en ce qu'il incite la mère à prendre soin de soi…
Raphaelle : le "comme je peux" je crois que j'en parle un peu, c'est l'une des raisons « admissible » du passage au biberon. Cela dit la culpabilité de ne pas être cap n'en est pas forcément moindre.
J'ai tout écouté, j'ai lu l'article, et je suis allée acheter des petits pots bébé pour ma Bestiole, là, je ne sais pas si j'ai bien fait?!
N'empêche que ce débat allaitement/pas allaitement existe depuis que je suis gamine, qu'heureusement que Madame Badinter est là pour l'élever ce débat.
Nos enfants ont été nourris au biberon, par obligation, pas par choix. Et je m'en félicite : je me rappelle encore, 55 ans après, le bonheur de leur donner le biberon.
Pas trop la nuit, faut avouer... Mais quand j'étais présent et réveillé... Waouh... Quels beaux moments de "tendritude fusionnifage".
Quant à Mme B*, son message (intéressant car appelant à la réflexion et remettant en cause les habitudes) est flouté par le fait qu'elle fait partie d'un groupe économique qui pousse et encourage à la (sur)consommation. Elle se défend d'y avoir la moindre influence. Je veux bien la croire... mais...
mirovinben je te savais vieux, mais à ce point ! Mazette tu les portes bien tes, allez soyons sympa, 75/80 ans ?
Personnellement je crois que ces moments où je donnais le biberon à mon fiston ont contribué énormément à la relation qui s’est tissée entre nous deux, ce qui n’aurait pas été possible autrement — bien que ce soit sujet à débat et que j’en ferai peut-être un billet un de ces quatre.
Je suis bien évidemment pour le libre choix de la mère quand au choix du mode d’alimentation pour son enfant, en tenant compte bien sûr des contraintes présentes. Pour tout dire, ce débat est très occidental et j’imagine assez facilement que la question ne se pose même pas dans beaucoup d’autres pays de notre petite planète.
C’est une mode habituellement à peu près aussi peu argumentée que la longueur des jupes l’hiver prochain. J’ai vu le balancier faire l’aller et retour depuis que le sujet me concerne (environs 34 ans, Frank, pour être précis ;-). Le problème c’est que les personnes qui interviennent sont des personnes d’autorité (sages femmes et aides soignantes des maternités), à un moment ou les parents sont les moins à même de faire un choix rationnel, juste après l’accouchement. J’ai vu, il y a quelques années, des maternités ou il fallait presque kidnaper le nourrisson pour lui donner le sein, sinon, les aides soignantes lui donnaient le biberon sans demander l’avis des parents. L’inverse a existé et existe aussi
On a pas fini d’en parler. Mais je pense que Madame Badinter pourrait consacrer son intelligence et son influence à des sujets plus graves et plus d’actualité…
Je n’ai pas lu le dernier livre de Mme Badinter, ni écouté toute sa journée sur France Inter, juste un peu le matin et ce que j’en ai compris c’est qu’elle défendait la liberté des femmes de choisir ce qui leur convenait le mieux au moment de faire ce choix, et évoquait l’importance des moyens mis à leur disposition pour faire lucidement ce choix .
Pour ma part je m’insurge contre les “diktats” quels qu’ils soient : mode, religion,écolo, etc…. qui sans cesse nous font culpabiliser :
Quand je veux, comme je veux, ou comme je peux et cessons de culpabiliser les mères comme on culpabilise les grosses, les maigres, les petites, les grandes, les coléreuses , les cools , les zens etc….! Chacun fait et doit pouvoir faire comme il se sent et pour le mieux. J’ai eu 3 enfants, je les allaités jusqu’à 3 mois parce que cela me convenait (et à elle et eux aussi ) et que mon lait leur suffisait ; pour le 3ème - que j’ai eu à 42 ans - , d’aucuns (notamment à la maternité de l’hopital) me déconseillaient de choisir ce mode d’allaitement , j’étais trop vieille, mon lait ne serait pas bon, je récupérerais mal, me fatiguerais alors que les 2 aînés avaient besoin de moi….j’en passe …. eh bien, j’ai essayé,(la montée de lait conséquente et l’expérience des 2 premiers m’y encourageait ) et ce petit , arrivé en avance , avec ses 2Kg5 , a vite rattrapé son retard de poids (mais je n’affirme pas que c’est grâce à l’allaitement maternel - je n’ai pas essayé ni vérifié le contraire - mais moi et lui nous avons été satisfaits ainsi ) bon allez, je ne vais pas raconter ma vie , simplement je veux dire que l’important c’est de faire librement le choix de ce que l’on sent le mieux pour soi et ses enfants : assez des leçons de morale et de la culpabilisation !
J’allais rajouter le “comme je peux” aussi, et croyez-moi même quand on passe à l’allaitement mixte par obligation, c’est limite si parfois on ne vous reproche pas de ne pas avoir fait le choix de laisser votre enfant crever de faim au sein. Il y a des extrémistes. Dans les deux camps, d’ailleurs.Et ces gens-là me font peur.
Je vais répondre un peu sur la même tonalité que dans le fil de commentaires de Samantdi. Face à des sujets très affectivés, on a parfois de la peine à poser des constats simples, sans que ce soit repris par un camps ou un autre.
Les bénéfices de l’allaitement sont multiples-et pas besoin d’attendre 6 mois, ça commence à en être net dès 3 mois. Et pas seulement pour l’enfant, mais aussi en matière de cancers chez les mères. Ça, c’est un fait et il importent que les médecins le disent et le rappellent en général.
Ce qui n’est bien entendu pas du tout la même chose que d’assener un tas de statistiques terrifiantes à une mère qui se demande si ELLE en a envie ou pas. L’important est juste de débusquer, ici comme ailleurs, ce qui, sous le masque du choix-quel qu’il soit- pourrait être lié à la peur (de ne pas savoir faire, de déplaire au père ou à sa mère, de ne pas faire comme les autres, d’être jugée usw…)
Après, chacun fait bien comme il veut.
Je n’opposerais jamais féminisme et allaitement. Les sociétés riches qui allaitent le plus sont les Scandinaves, justement celles où le partage des tâches et l’équité devant le travail sont les meilleurs.
Il me semble qu’en France, on a souvent des rapports tordus avec des choses simples. Est-ce l’héritage du catholicisme et de son inverse libertin qui infiltrent toujours les notions de santé d’une accusation de morale? Y résister serait faire preuve de liberté d’esprit?
Les Scandinaves élèvent leurs enfants sans crier dessus, les allaitent, leur donnent de quoi se torcher les fesses et se moucher dans les écoles, filent des congés paternités et n’en font pas une pendule à treize coup.
Tiens au fait : mettre “Interdiction de fumer” dans la colonnes des “inconvénients”, c’est une phrase de fumeur! Ceux qui ont profité du moment pour économiser plein de sous dans les 50 années à venir le mettraient plutôt dans les “avantages” ;-))
Ce n’est pas le sujet, hélas !! mais concernant les couches lavables, l’irritant n’est pas tant qu’elle soit pour ou contre (moi qui vous parle, les couches, hein…) mais qu’elle profite d’une campagne de promotion un rien déferlante (Inter+Libé+Le Monde…) pour placer des attaques politiques ad feminas en caricaturant de façon moyennement élégante, pour les discréditer, des gens qu’elle connaît visiblement mal, en période électorale. Sur ce seul et inlassable exemple des couches. On ajoute “radicale” à écologie et ça fait l’affaire. Polémique ex cathedra qui aura pu susciter des réponses polémiques.
En fait, l’allaitement ou le biberon, c’est un peu comme la sauce blanche et la sauce piquante dans les kébabs : le mieux, c’est un peu des deux. J’ai eu des jumeaux avec une jeune femme qui avait envie de les allaiter sans se transformer en usine Danone, donc on a pratiqué la bonne vieille méthode du “une fois sur deux”. C’est super chiant car il faut tenir des registres à jour (surtout quand les nains en question ont besoin de chacun 7 repas par tranche de 24 heures), mais comme ça tout le monde est content (sauf le corps médical qui faisait un peu le nez, mais on l’emmerde.)
Allaiter, j’ai essayé pour le premier. Et ça m’a suffit. Après 9 mois de plénitude lunaire(nausées, crampes,…) , j’avais envie de retrouver mon indépendance… et forcément, je n’ai jamais trouvé d’épanouissement ou de satisfaction dans le fait d’allaiter. Je détestais ça ! Contrainte des horaires, seins engorgés, fioles à lait à placer au fond du soutien-gorge, pudeur mise à mal, non merci ! Et ce bébé qui piaillait tout le temps, tout en perdant ses rondeurs, me faisait culpabiliser d’aller me balader une petite heure.
Le soir où le papa a improvisé un biberon grâce à la mallette cadeau de la maternité, nous avons enfin compris la raison des pleurs de notre enfant : il avait faim…
Alors a commencé le temps des biberons, où parfois, on mettait une dose ou deux de trop dans l’eau tiède, fatigués que nous étions la nuit de cette chimie laitière. Des selles fermes plus tard nous rappelaient à l’ordre (dis chérie, tu t’es pas planté?)
Vive le biberon, le lait artificiel et les mères qui font les choses comme elles le sentent.
janu > Tu crois sincèrement qu’elle a calculé la sortie de son livre pour que ça coïncide avec les régionales ???
Franck, je te confirme mon erreur. Mais pourquoi j’ai donné ce chiffre de “55 ans” ?. J’ai dû emboquer un dernier biberon à fils-cadet vers la fin 1987. il y a donc un peu plus de 22 ans.
@ Kozlika : Déshéritons immédiatement cet enfant.
Non, j’ai eu l’air de dire ça ?…
J’ai réécouté la première séquence de France Inter – comme la première fois avec grand intérêt et grand respect, moi aussi – et c’est ce passage qui me semblait un faux procès, l’incise qui vient comme un cheveu sur la soupe : Dans Le Monde, elle se demande avec condescendance “dans quel monde elle vit”.
Cécile Duflot redisait ce matin à France Culture que ça la laissait stupéfaite, et qu’elle ne voyait pas d’opposition entre féminisme et écologie, pas plus qu’entre “femme” et “mère”, et qu’à ses yeux le combat féministe consistait à se battre à la fois pour l’égalité professionnelle et le droit d’avoir des enfants, sans avoir à sacrifier l’un pour l’autre…
C’est ce genre de caricature, comme celle que fait ma cybermère quand elle décrit chez Otir l’écolo comme une bobo qui se pâme devant des meringues faites maison, et qui serait sans lien ni souci pour “les femmes les plus fragiles”, qui me chagrine un brin.
Tout d’accord avec toi sur le constat d’une tendance des dernières années à vouloir dire aux jeunes parents, que l’allaitement est Le Bien et le biberon Le Mal. Vu des jeunes mamans qui s’excusaient presque de ne pas allaiter. Et ça m’a mise mal à l’aise.
Ce que j’ai pu constater quand c’était mon tour :
- à l’époque (1990 et 1995) pas trop de pression dans un sens ou dans l’autre ; j’avais choisi de tenter l’allaitement parce que : - Ben juste c’est fait pour alors je voyais pas pourquoi je me compliquerais la vie (en fait vu que c’était pas si simple et que j’ai eu des ennuis, engorgements infection recours au tire-lait un temps etc. je me la suis compliquée quand même) ;
- j’avais un chouette long congé maternité (6 mois + bouts de reliquats de congés annuels) qui me permettait de tenter le coup ;
- c’était au temps des vaches folles et du sang contaminé, je me disais des fois qu’on nous révèle un jour que l’on fourgue des saloperies dans le lait maternisé … ; au moins en allaitant les premiers mois je proposerais quelques saloperies sans doute mais un peu filtrées (?).
Je crois qu’au bout d’un mois 1/2 environ on était passé à un biberon par 24h intercalé entre les tétées au sein, ce qui permettait au papa de s’y coller un peu.
Ensuite c’est resté mixte un bon moment pour un sevrage tout en douceur.
Les rhumes et autres petites maladies, sont apparues après le sevrage total comme quoi le coup des anticorps c’était pas de la blague (le délai de 6 mois me paraît excessif).
J’ai trouvé très très épuisant le fait d’allaiter (je me sentais pompée à tous les sens du terme) et été soulagée quand ce fut fini. Mais comme les bébés avaient bien poussé, je supposais que l’effort en valait la chandelle.
Enfin un bonus pour les “pour” (?) : - Si vous êtes hors grossesse en configuration Jane Birkin, le papa du bébé allaité aura toute chance de vous trouver diablement sexy avec de gros nichons. Pas de bol, il pourra pas toucher tellement en période vache laitière ils sont facilement douloureux.
De votre côté vous comprendrez désormais pourquoi votre cousin agriculteur est si à cheval (si l’on peut dire) sur l’heure de la traite et que c’est de sa part preuve d’une forme d’humanisme.
Attention aussi aux effets de mode : mes enfants ont 5 ans d’écart et l’aînée a été mise très tôt (sur les conseils de la pédiatre et qui suivait ce qu’on recommandait alors) à des aliments variés, tandis que son petit frère, oh là là pas déjà (entre temps la tendance avait changé).
En fait les solutions qui vont bien sont tout simplement celles qui vous conviennent et semblent convenir au petit.
Un avantage de l’allaitement est que si ça se passe mal, on peut opter ensuite pour le biberon, alors que si d’entrée de jeu on a décidé pour le lait maternisé, et que celui-ci pose problème, il est trop tard pour relancer la lactation.
Le paradoxe le plus dégueulasse concernant l’allaitement c’est qu’on pousse intellectuellement les mamans, mais qu’en pratique, plus vite les mamans sont sorties avec leur gnôme hurlant, mieux les hôpitaux se portent.
Donc l’aide à la mise en pratique pour celles qui veulent mais ont du mal à y arriver se transforme souvent en calvaire de douleurs et de difficultés morales, et donc en début de maternité pas très serein (déjà que…).
Je me souviens qu’à mon choix de ne pas allaiter Cro-Mi, on arrêtait, pour la partie bien pensante de la population, de me faire chier quand j’expliquais qu’après un accouchement marathonien, j’avais eu des complications qui ont nécessité médication, et donc pas d’allaitement. Alors même que la chose importante, c’était que non, je ne voulais pas.
Par ailleurs, la place du père dans l’alimentation, c’est une occasion merveilleuse de tisser un lien très vite. Nous ne vivons, plus, que je sache, dans un monde où l’homme s’absente pour chasser le mammouth pendant des jours. Il est donc en théorie un peu disponible pour alimenter son enfant nouveau-né. Et devinez quoi ? Oui, nourrir un bébé qui n’a que ses parents comme ressources pour se faire, c’est déjà une façon de le faire grandir. Et aussi de s’abîmer dans l’observation du têtard, de comprendre, petit à petit, son mode d’emploi, de lier des liens hyper charnels bien que non liés au nibard.
Et bordel de nom de dieu, ce qui compte, ce sont des enfants qui poussent en bonne santé et équilibrés, ou non ??
(PS : Badinter parle aussi de l’inégalité des salaires et des traitements dans l’entreprise, qui font que rares sont les pères qui se jettent sur la machine pour laver les couches, magique comme elle a pensé à tout avant de s’obstiner à être contre par principe).
“Et bordel de nom de dieu, ce qui compte, ce sont des enfants qui poussent en bonne santé et équilibrés, ou non ??”
Eh bé… C’est bien là le problème des pédiatres. Et c’est bien là ou il y a conflit entre la position individuelle, tout à fait respectable et ce qu’on sait de la santé des populations.
Il y a bien sûr des modes dans l’art d’accommoder les bébés. Mais il y a aussi ce qu’on découvre au fur et à mesure, des fois parce qu’on avait jamais cherché avant ( tiens, coucher les bébés sur le dos est un facteur protecteur) soit parce qu’un inconvénient apparaît après des années de pratiques (Tiens, pourquoi à-t-on de plus en plus d’enfants allergiques ou porteur de diabète insulino-dépendant?).
Il me semble qu’on doit pouvoir dire, j’ai envie ou pas. Mais on a le droit de vouloir combattre les idées reçues. Et faut dire qu’il y en a des 2 côtés. De même que les mères au biberons sont tout aussi aimantes, les femmes à sein tout aussi indépendante. Et la place des hommes ne dépend pas de la pratique, mais du couple.
A titre perso et non plus professionnel, je garde un souvenir ému de l’homme quasi sans défauts qui se levait la nuit, m’amenait mes bébés, puis délicatement, pendant que je me rendormais comme une bienheureuse, les reprenaient délicatement pour un rot, un change, dans un moment qui n’appartenait qu’à eux-deux.
Pour ma part, l’expérience que j’en ai, c’est que la mère de mon fils, qui avait fait le choix d’allaiter n’a pas été accompagnée par le personnel du grand hôpital (plus de 3000 naissances/an, chiffres 2008) où notre enfant est né, et qu’elle n’a jamais manifesté de regret d’avoir persisté dans son choix. Du coup, le « diktat » de l’allaitement, j’ai du mal à y « croire » complètement, mais je n’ai pas fait d’étude statistique.
Et c’est vrai que, comme janu, je m’interroge sur l’amalgame : écolo = retour à la nature = aliénation de la femme qu’elle semble faire allègrement. C’est le libre choix de chacun de se positionner politiquement, mais jeter l’opprobre sur les gens avec qui on n’est pas d’accord en les taxant approximativement d’intentions de régression sociale peut faire écran à la pertinence du reste de son propos…
Je suppose inutile de rappeler (mais je le fais quand même), que je suis pour la liberté individuelle, et que je ne trouve pas acceptable – bien que trop courant, dans ce domaine comme dans d’autres – que des choix intimes par essence soient le théâtre de jeux de pression sociale.
Bonjour,
Je suis une maman de 4 enfants et engagée dans une association de soutien à l’allaitement maternel.
L’allaitement maternel a ses bienfaits, qui ne sont plus à prouver, mais reste une pratique difficile pour les mères qui ne sont pas suffisamment entourées.
Dans notre association, au niveau local nous aidons les mères à réaliser “leur projet d’allaitement” et nous encourageons les mamans à venir pendant leur grossesse, pourquoi ?
He bien pour mieux préparer la maman qui souhaite faire ce choix, ou pour aider les mamans à faire leur choix.
Effectivement certaines mamans viennent nous rencontrer et finalement choisissent le lait artificiel.
Et l’essentiel c’est que ce choix soit fait! et j’ajouterais qu’il soit fait avec le père! cela leur permet de l’assumer totalement, de pouvoir répondre à une réflexion du type:
“tu ne l’allaites pas ???”
par:
“Non je n’ai pas envie, mieux vaux un biberon donné avec amour qu’un sein donné à contre-coeur”
et à une question du type:
“Tu vas l’allaiter encore longtemps ???”
par:
“J’ai choisi l’allaitement naturel et j’arrêterais quand bon me semblera!”
Ce “combat” entre allaitement naturel et artificiel a assez duré, cessons de penser que l’on est plus ou moins féministes selon qu’on allaite …ou pas!
Laissons les parents faire leurs choix d’adultes et cessons de les juger.
Anita, il va sans dire, mais ça va mieux en le disant, que rien ne dispense de se tenir un peu au courant de l’état de la science à l’instant T :)
Pour moi, le discours de Badinter ne se situe pas au niveau de l’éternel débat allaitement/lait artificiel (débat intéressant au demeurant, j’y reviendrai peut-être plus tard mais anita a déjà dit pas mal de choses auxquelles j’adhère).
Non, moi ce qui me heurte dans son discours, c’est le décalage de ce qu’elle décrit et décrie avec la réalité telle que je l’ai vécue, et telle que les mères de mon entourage l’ont vécu. Et mère, c’est mon boulot à plein temps depuis 2 ans 1/2, alors j’en ai un petit paquet, des collègues, et de toutes sortes.
Quand Badinter parle de pression subie par les femmes pour allaiter, je me demande réellement où elle a été pêcher ça. Ma fille est née en 2007, mon fils en 2009, rien n’a changé dans la prise en charge de mes grossesses, accouchements, et suites de couches, et j’attends encore qu’on me parle d’allaitement. Non, sérieusement, je veux dire, pas juste “au fait, vous voulez allaiter ?” alors que j’ai les pieds dans les étriers en train de pousser.
Par contre, me parler de biberon, ça oui. Quelques exemples en vrac, liste non exhaustive :
(A ce stade, je précise que j’ai accouché dans un hôpital public.)
Alors pression ? Pression ??! Elle est où, la pression ?
Ah oui, l’OMS a dit qu’allaiter pendant 2 ans dont 6 mois en exclusif était recommandé. Médicalement, scientifiquement, au vu des connaissances actuelles, oui, c’est vrai, c’est recommandé. Pas obligatoire. Si on ne le fait pas, on n’est pas maudit sur 13 générations, néanmoins (ou alors j’ai loupé le communiqué de l’OMS ou de la LLL qui l’affirmait). On n’est pas une mauvaise mère si on ne le fait pas. Il s’agit purement et simplement d’un avis d’experts médicaux, qui ne prennent pas en compte les autres facteurs qui vont évidemment intervenir dans le choix de la mère - envie, rythme de vie, …
Alors évidemment que je suis pour le libre choix. Evidemment qu’on a le droit de nourrir son enfant comme bon nous semble, et encore heureux. Evidemment que donner le biberon c’est très bien, et qu’allaiter jusqu’au sevrage naturel aussi. Evidemment qu’il n’y a pas que des paramètres médicaux qui rentrent en compte - on n’est pas des machines.
Maintenant ce que moi j’ai constaté dans mon expérience de jeune mère, c’est que les informations et les moyens nécessaires pour faire ce libre choix ne sont pas immédiatement disponibles. On les trouve si on les cherche, mais si on ne les cherche pas ? Si on est tranquillement occupé à regarder son ventre pousser, à chercher un prénom pour l’héritier, ou à se demander comment on va réussir à élever cet enfant avec 2 SMICs ?
Alors quand Badinter ressort des vieux clichés du style “la mère allaitante doit rester cloîtrée à la maison avec son bébé accroché au sein ad vitam aeternam”, non, je ne trouve pas qu’elle aille dans le sens du libre choix informé.
Je ne lui demande pas de faire l’apologie de l’allaitement, mais d’admettre que les femmes peuvent avoir envie de le choisir et de les laisser le faire en paix. Cela va peut-être à l’encontre des idéaux qu’elle a défendu dans les années 70, mais la société a évolué, et le combat n’est plus là. Oui, on peut allaiter et sortir de chez soi, avec ou sans enfant (encore heureux, j’ai allaité ma fille 18 mois, je me serai tiré une balle si je n’avais pas pu prendre l’air). Oui, on peut allaiter et mettre son enfant à la crèche, reprendre le travail. Et oui, on peut aussi être féministe et choisir de rester - provisoirement ou pas - au foyer à contempler ses petits grandir, parce qu’on a aussi le droit de s’épanouir comme ça.
Sympa, ton billet, et c’est une bonne idée d’avoir répertorié les avantages et les inconvénients de l’allaitement.
Une erreur pourtant: mes deux petites filles sont en crèche. L’une a été allaitée six mois (dont deux mois de crèche), l’autre, en crèche à un an, est encore allaitée (16 mois). Dans les deux cas, les crèches (XVIIIème et XIXème arrondissement) ont soutenu et favorisé la poursuite de l’allaitement, il y a même une brochure de la ville de Paris à cet effet.
Mes filles n’ont pas l’air de souffrir du tire-lait, sans doute sont-ils moins féroces que jadis, moi aussi j’en ai un souvenir…cuisant. J’ai trouvé, personnellement, que ça demandait une organisation béton (tirer, congeler, ne pas oublier) mais j’étais personnellement très désorganisée, il semble que ce ne soit pas génétique.
Et, bien sûr, tu as tout à fait raison de pointer le manque de formation de certains personnels. La courbe de poids d’un bébé au sein grimpe plus lentement (et on inquiète encore des mères avec ça, les faisant parfois renoncer). Une puéricultrice mal avisée a voulu faire “espacer” les tétées de mon petit fils, elles étaient trop fréquentes à son goût, et le bébé qui “faisait ses nuits” a cessé…
Je rajoute quelques commentaires (pro allaitement, bien sûr!):
Si vous n’aimez pas “déballer la marchandise devant tout le monde” vous pouvez acheter par correspondance à “V*rt B**d*t” (pub gratuite) et probablement ailleurs aussi de charmants T shirts très ingénieux qui vous en dispensent.
Si vous avez bien suivi votre formation de mère super allaitante, vous ne vous posez pas NON PLUS la question de savoir s’il a pris 20g ou 100 de lait, ni A QUELLE HEURE.
Le père est PLUS crevé que vous que vous car c’est LUI qui va chercher le bébé et éventuellement lui change la couche (lavable, bien sûr), tandis que vous vous réveillez à peine pour donner le sein.
j’ai eu 5 enfants que j’ai allaité plus ou moins longtemps…j’étais étudiante en médecine à la naissance du premier…et est arrété à 3 semaines quand j’ai repris stage et cours,1 mois pour la 2ème.Là abcès du sein.3 à 4 mois pour les suivantes…Leur père est toujours allé chercher le bébé qui pleurait la nuit,me l’amenait,puis le reprenais et s’en occupait avant de le recoucher…Ma fille a 2 enfants de 2 ans et 4 mois.Elle allaite en ce moment,mais retravaille.Elle tire son lait au travailet le donne à la nounou le lendemain.Idem quand elle sort ou part en week end.Que ce soit pour l’allaitement ou l’alimentation des bébés en général,les normes ont si souvent variées,que les recommandations étaient différentes pour chacun de mes enfants!Ce qui explique que j’essayais de rester modeste et tolérante en consultation de PMI: le principal est que le bébé grossisse et que la maman sourit!
J’étais jeune accouchée (et primipare), je fumais trois paquets de cigarettes par jour (oui, oui, j’ai fait ça) sans être parvenue à ralentir ma consommation durant ma grossesse (j’ai parfaitement conscience que j’étais alors intoxiquée au dernier degré).
Né donc à terme un bébé (très beau évidemment !) d’un poids et d’une taille parfaitement standard (en dépit de toutes les clops de sa mère) et en parfaite santé.
Et figurez-vous qu’il s’est trouvé une infirmières et deux puéricultrices pour me convaincre d’allaiter mon marmot… avec ce que je clopais sans même être parvenue à ralentir durant ma grossesse j’ai considéré que leurs conseils étaient pour le moins surprenant… J’ai dorénavant cloper exclusivement sur le balcon et nourris mon bébé au biberon/
C’était en 1996.
Bis repetita en 1998 (avec un bébé d’un poids encore supérieur qui n’avait aucune pathologie de quelque ordre que ce soit pouvant déconseiller un allaitement artificiel)
En 2002, ce n’était pas une infirmière et deux puéricultrices mais deux infirmières et trois ou quatre puéricultrices mais surtout un climat général où la norme est qu’une mère allaite son bébé. Spontanément et sans aucune malice on oubliait que je n’allaitais pas. Parce que tout le monde allaite et que c’est bon pour le bébé… Oui, je confirme… la pression était déjà nettement plus forte.
Je n’ai strictement rien contre l’allaitement et il est d’ailleurs vraisemblable que mon dernier bébé, si je ne fumais pas comme je le faisais j’aurais peut-être essayé de l’allaiter.
Essayer seulement car j’ai vu ma sœur avec de telles crevasses qu’elle en pleurait en allaitant. Ah oui, et puis aussi elle ne pouvait pas poser son enfant sur sa cicatrice infectée tant la douleur était grande. Elle était très désireuse d’élever son enfant au mieux, c’était son premier et j’allais la voir tous les jours à la clinique. Elle pleurait beaucoup. Un jour ma tante, femme de médecin et d’une autre culture, lui a dit que franchement nourrir son enfant dans ces conditions-là était tout sauf nécessaire.
Elle a décidé — malgré les conseils opposés de la puéricultrice— de le nourrir au biberon. Rétrospectivement, il ne ferait pas bon de lui dire sous le nez qu’aucune pression n’est exercée contre le femmes pour qu’elles allaitent…
Ah oui, aussi, s’agissant du papa, qu’il soit fatigué parce qu’il se lève, c’est fort possible ! Mais, et là je parle avec l’appui d’un papa certes disparu mais qui a clamé si souvent son bonheur de donner le biberon que je peux me faire que son porte-parole, entre la fatigue et la satisfaction de nourrir un bébé, je pense qu’il y a un écart dont on peut aisément mesurer la portée.
Le biberon la nuit, seul avec son petit, c’était son moment d’intimité à lui.
c’était là, seul avec son enfant, sans personne pour lui donner des conseils (car il en a bouffé des conseils au prétexte qu’il était un homme donc nécessairement incompétent pour changer une couche, donner un bain…), là qu’il se sentait papa au plus profond de lui, là où il n’y avait que lui et son petit bout.
Il y avait un carnet où l’on notait chaque prise.
Le matin quand je me levais, j’allais toujours voir ses commentaires sous le volume de lait que l’enfant avait bu. Parce que de tous les commentaires, ceux qu’ils écrivaient la nuit étaient les plus tendres.
Décidément non, pour un père, on ne peut pas considérer que donner le biberon soit indifférent…
il y a des fautes partout. Je n’ai pas relu ce que j’ai écrit. Parce que c’est triste.
Tarquine, je pense à toi avec le sourire ému de L’Amoureux à chaque fois qu’il raconte à sa fille qu’il lui a donné son premier biberon (pendant que la mère se vidait de son sang et carbonisait à 40 et des de fièvre. Mais ça aurait été pareil autrement).
A voir leurs expression, nul ne peut douter que c’est un moment très important pour tous les deux.
Essayer seulement car j’ai vu ma sœur avec de telles crevasses qu’elle en pleurait en allaitant.
Souvenirs…
Tiens au fait, dans les inconvénients du biberon, tu cites vous ne pouvez pas garder le gamin pour vous toute seule, tout le monde veut lui donner le biberon
On peut aussi garder ça pour les parents seulement, et si les gens ne comprennent pas, tant pis pour eux.
Aussi étonnant que ça puisse paraitre, d’un strict point de vue médical encore une fois, le lait maternel reste meilleur pour le bébé que le lait artificiel même si la maman fume, à plus forte raison si elle a fumé tout au long de sa grossesse. Le passage au lait artificiel dès la naissance provoquerait en effet un sevrage de nicotine pour l’enfant…
Bien sûr ça ne veut pas dire que les fumeuses doivent se sentir obligées d’allaiter, simplement j’essaie d’expliquer les conseils donnés à Veuve Tarquine et qui lui semblent farfelus. Maintenant, encore une fois, pour moi le problème c’est que ces conseils lui semblent farfelus, encore une fois.
Qui a pris le temps d’expliquer à la jeune maman pourquoi on lui recommandait l’allaitement ? Personne, visiblement.
Pour moi, “Il faut allaiter” n’est pas pro-allaitement, au contraire, et ce n’est pas l’attitude que j’attendrais d’un professionnel de santé.
“Vous avez des crevasses ? Serrez les dents et continuez” c’est particulièrement idiot.
“Vous avez des crevasses ? Nous allons vous montrer comment les soulager et rectifier la position du bébé pour que ça ne se produise plus” ça ne l’est pas. Seulement pour ça, il faut un personnel formé et disponible.
Après, on s’étonne que les femmes vivent mal leur allaitement et n’y voient que contraintes et douleurs, alors que ça n’a pas de raison d’être.
Le paradoxe est que souvent il y a incitation forte à allaiter mais pas ou peu d’accompagnement depuis que les maternités sont tenues de fonctionner au rendement.
Cela dit même si les débuts sont difficiles entre crevasses et engorgements et coupelles quand ça coule trop, les bébés arrivent généralement bien à nous faire piger ce qui leur convient.
J’ignorais qu’il y eût des courbes de croissances différentes dans l’un ou l’autre cas.
Et puis “l’avancée de la science” il faut se méfier : j’en ai vu sur ce sujet ou d’autres de santé des diktats dans un sens, puis dans un tout autre, puis retour au premier. Je crois que le plus typique des effets de balanciers concerne la position pour coucher les bébés. En 40 ans ils ont dû faire un tour complet !
Concernant le personnel de santé et la culpabilisation des femmes qui choisissent le biberon, je voulais ajouter qu’elle trouve son pendant pour les femmes qui allaitent, et de façon encore plus pernicieuse.
“Vous n’avez pas assez de lait/votre lait n’est pas nourrissant”, outre le fait que c’est une absurdité physiologique dans 99% des cas, atteint des summums de culpabilisation : vous affamez votre bébé, et en plus c’est votre propre corps qui est en faute !
Et puis la culpabilisation du biberon, elle dure combien de temps ? Au bout de 3 mois, 6 mois, qui s’étonne de voir un bébé au biberon ?
Vu la différence d’expériences que je constate (par exemple entre Tarquine et Madame Monstre), j’ai l’impression qu’il est difficile d’avancer sur ce débat tant on ne part pas sur les mêmes bases.
J’ai l’impression que tout dépend de la politique de l’hôpital. Ma soeur a accouché dans un hôpital où l’allaitement était très encouragé (après, je ne sais pas si on peut parler de pressions), là où Madame Monstre a connu complètement l’inverse à peu près à la même période.
J’ai lu pas mal de posts et de tweets sur ce sujet depuis la journée France Inter, et j’ai l’impression qu’au fond tout le monde est d’accord, seulement il y a vraiment des expériences très différentes qui font qu’on ne se comprend pas. J’ai vu des gens quasiment s’engueuler puis admettre qu’en fait ils étaient d’accord.
Donc je serais curieuse de lire le bouquin de Badinter, ne serait-ce que pour savoir sur quoi elle base ses assertions : sur une expérience subjective ou sur des études ? Parce que ce débat prouve bien que l’expérience subjective ne suffit pas ici.
Je suis très contente de ton commentaire, Araignée, il m’épargne d’avoir à le rédiger moi-même. En bonne feignasse je t’en suis infiniment reconnaissante ;-)
Samantdi est en train de faire une lecture attentive de l’ouvrage d’Elisabeth Badinter et nous en a promis un compte rendu prochain, ce qui ne doit pas nous exempter de le lire nous-mêmes avant de lui faire dire ce qu’elle n’a pas dit. Entre autres choses qu’elle n’a pas dites, elle ne se prononce pas contre l’allaitement (lire ici par exemple).
Et surtout, la question qu’elle pose n’est pas de savoir si l’allaitement maternel est plus ou moins bénéfique à l’enfant ou à la mère que le biberon mais de l’incidence que la promotion du lait maternel ou des couches lavables ou du salaire maternel opère sur le statut des femmes et leurs libertés et mon titre n’est pas étranger à cette question. Il est toujours aussi difficile aujourd’hui de choisir de ne pas être mère qu’il y a cent ans, la femme sans enfants est toujours considérée incomplète.
Après on peut être d’accord ou pas avec ses réponses à ce sujet, mais dire qu’en les posant elle devient l’ennemie du féminisme, lire sur le net “d’autres féministes comme Edwige Antier ne partagent pas son point de vue”, merdalors tudieu de bordel, on marche sur la tête !
On trouvera, en jeu de ping-pong ou de paille-poutre autant de d’exemple ou contre exemple de pression exercée là ou ici.
En fait, je me demande où commence l’information, où commence la pression…
Les cadeaux publicitaires sont une pression insidieuse et certaines maternités, celles les plus soucieuses de promotion de l’allaitement maternel, les ont bannis.
L’image obsédante du corps féminin zero défaut aussi.
Mais il peut suffire, dans l’état émotionnel des premiers jours (vi! le retour de la biologie!) d’une moue désapprobatrice d’une puéricultrice, ou de la soudaine froideur d’un médecin, pour qu’une femme se sente frappée d’un sceau.
Il peut aussi suffire qu’il traîne en soi une poche de culpabilité pour qu’on saute sur la moindre phrase dit par un professionnel pour évacuer les questions qu’on se pose et, en quelque sorte, externaliser le reproche. ( Tu te rends compte, IL/ELLE a osé me dire que les bébés allaités étaient moins obèses!!! Les salauds…)
Il n’y a guère, en matière de maternité de pression supérieure à celle qu’on se met soi-même, au sein (!) d’un réseau complexe.
Faisons un rêve…
Rêvons de maternités où le personnel aurait du temps, du temps pour exercer cet acte fondamental du prendre soin : écouter, avant de parler…
Araignée : sur le fond effectivement, nous sommes toutes d’accord : non à la pression dans un sens ou dans un autre, oui au choix libre et informé, toutes choses considérées (pas seulement l’aspect “médical”, pas seulement l’aspect “social”).
Ce qui me gêne chez Badinter c’est l’amalgame de concepts qui n’ont rien à voir (non, l’allaitement n’est pas un effet de mode ou une “lubie des bios”…), le tout sur un ton insultant (cf l’interview dans Libération où les femmes se font gentiment traiter de chimpanzé…) et balançant des idées reçues par kilos.
Plus généralement, je ne suis pas une “maman nature”, je n’ai pas de couches lavables, mes enfants mangent parfois des petits pots (enfin ma fille en mangeait et mon fils en mangera…), mais des filles dans ce trip là j’en connais une palanquée. Et c’est justement dans ces familles-là que je constate la plus grande participation du père, non seulement dans l’éducation des enfants mais tout simplement dans le partage des tâches ménagères. Ce n’est pas une étude objective, mais c’est tout de même dans ce mouvement que s’est répandu le terme de “parentalité” pour remplacer et décloisonner celui de “maternité”.
Koz, je reviens sur ton commentaire que je n’ai pas eu le temps de lire avant de poster celui-ci.
Je vais itou m’empresser d’aller acheter le bouquin de la dame, parce que c’est certainement intéressant à lire.
Mais je voudrais reprendre mon exemple des pays scandinaves, pour dire que la question n’est pas “en quoi l’allaitement et le couches lavables influent sur le statut des femmes” mais tout simplement “Pourquoi l’allaitement aurait un effet négatif sur le statut des femmes en France et pas en Norvège?”.
Allons-nous enfin militer pour un progrès social qui serait d’affirmer : ” Oui, faire des enfants et s’en préoccuper, ça prend collectivement et individuellement du temps et des sous et c’est plus facile, plus rentable, plus harmonieux quand c’est l’ensemble de la société qui s’y met. Et en tous cas c’est plus rentable que d’assurer un double salaire exorbitant à des requins.”
Yep… et ça a sans doute à voir avec pourquoi les femmes et les hommes des pays scandinaves peuvent prendre des congés parentaux sans en payer le prix fort sur le plan professionnel et pourquoi les femmes occupent 40% des postes à responsabilité là-bas.
Un dernier commentaire sur ma vision des avantages/inconvénients comparés, après je retourne jeter mes couches…
Pour moi l’allaitement a été (et est toujours) une libération :
Enfin, pour tordre le cou à quelques idées reçues présentes dans ta liste :
(et encore une fois je suis 100% d’accord avec Anita, à tel point que ça en devient flippant. Si je n’avais pas été en train de rédiger mon commentaire quand elle a posté le sien, j’aurais pu croire que je l’avais fait moi-même…)
@KOZ: c’est peut-être bien là, le téton du problème…
@Madamemonstre : marions nous!
@anita : bonne idée, nous pourrons nous relayer pour allaiter nos enfants
“d’un strict point de vue médical encore une fois, le lait maternel reste meilleur pour le bébé que le lait artificiel même si la maman fume, à plus forte raison si elle a fumé tout au long de sa grossesse (…) simplement j’essaie d’expliquer les conseils donnés à Veuve Tarquine et qui lui semblent farfelus. Maintenant, encore une fois, pour moi le problème c’est que ces conseils lui semblent farfelus, encore une fois.”
Ce n’est pas la peine de vous donner tant de mal pour m’expliquer que l’allaitement c’est décidément un choix si important pour le bébé : en 1996, ce n’était pas du tout mais alors pas du tout les préconisations du corps médical… (et je peux vous assurer que j’étais parfaitement informée).
Preuve s’il en est qu’à force de vouloir faire du prosélytisme (sans peut-être sans rien compte) on parvient à énoncer des contre-vérités…
Cela me rappelle une anecdote qui n’a rien à voir mais qui en dit long sur ces préconisations universelles :
En 1996, l’infirmière Upsilon m’apprend à faire les soins du cordon. Elle utilise pour ce faire un produit à base d’alcool) à 70 %. Moi, chieuse à mon habitude, je regarde la composition du produit et (parce que cela me semblait logique) je lui demande benoîtement lui demande si l’usage de ce produit ne risque pas de faire passer de l’alcool dans le sang de ma merveille ?
Elle m’affirme que non, bien entendu. La pédiatre me prescrit le même produit lors de ma sortie de maternité ainsi qu’une autre pédiatre un peu après (mais pour d’autres soins que le cordon).
En 2002, dans la même maternité, pour mon troisième enfant, la MÊME infirmière upsilon me tiens le même enseignement mais cette fois en utilisant un désinfectant acqueux… Je le remarque de suite et je lui demande si je ne peux pas plutôt utiliser de la Bis… (soit le flacon qu’elle me tendait en 1996).
“ Mais enfin Madame vous n’y pensez pas ! Cela va passer dans le sang du bébé ” etc. etc. Quand un rien amusée, je lui ai affirmé que 6 ans plus tôt elle m’avait assuré du contraire… elle m’a soutenu que c’était faux et que ma mémoire était défaillante…
Non décidément je n’aime pas les ayatollah qui, pour le bien de votre bébé (oui parce que comme c’est pour le bien de votre bébé, cela leur donne une légitimité tellement plus forte…) qui, pour le bien de votre bébé vous dicte la très très bonne parole…
“Ce n’est pas la peine de vous donner tant de mal pour m’expliquer que l’allaitement c’est décidément un choix si important pour le bébé”
Justement, ce n’est pas ça que je voulais expliquer, je me suis donc mal exprimée.
Ce que je voulais dire, c’est que si à l’époque/maintenant ces conseils vous ont semblé surprenants, c’est qu’il n’ont pas été justifiés par les puéricultrices qui vous les ont prodigués. Et c’est ça que je trouve dommageable, pas que vos marmots aient été élevés au biberon - je m’en moque, bien franchement, des enfants des autres et de leur alimentation, plus encore quand celle-ci date de 14 ans.
Oui les recommandations du corps médical évoluent, oui on nous dit tout et son contraire à 5 ans d’intervalle, mais ce que je trouve insupportable c’est qu’on nous assène ces vérités changeantes sans les expliquer aux patients (ou en l’occurrence aux parturientes).
Vous avez préféré le biberon, très bien. Ce choix est le bon, puisque c’est le vôtre, je ne le remets pas en question.
Mais vous êtes restée avec l’idée que ces puéricultrices vous ont donné des conseils “surprenants” (ce sont vos mots). Et ça c’est dommage.
“Ce que je voulais dire, c’est que si à l’époque/maintenant ces conseils vous ont semblé surprenants, c’est qu’il n’ont pas été justifiés par les puéricultrices qui vous les ont prodigués.”
Je croyais quant à moi avoir été claire, je me suis donc mal expliquée :
En 1996, au regard de ce que l’on savait (ou croyait savoir sur l’allaitement) il n’était pas médicalement justifié de conseiller à une mère qui fumait 60 cigarettes par jour d’allaiter…
Et s’il n’était pas totalement suffisant de l’affirmer je pourrais poursuivre en indiquant que mes interlocutrices de l’époque (de celles qui me prodiguaient moult conseils et me tendait un flacon d’alcool) avaient des connaissances médicales bien en deçà des miennes sur certains sujets (à fréquenter assidument les expertises judiciaires et de travailler sur les préjudices corporels on acquiert de bonnes connaissances en la matière).
Quand je leur demandais alors si elles étaient tout à fait certaines de conseiller ce mode d’allaitement à une grande fumeuse que j’étais alors, elles étaient très hésitantes et bien en peine de me donner un argument.
Moi j’écoutais… je savais que je n’allais pas allaiter (davantage en raison de l’absence de congés maternité que pour la cigarette d’ailleurs) mais j’étais attentive.
Votre attitude est très révélatrice. Pourquoi vouloir les défendre et ne pas accepter qu’elles ont pu se tromper ?
Pourquoi venir me soutenir aujourd’hui (ce qui n’a à mon sens aucun intérêt vu l’âge de ma marmaille et la possibilité pour tout un chacun et notamment chaque lectrice et future mère de faire ses propres choix en fonction de ses propres critères et en cherchant des informations auprès de personne plus autorisée que vous qui n’êtes qu’une pseudo derrière une adresse twitter…)
Ne vous en déplaise vous êtes ni plus ni moins en train de brandir un étendard… Je n’aime décidément pas les ayatollah quand bien même ils m’assènent qu“‘ils respectent mon choix…”
il manque un bout de phrase à mon commentaire au dessus
Pourquoi venir me soutenir aujourd’hui (ce qui n’a à mon sens aucun intérêt vu l’âge de ma marmaille et la possibilité pour tout un chacun et notamment chaque lectrice et future mère de faire ses propres choix en fonction de ses propres critères et en cherchant des informations auprès de personne plus autorisée que vous qui n’êtes qu’une pseudo derrière une adresse twitter…) que l’allaitement était vraiment, mais vraiment très bon, pour la santé de mon enfant.
anita, je viens de lire, sous la plume d’une chercheuse suédoise, un tableau un peu moins idyllique que celui que nous pensions…
madamemonstre, je suis désolée de dé-tordre le cou mais :
1/ toutes les femmes ne peuvent stocker suffisamment de lait avec la tireuse (c’était mon cas, rendement trop petit). J’ai bien adoré ma période “coincée à la maison mais je m’en fous je profite de ma merveille” mais j’étais contente aussi de reprendre le travail, en l’occurrence mes études ;
2/ pour ce qui nous concerne l’allaitement (ou le biberon d’ailleurs) à la demande de mon aîné c’était neuf fois par jour mini, fais le calcul du “temps libre” (sans parler que sur les neuf il y en avait deux ou trois la nuit jusqu’à bien au-delà de six semaines, plutôt six mois…).
C’est parfait pour toi si tout se passe à merveille, mais le scénario que tu décris/vis est le scénario optimum.
Je n’ai pas besoin d’être convaincue que l’allaitement présente des tas de bénéfices, j’admets même volontiers qu’ils sont sans doute supérieurs à ceux du biberon (dont d’ailleurs l’un des plus jouissifs à mes yeux était de ne pas alimenter les caisses de Nestlé et Guigoz) et ce n’est absolument pas le sujet de cette discussion ni celui qu’aborde Badinter…
Elle pose un débat d’idées sur les effets conjugués de la crise et de la promotion de toutes ces choses qui incitent les femmes à rester à la maison (que j’ai citées plus haut mais elle en évoque d’autres dans son bouquin). Lui répondre sur le seul terrain de moi-ma-vie-mon-œuvre en forme d’autodéfense c’est court.
Sinon, féministe au foyer oui c’est possible, ça s’appelle vivre avec ses contradictions. Moi-même qui suis contre la société de consommation, je me suis en moins d’un an acheté un ipod inutile, un appareil photo alors qu’on m’en laissait un à dispo et il m’arrive trop souvent de dépasser futilement mon budget fringues théorique. Humaines quoi.
Au fait Tarquine, welcoooooooome ! (je manque à tous mes devoirs, tu vas bien toi ?)
Kozlika, j’ai bien précisé que les avantages que j’ai cités étaient *ma* version de l’allaitement. Je suis bien consciente que ça ne se passe pas aussi bien pour tout le monde - j’ai eu deux enfants peu demandeurs et qui têtaient bien. Je ne suis cependant pas plus une exception que tu n’en es une : malheureusement, au moment où on fait le choix, on ne peut pas savoir sur quel type de bébé on va tomber. Tu as partagé ton ressenti, j’ai partagé le mien, aucun rapport avec le débat Badinter.
(et je ne vois pas où j’ai parlé de tire-lait ?)
Pour moi être féministe au foyer n’est justement pas une contradiction, puisque c’est un choix que j’ai fait. Indépendamment de l’allaitement. Et pour reprendre le débat lancé initialement par Badinter, j’ai fait ce choix *malgré* la crise, plutôt qu’ *à cause* de la crise - ben oui, j’avais un boulot, j’ai démissionné, maintenant je vais m’amuser pour en trouver un autre le jour (prochain) où je vais chercher.
Et depuis 2 ans 1/2 on ne cesse de me demander quand je vais retourner travailler, comme si c’était non pas un droit mais un devoir.
Là encore ce n’est que mon ressenti, mais si tu as un lien d’étude citée par Badinter (ou pas d’ailleurs) qui démontre que je suis hors-cadre, ça m’intéresse (réellement, pas ironiquement.)
Veuve Tarquine : je m’exprime décidément bien mal. Je ne les défendais pas, au contraire je les attaquais. Et plus encore si vous me dites qu’elles n’ont pas argumenté parce qu’elles en étaient incapables et non par manque de temps.
@kozlika : merci du lien-je viens de la parcourir, je le lirai plus avant. Je n’ai pas dit qu’il existe un pays qui soit à un niveau idéal. (D’ailleurs, je crois que je citais la Norvège ;-)). Je disais juste qu’il s’agit de l’une des meilleures en l’état et que je le prenais comme contre exemple des pays cités par E. Badinter. En Allemagne, la situation des femmes qui sont à peine 20% à travailler après le deuxième enfant, avec effectivement une forte pression sociale, dépend aussi du mode de scolarisation qui laisse les après-midi sous la responsabilités des parents, donc des mères.
La place des femmes me semble bien plus lié à la question de la protection sociale, des structures de co-éducations et donc de la façon dont une société choisit d’investir ses bénéfices qu’affaire de nénés.
Une étude sur quoi madamemonstre ? Sur le fait qu’il y a une crise ? Que les salaires féminins sont inférieurs aux salaires masculins ? Qu’elles sont plus nombreuses à travailler à temps partiel ? Qu’à compétences et études égales on leur propose des emplois moins intéressants et moins bien payés ? Que de ce fait elles décident plus fréquemment qu’à quoi bon aller bosser je serai mieux à la maison ?
Quoi qu’il en soit, sur tous ces sujets, j’ai trouvé une étude très complète réalisée par l’Union européenne. Je suis tombée aussi il y a quelques mois (mais je ne retrouve plus la page) sur une étude sur 5000 adolescentes et leurs projets d’avenir. Une très forte proportion souhaitait trouver un mari qui gagnerait suffisamment pour qu’elles puissent rester à la maison élever leurs enfants. C’était comparé à une étude sur le même thème de la fin des années 80 si mes souvenirs sont bons et le pourcentage n’était pas du tout le même.
A moins que je n’ai rien compris à ce que tu dis plus haut – tu n’es pas à proprement parler une femme au foyer, tu es (ou en tout cas te considères comme) en congé parental/sabbatique puisque tu prévois d’avoir à rechercher un emploi bientôt. Si les gens te demandent quand tu vas retourner bosser, c’est peut être que tu avais un boulot intéressant ou de vraies perspectives avant ton arrêt, que tu avais fait des études, que sais-je, et que ce choix étonne ton entourage ? Quand une femme dit “j’ai décidé d’arrêter de bosser et de devenir femme au foyer” on lui demande éventuellement d’où lui vient cette idée saugrenue mais on ne lui pose pas cette question, je pense tout bêtement que les gens comprennent que c’est ponctuel et s’interrogent sur la durée de ce congé.
(Et si c’est ton gars qui pose la question, c’est peut-être qu’il est pressé que ce soit son tour !)
Je n’ai pas encore eu le temps de lire l’étude que tu donnes en lien, mais j’entends ce que tu dis sur la crise et les conséquences sur le travail des femmes. A froid, j’aurais tendance à penser que ces conséquences varient suivant le milieu social et les revenus (je connais des femmes qui au contraire ont (re)trouvé un travail - déclaré ou non - parce qu’avec la crise, le revenu de leur homme était devenu précaire ou insuffisant), je verrai à la lecture si mon impression est confirmée ou pas.
Néanmoins, là où j’aimerais des données, c’est plutôt sur le postulat émis par Badinter sur le modèle de la “mère parfaite” avec le pack tout-écolo couches-lavables-légumes-du-potager-allaitement. Que le pourcentage des filles qui veulent rester à la maison ait augmenté, c’est une chose, ce qui me semble intéressant c’est la raison. Dans les interviews que j’ai lues de Badinter, je ne lis que son opinion tranchée sur la question, son ressenti, mais aucun élément ne venant l’étayer concrètement. J’avoue que sa manière de s’exprimer m’agace et que je n’ai donc pas lu toutes ses interviews, j’ai peut-être loupé celle dans laquelle elle citait des sources objectives, ou peut-être faut-il lire son livre (je ne l’accuse pas de ne pas le faire, et si elle l’a fait ça m’intéresse vraiment)
En ce qui concerne le second point, ton analyse est exacte : j’ai fait des études, j’avais un boulot intéressant et payé correctement (j’entends par là que j’étais à un niveau de salaire identique à celui de mon homologue masculin). Je ne vois cependant pas en quoi cela m’empêche d’avoir envie de faire une pause plus ou moins longue pour élever mes enfants (ce que je considère également comme un boulot intéressant, bien que non payé). La manière dont la question m’est posée et répétée avec insistance n’est pas juste de l’étonnement ou de la curiosité, mais bien de l’inquiétude et du jugement (en caricaturant : “hein, quoi, elle a un bac+5, pourquoi va-t-elle s’emmerder à rester chez elle avec ses marmots à changer des couches toutes la journée ?” - ce qui n’est pas ce que je fais, soit dit en passant).
Si un homme pose un congé parental pour s’occuper de ses enfants, on le trouve admirable. Si une femme le fait, c’est limite si on ne la traite pas de feignante anti-féministe. (Quand je dis “on” je ne parle pas de toi ni de Badinter, mais c’est une réaction que j’ai eue, souvent).
Je ne me reconnais pas dans le modèle de la “mère parfaite” , je ne me reconnais pas non plus dans le modèle de la femme au foyer qui fait rutiler la maison et s’occupe des enfants pour que Monsieur n’ait qu’à mettre ses pieds sous la table quand il rentre le soir, mais je n’ai pas envie non plus qu’on m’impose le modèle de la femme active qui jongle avec la crèche et son boulot. En tout cas, pas à cette période de ma vie (ça peut changer). En fait, j’ai envie qu’on me laisse le choix - et là dessus je crois que tout le monde est d’accord.
D’un côté, je suis contente qu’un allaitement puisse se passer aussi bien que le tien, Madame Monstre, d’un autre je suis aussi atrocement jalouse, je dois le reconnaître. En ayant parlé autour de moi, à des mères qui ont fini par réussir à allaiter exclusivement le temps qui leur convenait et à d’autres qui sont passées en allaitement mixte ou artificiel plus tôt que prévu, j’ai l’impression que les débuts au moins sont souvent très difficiles, mais qu’on en parle pas.
Un des grands handicaps pour le choix éclairé de l’allaitement maternel ou du biberon, c’est précisément le manque voire l’absence de formation du personnel soignant, à tous les étages. Des exemples de conseils saugrenus voire carrément nuisibles, il y en a plein.
Personnellement, je considère que faire pression sur une femme qui ne souhaite pas allaiter est une faute professionnelle et une marque de grave ignorance. Parmi les contre-indications absolues à l’allaitement maternel, il y a le non désir de la mère. Un personnel correctement formé ne fait pas ça.
Ce qui rend la discussion difficile, c’est que le simple fait de parler des avantages de l’allaitement est déjà vécu comme une pression. Parfois, c’est est effectivement une. Pas toujours, pourtant.
Ce texte sur mon blog, avait déjà suscité quelques discussions.
Ce qui rend la chose difficile aussi, je crois que ça a été patent dans les réactions à Badinter, dans un sens ou dans l’autre, c’est que c’est un sujet où la part affective, presque “identitaire” rend tout débat fort difficile, chacun - et surtout chacune - se positionnant par rapport à son vécu et vivant comme une mise en cause personnelle le point de vue de l’autre. C’est ce que j’ai appelé un peu plus haut l’autodéfense.
J’ai eu l’occasion de le dire dans les commentaires d’un autre blog : je n’aurais pas parlé de ce sujet avant d’avoir lu ce bouquin si je n’avais été effarée par la violence des invectives à l’égard de Badinter, qui ne peut se comprendre que par la violence probablement ressentie par ses détractrices à leur égard par les propos de Badinter. “Antiféministe”, “troll”, “arriérée”, “pièce de musée”, “aigrie”, etc.
Depuis hier on commence à voir des billets de gens qui ont lu le livre (Samantdi, Ségolène) ; les propos sont bien plus nuancés quand ils reposent sur les thèses réellement défendues par Badinter et non sur leur caricature.
Le féminisme continue d’être traversé par deux courants fortement marqués, grosso modo celui de Beauvoir et Badinter vs. Antoinette Fouque, ce dernier étant nettement dominant depuis quelques années, notamment parce qu’il y a des convergences avec le naturalisme - l’une des tendances de l’écologie. Je me sens plus proche du « courant » Beauvoir quant à moi, mais je suis issue d’une lignée de femmes qui ont contrecarré l’ordre naturel des choses, y compris dans leur maternité, ça joue peut-être.
Ce qui est certain à mes yeux, c’est qu’un des mérites de discours tels que celui de Badinter est de bousculer l’air du temps et par là-même de se poser des questions. Quitte à lui donner tort.
@ Anna:
Précisément, il faut parler des débuts difficiles. Ma fille, qui souhaitait ardemment allaiter, s’est retrouvée face à une difficulté qu’elle était loin de prévoir: une douleur extrême quand sa minette prenait le sein, et qui a duré plusieurs jours. Elle était chaque fois au bord des larmes et finissait par souffrir à l’avance. Si je n’avais pas été là pour lui dire d’une part que c’était probablement temporaire, d’autre part que si c’était si dur ce ne serait pas catastrophique d’arrêter, je crois que personne d’autre, à la maternité, ne le lui aurait dit. Paradoxalement, le fait d’envisager l’arrêt l’a aidée à tenir. Elle allaite aujourd’hui depuis 16 mois, avec beaucoup de bonheur, comme c’était son intention.
Merci pour ce billet. J’ai écouté l’interview de Badinter ce matin-là sur France Inter, et, peut-être en réaction à une certaine maladresse de sa part, peut-être parce qu’un discours déstabilisant est désagréable à entendre, les auditrices qui prenaient la parole se sentaient manifestement agressées par le discours de l’invitée. Il me semblait, pourtant, qu’elle ne faisait que dire ce que vous écrivez, prêchant la liberté de choix - Badinter notant néanmoins une certaine régression dans le discours dominant sur la maternité.
Bienvenue Anne-Lise. Oui je crois qu’il y a un grand sentiment d’agression, à la hauteur de leur investissement.
coucou ! très content de ton post. Aucune expérience du sujet, mais je connais dans mon entourage de jeunes parents qui ont essayé d’allaiter le petit sans succès et au bout de qq jours sont passés au biberon qui lui a fonctionné. Comme c’est leur premier, ils sont pas mal inquiets, et ceci ne faisait que rajouter à leur inquiétude. Etaient-ils de mauvais parents ? On a essayé de les rassurer comme on pouvait en leur disant que ce choix devait être personnel et correspondant à leur contexte… Depuis ils ont trouvé d’autres sources d’inquiétudes ;) mais si au moins on pouvait éviter de stresser inutilement les jeunes parents, ce serait pas mal !
anonyme ce que tu me dis me fait penser qu’il m’arrive de me dire que plutôt qu’on dise aux jeunes parents : ce que tu feras sera bien (ce qu’ils ne croient jamais parce qu’ils doutent) on devrait peut-être leur dire : “Tu penses peut-être que tu fais mal et peut-être même que tu as raison.” Et on ajouterait : “Tu auras beau t’efforcer à faire le mieux possible, tu es humain(e) donc tu feras des conneries, comme tout le monde. Et si ce truc pas-bien n’était pas le plus important ?”
Au fait, je recommande la réjouissante lecture du blog des Mauvaises mères, excellent remède à la culpabilisation ;-)
J’aime vraiment la richesse de ces échanges, de ce débat. Et cela me donne clairement l’envie de lire le livre de Badinter (dont les propos relayés par la presse m’ont choquée) plus avant. Je me rends compte que j’en aurai un apport plus intéressant que ce que je pensais au départ.
Juste une remarque concernant mon expérience personnelle (forcément, comme dit précédemment, c’est justement là ou le bât blesse: nous partons toutes de cette expérience-là et c’est sur base de cette expérience-là que nous réagissons aux propos sur l’allaitement):
l’allaitement maternel (j’ai allaité 20 mois) m’a ancrée dans la maternité. On pense peu souvent à cet argument, il étonne clairement d’ailleurs. Et pourtant il existe. Je ne voulais pas d’enfant (et rien que cette phrase, comme déjà discuté plus haut dans ces commentaires fait de moi “une mauvaise femme” mais, ouf, je suis “sauvée”, j’en ai eu un et je l’aime, allélouïa !), j’ai fait un enfant pour mon homme et… je l’ai allaité. Un peu par défi, surtout par “paresse” (l’idée des biberons et de l’organisation que cela nécessite m’effarait, là, c’était carrément “devenir mère” avec tous les clichés de la nana qui gère comme une chef ! Je ne me sentais pas à la hauteur). Et cela m’a sauvée. Je n’ai pas eu ce “déclic”, ce “flash” d’amour maternel à la naissance de mon enfant. Il était là, c’était très bien, il était né, je ne savais pas quoi en faire, et j’avais surtout envie qu’on me fiche la paix (et de retrouver ma vie d’avant). Je l’ai pris au sein. Et je me suis rendue compte qu’il était là et bien là et que, non, ma vie d’avant n’allait pas reprendre (du moins, pas comme telle). Oui, j’ai eu mal, oui, j’ai pas trouvé cela sexy. Mais les choses se sont installées petit à petit. Et mal, en tant que comédienne, j’avais déjà eu (des heures d’excercices physiques pour arriver au résultat voulu, je connais), ça ne me déroutait pas, ça.
Et mon bébé m’a apprivoisée comme cela. A la longue. Puis j’ai repris les sorties, j’ai cette chance (et je m’en rends très bien compte) d’avoir pu tirer mon lait et faire une banque de lait pour toutes les autres personnes qui nourrissaient mon fils. Une autre chance: mon fils à toujours refusé le biberon. C’est ma belle-mère qui m’a sauvé en me disant qu’elle n’avait jamais allaité mais que son fils (mon homme) n’avait jamais voulu du bib non plus. Elle lui a donné son lait à la tasse et basta ! On a fait pareil.
J’ai subi les pressions aussi, of course (“purée, tu comptes encore l’allaiter à 18 ans ?”, “il va avoir un problème, tu vas en faire un PD”, j’ai adoré cette remarque d’ailleurs, très classe), je me cachais, je niais que j’allaitais encore. Mon fils s’est sevré seul, à 20 mois. Et moi, j’étais maman.
Mes horaires de boulot n’étaient pas évident (bien moins évidents que ceux d’une employée de bureau), mais j’ai repris le chemin de la scène et d’autres activités (car j’étais prof aussi) bien avant la fin de ces 20 mois (heureusement, hein !). On peut être femme active en allaitant.
Voilà ma modeste contribution au débat.
Mais je reste admirative de ces mamans qui donnent le biberon. Je suis issue d’une lignée de femmes qui n’ont pas allaité ou peu (ma grand-mère, 9 enfants, n’a pas allaité). Elles m’ont montré qu’être une “vraie femme”, c’était être organisée, avec plein d’enfants, un diplôme, un boulot, une gestion incroyable. J’ai pas pu. J’aimais le “j’allaite quand il veut et ou je veux”, le “je pars avec mon bébé en bandoulière et on achètera des couches en route”. Ce côté “encore un peu ado” m’a fort convenu.
Et je reste très étonnée qu’on mette sur le dos de l’allaitement le “manque de liberté” car, personnellement, je ne l’ai jamais ressenti comme tel… Mais là encore, ce n’est que mon ressenti, bien sûr…
Cela m’a fait comprendre que, oui, j’étais mère. Que oui, j’étais importante pour mon bébé. Que oui, il était là et bien là. Le biberon, je le sais, je l’aurais laissé au père (comme je lui ai laissé tous les changes, tous les bains et tous les bercements pendant plus d’un mois, oui, taxez-moi de mauvaise mère, mais je ne savais que faire de ce petit être, à part l’allaiter).
Je n’ai jamais surveillé ce que je mangeais, je buvais un verre de vin avec les copains le soir et donnais la tétée la matin sans soucis, en fait, je me rends compte, à vous lire, qu’il y a plein de questions que je ne me suis pas posées… Et si, le vrai débat, c’était tout ce discours hygiéniste du “bon à faire”/”pas bon à faire” qui, au final, coince les femmes, les culpabilise, leur enlève tout vrai choix ?
Et qui, d’ailleurs, continue encore par après, dans l’éducation, l’évolution des enfants. Ha, parfois, être mère, c’est déjà, en soi, être fautive de tout, à la base !!!