Quand une femme (ou un homme) dit non, c’est non. Avant ou pendant. Et si il/elle dit “pas sans capote” et que l’autre passe outre, ça n’est pas justifiable, fût-ce une gardienne de prison de Guantanamo séduite par Gandhi ou une Suédoise atrabilaire qu’on dit liée à la CIA accueillant chez elle et dans son lit le SuperHéros de Wikileaks. Il est à cet égard regrettable que pour défendre Julian Assange certains balayent les accusations portées contre lui sous l’angle du “spa bien grave” ou carrément se gaussent en ne voyant vraiment pas où est le mal. Quant à l’autre Suédoise plaignante, commence à courir l’argument du “elle lui a sauté au cou, qu’elle ne vienne pas se plaindre ensuite”.

C’est l’approche choisie par ses avocats ; ils font j’imagine leur job en se plaçant sous l’angle de ce qui est plaidable en fonction de la loi suédoise, car la Suède opère (pour le moment en tout cas, au grand dam de la procureure qui le poursuit, si j’ai bien compris) un subtil distinguo entre la contrainte (crime) et la surprise (délit)[1] [2]. C’est leur boulot, ça n’est pas le nôtre.

C’est l’ennui de vouloir absolument que les causes justes soient défendues par des super héros qui ne font jamais rien de mal : on est prêt à tout justifier pourvu que leur belle image ne soit pas écornée.

Pourtant le vrai problème de cette interpellation n’est certainement pas de savoir si les accusations portées contre lui sont graves ou insignifiantes. Elles sont graves, nous ne devons pas transiger sur ce point.

Ce qui importe seul dans cette affaire c’est la troublante opportunité de ces accusations au moment où les dirigeants de nos Etats veulent faire taire Wikileaks à tout prix, ce sont les moyens considérables mis en oeuvre pour arrêter un homme sur ce chef d’accusation quand tant d’autres criminels ne font pas l’objet de la même opiniâtreté, c’est de savoir que la Suède et les Etats-Unis discutent déjà d’une extradition, cette fois-ci au titre de l’Espionage Act. Et c’est bien suffisant pour nous alerter, nous en indigner, nous en inquiéter, bref, faire du bruit, sans avoir pour cela à justifier l’injustifiable.

Notes

[1] Ce qui n’est pas le cas en droit français.

[2] Notons au passage que si ces femmes admettent ne pas avoir subi de violence, Assange lui, par la voix de ses avocats et l’argument de la “surprise”, admet qu’elles n’étaient pas franchement d’accord pour que ça se passe comme ça, hum ?