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Par Kozlika le vendredi 8 avril 2011, 00:11 - Lien permanent
Avertissement : il est fort probable que ce billet n’intéresse pas grand monde parmi mes lecteurs et c’est tout l’intérêt d’un blog, j’y fais ce que je veux. Un p’tit café ?
En ce moment je suis une formation longue d’expert accessibilité des sites web chez Temesis. Il y a des choses qu’on apprend, des choses qu’on discute et des choses qui s’inscrivent en arrière-plan dans mon esprit, que je n’ai pas encore laissé décanter, pas encore trié. C’est ce qui explique l’aspect foutraque de la présente note, sur laquelle je veux pouvoir revenir.
Audits. Eclaircir le terme. Audit et évaluation peuvent être très différents. « Audit », tel qu’employé systématiquement, trop fourre-tout ; va de l’évaluation bien/pabien avec des pourcentages de ceci-cela (cas de la conformité formelle à un référentiel par exemple ou l’obtention d’un label) à la pose de la première pierre d’un socle de travail (évangélisation, correction, montée en compétences internes, ou que sais-je encore).
Personnel. Je commence à percevoir mon « profil » : si cela m’a plutôt amusée au début, je n’aime finalement pas tellement dérouler les tests, m’interroger sur le verdict que je vais poser sur tel ou tel critère. Je veux accompagner, expliquer, convaincre, organiser. Croisements avec mes autres investissements personnels : mes premières contributions à Dotclear c’était pour expliquer, aider les autres à passer le gué là où j’avais moi-même achopé.
Pour qui, pour quoi ? Se poser la question du commanditaire et les objectifs pour déterminer la forme de l’audit (échantillonnage exhaustif, survol d’un grand nombre de pages, pages cruciales ?). Me semble (pour l’instant en tout cas) plus important que savoir si c’est pour un site ou cent (site vs. parc). Si le client n’est pas le faiseur, veut-il évaluer le travail accompli par l’autre (un prestataire ou encore un autre service interne) ou veut-il être en mesure de passer commande de correctifs (ou contrôler les propositions de correctifs) sans se reposer sur la simple consigne « vous devrez être conformes gnagnagna » ?
Personnel . Je dois monter mon niveau technique, au moins assez pour comprendre les technos employées, même si je ne suis pas capable de les mettre en place finement. Trop souvent larguée dès qu’on sort de html/css, déstabilisée, symptome de l’imposteur, du mal à remonter la pente et me remettre dans le bain de la formation.
Pertinence. Il me semble difficile de pouvoir espérer des sites accessibles tant qu’on parlera d’accessibilité comme si c’était un sujet détaché, le truc en plus de M. Finger Bahlsen. Expérience Dotclear encore : du code propre, des bonnes pratiques, le souci de l’utilisateur final et l’ergonomie, on est déjà presque dans les clous. Dès qu’on dit « accessibilité » on crée un sujet nouveau, à contrôler séparément, on lui donne de fait un statut d’a-normalité (voire de surqualité ?). Entendu le responsable d’une boîte nous dire qu’une demande de site accessible créerait une facturation plus élevée ; pas normal, y réfléchir encore.
Faire entrer l’accessibilité dans les processus normaux, la compétence courante, la banalité. Automatismes : une balise image c’est pas <img /> c’est <img alt=”blabla-ou-vide” />. Considérer que la page doit être navigable au clavier comme à la souris, sans évoquer la notion de handicap, mais tout bêtement parce qu’on ne sait pas plus comment le visiteur va se balader dans notre site qu’on ne sait quel navigateur il utilise (et le reste à l’avenant). N’avoir à prévoir la surcouche d’expertise que pour des mises en place de trucs délicats.
Audit. J’y reviens. Ni le même échantillon ni la même méthode ni le même rapport si ça doit servir en interne à une équipe qui veut monter son site en accessibilité, ou à ceux qui doivent s’y résoudre par pression légale ou hiérarchique, ou à ceux qui sont des sous-traitants qui ne feront pas plus que ce qu’on leur commande. Les premiers iront chercher dans les autres pages une erreur signalée à un endroit, un survol de plusieurs pages est suffisant ; les deuxièmes ne veulent que ne pas se faire engueuler : échantillonner xx pages à fond, ils font les correctifs, on vérifie de nouveau, ils sont contents ; pour les troisièmes probablement le plus gros échantillon pour être sûr de ne pas laisser d’angle mort.
Pour tous, ne jamais faire l’impasse des critères qui se discutent et expliquer en quoi ils auraient pu subir le verdict inverse et pourquoi on a tranché comme ça. Le faire au moment où on vous oppose(ra) que quelqu’un a dit le contraire, ça ressemblera à de la justification -> position de faiblesse, perte de crédibilité.
Commentaires
Audit c’est d’abord écoute complète et dialogue avant toute analyse.
J’aime beaucoup ce billet-réflexion-partage, on y apprend des choses fort intéressantes.
Il y aura toujours un angle mort sinon où se réfugieraient les esprits de même tonneau ?
Si c’est intéressant. Ce qui me laisse juste un peu perplexe avec le temps, c’est l’énorme différence de questions et de possibilités qui existent aujourd’hui pour techniquement construire un outil web pour un client et ce que souhaite ce même client.
En définitive, que cela soit une p’tite asso qui a besoin d’un site ou même un gros client avec des budgets énormes, ils sont tellement loin de tout ça…. du moment qu’ils retrouvent leur logo et que les couleurs sont sympas, que les mises à jour sont faciles et surtout que cela ne va pas prendre trop de temps, c’est parfait.
Du coup, il y a vraiment peu d’agences qui travaillent bien, proprement, qui osent poser les bonnes questions. C’est tellement plus simple de prendre un cms, d’allez faire un tour sur template monster histoire d’avoir une idée et hop en quelques jours tout cela est en place.
Ces questions que tu te poses, ces réflexions, je les retrouve souvent dans mon métier (y compris des haussements de sourcils devant des mots tellement utilisés, souvent mal, qu’ils sont vides de sens).
Le truc en plus de M. Finger ? C’était pas plutôt M. Plus, de Bahlsen ?
Oups oui tu as raison Martin, je corrige ! (aux autres, je suis en pause courte, je ne peux pas répondre/participer maintenant mais je reviens ce soir).
Odyssée, tu as raison bien sûr, hors cette forme en prise de notes en vrac, j’aurais été moins catégorique – et j’aurais nuancé aussi : je suis loin de penser qu’un presta ou un sous-traitant cherche forcément à en faire le moins possible en facturant le plus possible !
Je ne crois pas, Marc, que le souci soit vraiment du côté de la décision de prendre un CMS, au contraire, si une agence préconise à peu près toujours le même outil elle peut réserver une part de son temps à son amélioration, qui est du coup capitalisée pour les clients suivants et ceux dont elle assure la maintenance de site. J’ai encore du mal à le formuler mais je crois qu’il y a eu un moment où l’accessibilité est devenue un sujet à part, alors que curieusement la culture des standards W3C se répandait. Un train a sûrement été raté là, et ça me turlupine de comprendre pourquoi car ça n’est pas logique.
Avant de connaitre Dotclear, et son forum avec les explications du pourquoi des trois menus qui paraissent si inutile et qu’on ne sais pas comment enlever pour avoir enfin un thème au look moderne, je n’avais jamais entendus parler -ou si peu au passage du news- de l’accessibilité. J’ai lut quelques bouquins genres faire un site pour les nuls, même un petit stage de 3 semaines sur la création de site (en pur html à l’époque !), et jamais on ne m’a causer de cela…
Mais bon, quand on voit que simplement dans une gare comme celle de ma villes, cela fait juste 30 ans que les handicapés demande un accès au quai avec fauteuil roulant, je ne suis pas plus étonné que cela…
L’accessibilité ? pourquoi faire ? quand la plupart des internautes ne savent même pas que les aveugles peuvent surfer…
Prouve à une entreprise que c’est son intérêt, financier si possible, ou du moins pour son image, et il prendront ton accessibilité…
Je ne sais même pas avec quels outils on peut surfer, je ne sais pas naviguer uniquement au clavier, et je me demande est ce que simplement un site public comme le pole emploi est accessible?
Je crois simplement qu’une partie de la réponse à ta question est que les gens, les décideurs, les créateurs, les commerciaux n’en n’ont rien à faire, puisqu’il ne sont pas concerné, et bien souvent ne savent même pas…
Les handicapés ne sont pas vraiment une part de marché, alors…
Mmmh. Tu sais, on en est tous là. (et je n’exagère même pas). C’est souvent salutaire, d’une façon perverse trop longue à expliquer ici ; on en recausera devant un verre à l’occasion.