Avertissement : il est fort probable que ce billet n’intéresse pas grand monde parmi mes lecteurs et c’est tout l’intérêt d’un blog, j’y fais ce que je veux. Un p’tit café ?

En ce moment je suis une formation longue d’expert accessibilité des sites web chez Temesis. Il y a des choses qu’on apprend, des choses qu’on discute et des choses qui s’inscrivent en arrière-plan dans mon esprit, que je n’ai pas encore laissé décanter, pas encore trié. C’est ce qui explique l’aspect foutraque de la présente note, sur laquelle je veux pouvoir revenir.

Audits. Eclaircir le terme. Audit et évaluation peuvent être très différents. « Audit », tel qu’employé systématiquement, trop fourre-tout ; va de l’évaluation bien/pabien avec des pourcentages de ceci-cela (cas de la conformité formelle à un référentiel par exemple ou l’obtention d’un label) à la pose de la première pierre d’un socle de travail (évangélisation, correction, montée en compétences internes, ou que sais-je encore).

Personnel. Je commence à percevoir mon « profil » : si cela m’a plutôt amusée au début, je n’aime finalement pas tellement dérouler les tests, m’interroger sur le verdict que je vais poser sur tel ou tel critère. Je veux accompagner, expliquer, convaincre, organiser. Croisements avec mes autres investissements personnels : mes premières contributions à Dotclear c’était pour expliquer, aider les autres à passer le gué là où j’avais moi-même achopé.

Pour qui, pour quoi ? Se poser la question du commanditaire et les objectifs pour déterminer la forme de l’audit (échantillonnage exhaustif, survol d’un grand nombre de pages, pages cruciales ?). Me semble (pour l’instant en tout cas) plus important que savoir si c’est pour un site ou cent (site vs. parc). Si le client n’est pas le faiseur, veut-il évaluer le travail accompli par l’autre (un prestataire ou encore un autre service interne) ou veut-il être en mesure de passer commande de correctifs (ou contrôler les propositions de correctifs) sans se reposer sur la simple consigne « vous devrez être conformes gnagnagna » ?

Personnel . Je dois monter mon niveau technique, au moins assez pour comprendre les technos employées, même si je ne suis pas capable de les mettre en place finement. Trop souvent larguée dès qu’on sort de html/css, déstabilisée, symptome de l’imposteur, du mal à remonter la pente et me remettre dans le bain de la formation.

Pertinence. Il me semble difficile de pouvoir espérer des sites accessibles tant qu’on parlera d’accessibilité comme si c’était un sujet détaché, le truc en plus de M. Finger Bahlsen. Expérience Dotclear encore : du code propre, des bonnes pratiques, le souci de l’utilisateur final et l’ergonomie, on est déjà presque dans les clous. Dès qu’on dit « accessibilité » on crée un sujet nouveau, à contrôler séparément, on lui donne de fait un statut d’a-normalité (voire de surqualité ?). Entendu le responsable d’une boîte nous dire qu’une demande de site accessible créerait une facturation plus élevée ; pas normal, y réfléchir encore.

Faire entrer l’accessibilité dans les processus normaux, la compétence courante, la banalité. Automatismes : une balise image c’est pas <img /> c’est <img alt=”blabla-ou-vide” />. Considérer que la page doit être navigable au clavier comme à la souris, sans évoquer la notion de handicap, mais tout bêtement parce qu’on ne sait pas plus comment le visiteur va se balader dans notre site qu’on ne sait quel navigateur il utilise (et le reste à l’avenant). N’avoir à prévoir la surcouche d’expertise que pour des mises en place de trucs délicats.

Audit. J’y reviens. Ni le même échantillon ni la même méthode ni le même rapport si ça doit servir en interne à une équipe qui veut monter son site en accessibilité, ou à ceux qui doivent s’y résoudre par pression légale ou hiérarchique, ou à ceux qui sont des sous-traitants qui ne feront pas plus que ce qu’on leur commande. Les premiers iront chercher dans les autres pages une erreur signalée à un endroit, un survol de plusieurs pages est suffisant ; les deuxièmes ne veulent que ne pas se faire engueuler : échantillonner xx pages à fond, ils font les correctifs, on vérifie de nouveau, ils sont contents ; pour les troisièmes probablement le plus gros échantillon pour être sûr de ne pas laisser d’angle mort.

Pour tous, ne jamais faire l’impasse des critères qui se discutent et expliquer en quoi ils auraient pu subir le verdict inverse et pourquoi on a tranché comme ça. Le faire au moment où on vous oppose(ra) que quelqu’un a dit le contraire, ça ressemblera à de la justification -> position de faiblesse, perte de crédibilité.