(Et ça ne sera même pas hors sujet par rapport au billet précédent, enfin pas trop.)

Bien sûr, le féminisme se heurte – comme toutes les autres revendications d’égalité – à devoir argumenter sans cesse sa justification, son intrusion dans la conversation (j’allais dire : de grandes personnes). Nous sommes priés d’attendre que des problème plus graves, plus urgents, plus nobles soient réglés avant d’être autorisés à emmerder le monde. On va s’occuper de vous mais il faut d’abord libérer la classe ouvrière, régler la faim dans le monde, lutter contre la finance… promouvoir le logiciel libre.

Le logiciel libre. Quelles folles furieuses viendraient mettre en danger une si belle cause en remuant la poussière sous le tapis ? Est-ce notre faute à nous s’il y a si peu de femmes qui codent, si peu de femmes qui ont envie d’animer, créer ou diriger des projets libres ?

On se dit les choses franchement ? Oui. Oui, c’est aussi un peu notre faute à tous, les « militants » du libre et du web pour tous, de ne pas chercher à faire mieux que la moyenne sur ce terrain-là, de n’avoir à répondre que « il y a pire ailleurs » ou « rho, tu exagères ». Il ne serait pas inutile de tenter de comprendre ce qui rend une communauté plus ou moins accueillante pour les femmes et de s’appuyer sur cette analyse pour travailler à notre échelle à rendre le monde plus équitable, plus juste, plus… ouvert.

Dotclear n’a pas de démarche féministe énoncée comme telle, pas de règles écrites ni même orales définissant une volonté égalitariste, mais il y a pourtant un faisceau de petits détails qui convergent en ce sens. C’est ce qui contribue pour une bonne part à ce que je m’y sente à l’aise. Au sein même de l’équipe qui fait vivre Dotclear aujourd’hui, on compte une femme co-dictatrice, une autre co-lead de dev et trois co-mmunity manageresses. En forme de plaisanterie, nous envisagions Anne-So, Ève et moi de proposer une conférence « Dotclear est-il un projet féministe ? » au Capitole du libre (ou en tout cas feminist compliant). Qui sait si un jour où l’autre nous ne le ferons pas vraiment ?

En attendant nous fêtons aujourd’hui le dixième anniversaire du jour où Olivier a offert tout premier zip de Dotclear au téléchargement et m’a offert du même coup une solide bande de caractériels d’amis, une cyberjumelle, un gars qui m’a à la bonne et une bien chouette sortie de placard assortie d’une conversion professionnelle au sein de ma Vénérable Entreprise.

Bonne anniversaire Dotclear ![1]