Comme le savent ceux qui me suivent sur Twitter, je surveille attentivement la situation aux États-Unis depuis l’élection de Trump. L’espoir qu’il soit battu aux prochaines élections — dans trois petites semaines — est grand et pas déraisonnable. Les démocrates progressent y compris dans des fiefs jusque là républicains comme le Texas ou la Floride. Mais cet espoir est terni par les risques réels qui subsistent, même avec la « confortable » marge de 10 à 15 points donnée par les instituts de sondage, y compris État par État.

Dans de nombreux États tenus par des républicains, tout est fait pour empêcher électeurs des villes ou quartiers à forte majorité POC (persons of color) de voter : suppression du droit de vote sous des prétextes fallacieux, invalidation de bulletins, collecte des votes par correspondance non faits, horaires d’ouverture des bureaux de vote incompatible avec les horaires des gens qui travaillent, réduction du nombre de bureaux de vote…

L’appel de Trump à sa base de « protéger » le vote. Autrement dit d’intimider les électeurs en se rendant armés à proximité des bureaux, voire à l’intérieur de ceux-ci.

La fabrication d’affaires à quelques jours du vote, comme la fameuse histoire du serveur de mails privé d’Hillary Clinton en 2016, montée en épingle avec la collaboration consciente ou inconsciente des médias.

Les nombreuses déclarations de Trump faisant état d’un vote qui serait truqué par les démocrates, notamment les votes par correspondance, pour semer le doute sur le résultat s’il lui était défavorable. Compte tenu de la pandémie, un très grand nombre ont choisi de ne pas se rendre en personne dans les bureaux de vote le 3 novembre et ont choisi soit le vote par correspondance soit le vote anticipé. Ceux qui ont fait ce choix sont ceux qui reconnaissent le plus les dangers de la Covid, donc les électeurs démocrates (la différence de perception du danger selon l’affiliation politique est impressionnante). Il y a un risque réel que Trump se déclare élu sur la seule base des résultats des urnes au 3 novembre alors qu’il restera un très grand nombre de bulletins non dépouillés — dans certains États les bulletins par correspondance ne sont dépouillés qu’après le jour du scrutin.

Le résultat en faveur de Biden et Harris serait-il patent, même sur la seule base des votes en personne, nul ne sait ce qui pourrait se passer si Trump ne leur concède pas la victoire. Dans un pays où le port d’armes et les cinglés d’extrême-droite sont florissants, il y a un risque réel de guerre civile ou à tout le moins d’attentats fascistes. Il y a quelques jours le FBI a arrêté 13 hommes qui fomentaient l’enlèvement, le « jugement » et l’exécution d’une gouverneure qui avait rendu le port du masque obligatoire. Les services secrets américains alertent en vain depuis plusieurs années : le risque terroriste majeur aux États-Unis est interne et vient des suprémacistes blancs.

Et pour couronner le tout, quel que soit le résultat en novembre, la passation des pouvoirs n’intervient qu’en janvier. Ce que les républicains pourraient faire dans l’intervalle — Trump en premier lieu — en termes de politique de la terre brûlée est très inquiétant.

Ce qui se passe aux États-Unis a des implications directes pour toute la planète. Nous n’y sommes pas électeurs, il n’y a rien que nous puissions faire. Que nourrir l’espoir.


Participation à Iwak.