Je rencontre sur le quai du métro une vacataire avec laquelle j'échangeais souvent quelques mots à la cafeteria. C'est son dernier jour de contrat. Demain elle part en vacances. A la rentrée un nouvel emploi. Elle est jeune, mais ce n'est pas une gamine, 27, 28 ans peut-être.

On s'installe l'une en face de l'autre dans le wagon. On parle de La Rochelle où elle se rend et « où [elle] espère rencontrer un mec parce que ça fait un an qu'[elle] n'a personne. » Que je ne peux pas comprendre, j'ai des gamins, tout ça. Je lui dis que si, que depuis la séparation d'avec le père de mes gamins, en dehors d'une vague rencontre dont la lumière n'atteignit pas la moitié de celle des porte-clés-lampe-de-poche qu'on réalise en cours de techno je suis seule depuis trois ans.

« Oui, mais toi tu t'en fous, tu es vieille maintenant. »

Le rire qui s'apprêtait à fuser de ma gorge s'arrête en chemin quand je croise son regard. Elle ne plaisante pas. L'arrivée providentielle à la station de métro suivante me permet un « oh, c'est ma station » qui me propulse sur le quai où j'attends le métro suivant. Je ne lui ai pas donné la gifle qu'elle méritait.

La colère ne m'a pas quittée depuis. Ou autre chose.